Première visite

Depuis quelques temps, Satsu réfléchissait intensément à quelque chose qu’on lui avait appris à l’académie : les Disciplines. Les ninjas ne faisaient pas que leur métier de shinobis, ils étaient aussi réputés car ils savaient se diversifier. Pour elle, qui n’avait jamais juré que par la musique, c’était une sorte de découverte. Une vraie épreuve. Elle ne savait tout simplement rien faire d’autre ! Si on excluait les bases du ninjutsu, et un début de Fuinjutsu, tout son savoir-faire tournait autour de la musique et des instruments musicaux. Du coup, elle avait réellement envie de découvrir de nouvelles choses. C’était pour élaborer la mélodie de l’âme qu’elle avait choisi la voie du ninja, mais aussi parce que c’était une voie différente de tous les autres membres du clan qui, eux, ne l’avaient jamais découverte. Quitte à faire les choses différemment et à voir du pays, elle voulait le faire mieux que son père. Et se diversifier un peu était peut-être la solution pour débloquer une mélodie supérieure, qui était à la fois de la musique, mais aussi autre chose.

Elle avait passé la soirée à relire ses cours sur les disciplines, et à s’arracher les cheveux pour tenter de fixer son choix sur l’une d’entre elles. Ce qui était réellement difficile pour elle, c’était qu’elle n’avait de prédisposition pour aucune d’entre elles.
Néanmoins, elle put en exclure immédiatement quelques-unes. Comme les Bourreaux par exemple : c’était une vraie petite peste, mais pas au point de prendre du plaisir à faire souffrir des gens. Cette discipline était tout simplement atroce et hors de question. Ensuite la diplomatie : elle était trop sanguine pour rester des heures à discuter autour d’une table à échanger des mots. Ce n’était pas son mode d’expression favori, en plus. La science aussi : il fallait des bases solides pour elle, qu’elle ne possédait pas. Et elle ne se voyait pas ingurgiter des manuels ou des cours pour rattraper son retard. D’ailleurs, à part les sciences naturelles, elle n’avait jamais été particulièrement douée dans aucun cours concernant la science à l’académie.
Enquêteur ne l’intéressait simplement pas. Tout comme l’espionnage. Ou encore la défense, qui demandait d’être casanier, ce qu’elle ne désirait justement pas du tout. Au contraire, la traque était une première piste intéressante : les traqueurs voyaient beaucoup d’endroits différents et voyageaient. Seulement, c’étaient également des as du combat. Et pour ça, elle était encore trop juste. Et elle ne serait jamais une grande combattante, en tous cas pas comme la Traque l’exigeait. La stratégie était intéressante, mais demandait beaucoup de théorie avant d’être appliquée. Et puis c’était un coup à se faire des nœuds au cerveau.

Finalement, son choix se bloqua en premier lieu sur la Discipline Apothicaire. Elle était surtout très curieuse, mais ça rejoignait ce qu’elle voulait. Sciences naturelles, déjà, les seules où elle avait des notes correctes. Et en plus, c’était plus leur côté pratique. Le contact avec la nature, des mélanges expérimentaux, ce genre de choses. Et puis, il fallait de l’imagination, et ça, elle en avait à revendre. Et enfin, la réputation loufoque des apothicaires était intéressante. Elle ne croiserait sûrement pas son quota de beaux gosses là-bas, mais bon.
Ses invocations étaient d’ailleurs très proches de la nature, en soi. Elles étaient un mélange de féérie et de rapport à la nature. Notamment aux végétaux. Du coup, ça semblait parfaitement coller aux totoros. Et s’ils l’avaient choisi … peut-être qu’elle avait un certain talent pour ça ?
Après avoir pris quelques renseignements, elle se mit donc en route pour Kahari. Le quartier général des apothicaires y était situé.

Elle avait pensé que le trajet serait long. Mais curieusement, une jeune ninjette se faisait facilement prendre en stop. Les ninjas avaient plutôt bonne réputation, étant un peu les protecteurs d’un peu tout le monde. Et donc, de charrette en convoi, elle finit par arriver à destination.

Satsu s’était attendu à ce que les bâtiments des Disciplines soient grandioses et impressionnants, austères aussi. Et c’était peut-être le cas pour la plupart d’entre elles. Mais celui des apothicaires montrait une façade différente. Situé juste à côté de la forêt, déjà, ce qui n’était pas commun, c’était plutôt une sorte d’immense chalet. Et oui, c’était un bâtiment de discipline entièrement en bois. A plusieurs en droit, quand elle fit le tour du regard, la Yashara nota des pans de murs ouverts sur l’extérieur. Parfois par de grandes baies vitrées, parfois complètement à l’air libre sous la forme de grands balcons. Sur chacune de ses ouvertures, qui devenaient des plateformes à peine surélevées, des plants étaient disposés. Toutes sortes de fleurs et d’autres végétaux, et même de petits arbres. Certains qu’elle n’avait d’ailleurs jamais vus … Etaient-ils exotiques ? Ou plus simplement, était-ce des sortes d’espèces mutantes ou nouvelles, que les apothicaires faisaient pousser eux-mêmes ? Sans doute un peu des deux.
Elle reconnut quand même certaines espèces évidentes pour tout le monde, comme des tulipes, et même un parterre de roses. Outre ces fleurs-là, sa connaissance du monde végétal était si mince qu’elle ne pouvait pas trop juger. Mais en tous cas elles avaient l’air étrange.
Près de la demeure, aux abords de la forêt, plusieurs carrés d’herbe étaient délimités par des bandes qui interdisaient le passage dans ces mêmes carrés. Est-ce que quelque chose allait bientôt commencer à pousser ? Ou alors peut-être que l’herbe en elle-même était spéciale ?

** Ca me rappelle cette histoire qu’ils m’ont racontée dans la vallée féérique. Sur cette herbe qui permet, en soufflant dessus, de l’entortiller pour quelle forme une figure géométrique. Un polygone, dont le nombre de côtés est censé représenter le nombre de facettes d’un cœur humain. Ainsi, si la brindille reste droite, on sait qu’on est en harmonie avec soi-même. Si elle se coupe en deux, on a deux facettes. Et si elle se courbe en un polygone, c’est qu’on en a plus, et que le doute est en train de nous détruire, doucement ou pas. Je me demande si ce genre d’herbes magiques pourrait m’être utiles en devenant apothicaire ? Peut-être que je pourrais mettre tout ça en avant si je décide de faire partie de cette discipline ? **

Satsu se décida finalement à pousser la porte d’entrée du chalet. Enfin, pouvait-elle finalement appeler ça un chalet ? C’était plus un manoir en bois. C’était tellement grand pour une construction en bois … Du Mokuton ? En tous cas, elle n’avait jamais vu un aussi grand bâtiment en bois qui tiendrait debout.

L’intérieur était assez étonnant. Pas vraiment de plantes dans le hall d’accueil. Et pas grand monde. C’était très épuré, en fait. Juste quelques portraits de personnes qui avaient l’air hautes en couleur, exposées sur les murs.
Satsu s’approcha de quelques-unes d’entre elles pour essayer de voir une légende à lire. Rien du tout, c’étaient juste des peintures de bustes. Dommage. Ca aurait pu lui donner quelques axes de recherche. En tous cas, si c’étaient les grands apothicaires de l’histoire, ils étaient tous très atypiques. Etait-elle vraiment faite pour ça ? Elle commençait à se le demander, quand elle voyait cette collection de types louches. Et les femmes n’étaient pas vraiment mieux. Il y en avait même une qui était déguisée en homme. A moins que ce ne soit un homme déguisé en femme ? Elle avait toujours trouvé ça ridicule. Enfin, son manque de tolérance vis-à-vis de la laideur ne voulait pas dire qu’elle n’arrivait pas à concevoir qu’un travesti puisse être doué. Evidemment, elle n’était pas non plus fermée d’esprit à ce point-là.
Elle réalisa bientôt qu’une femme, derrière un petit bureau, observait son petit manège sans rien dire. C'était la seule personne qui était dans ce hall calme, mise à part elle. Une sorte d’hôtesse d’accueil ? Ou une secrétaire ? En tous cas, ça, ça ressemblait d’avantage à un bâtiment administratif. Satsu s’approcha de son bureau.

« Bonjour. »

Que dire ? Qu’elle venait pour devenir apothicaire ? C’était un mensonge. Elle était intéressée, mais n’était pas encore sûre pour le moment. Mieux valait tout simplement dire les choses telles qu’elles étaient.

« Je viens pour me renseigner sur la discipline apothicaire. Je suis devenue Genin il n’y a pas si longtemps, et je n’ai entendu parler des disciplines qu’à l’académie. J’ai envie de découvrir quelque chose de nouveau et … Eh bien, apothicaire est la discipline qui m’intéresse le plus. Du coup, je venais pour tenter de trouver quelqu’un qui pourrait m’en parler un peu plus. Ils ne nous disent pas grand-chose pendant les cours. Et les bouquins sont très évasifs sur les Disciplines, en général. Du coup j’ai du mal à vraiment me décider. »

Elle espérait juste qu’il ne fallait pas avoir une détermination à toute épreuve dès sa première visite, sinon elle serait recalée. Même si elle avait de bons à-priori sur cette Discipline, elle n’était vraiment pas encore sûre d’être faite pour elle.

Très curieux de voir à qui elle parlait, Kou sortit de la poche de sa veste pour venir s'installer sur son épaule. L'adorable boule de poils fixait intensément la réceptionniste, l'air de pouvoir comprendre ce qu'elle s'apprêtait à dire ...

Ce n'était pas rare de voir un étranger de la discipline se pointer dans ce bâtiment. A vrai dire ça arrivait tout les jours mais cette petite avait une demande un peu spéciale. Normalement on venait passer commande auprès de Nadira, une femme dans la quarantaine au cheveux brun lui tombant juste au-dessus des épaules. Elle passa sa langue sur ses lèvres avant de répondre, semblant chercher ses mots.

« Bonjour. Je vois que vous prenez très à coeur le choix de votre discipline, c'est une très bonne chose. La plupart du temps les shinobis ne font que se renseigner à distance. Attendez-moi ici quelque instant je vais vous chercher quelqu'un de plus compétant afin de pouvoir vous guider dans votre choix si vous désirez ou non suivre cette voie. »

Après tout elle n'était là que pour accueillir les gens. Guider dans la partie du bâtiment disponible à tout le monde, c'est à dire une infime partie de celui-ci, ou encore à prendre les commandes et les donner à qui il le fallait. Elle avait une idée de qui allait trouver, après tout il était important de trouver dégoter quelqu'un qui pourrait la convaincre de suivre cette voie. Il était hors de question de cracher sur une potentielle recrue.

Nadara contourna son bureau et se dirigea dans un couloir revenant à peine quelques minutes plus tard. Pourtant elle n'était suivie de personne.

« Voilà mademoiselle, vous pouvez attendre sur ce siège là-bas. Eno va venir vous occuper de vous. Il peut paraître un peu étrange aux premiers abords mais je vous assure que c'est un homme au coeur sur la main. »

Elle décocha un large sourire avant de retourner à ses occupations. Griffonnant dans un livret, celui-ci semblait être déjà bien rempli. Sûrement des commandes vu qu'elle collait sur des paquets des étiquettes portants différent noms.

Au bout d'à peine cinq minutes un vieil homme bedonnant sorti du même couloir qu'avait emprunté Nadira. Sa barbe grise pendait le long de son torse, des sourcils épais lui donnant un air sympathique accentué par ce sourire éternel qu'il portait. Il avait dans ses mains trois tasses en porcelaine blanche décorée d'une petite grue stylisée. Il se dirigea immédiatement vers la réceptionniste lui déposant une tasse sur son bureau.

« Il est important de bien boire Nadira surtout par une telle chaleur. »

« Merci beaucoup Eno. La jeune fille d'on je vous parlais se trouve sur le siège près de l'entrée. »

Pour toute réponse le vieil lui souri pour toute réponse et fit lentement volte face pour se rendre au-près de Satsu, s'asseyant à la place se trouvant à ses côtés. Il lui tendit immédiatement l'une des tasses.

« Bonjour jeune fille, fait juste attention c'est un peu chaud. Tu dois être cette fameuse genin fraîchement promue d'on m'a parler Nadira. Elle m'a dit que tu aimerais rejoindre notre discipline mais aussi que tu ne savais pas grand chose sur celle-ci. »

Il but une gorgée de sa propre tasse, une grimace dû à la chaleur trop élevée déforma son visage.

« Houaa ! Voilà que je ne tiens même pas compte de mes propre conseil ! J'aurais pas du tant me presser pour venir te trouver et le laisser encore reposer un peu, il n'en aurait été que meilleur.  » il souffla dans sa tasse « Tu as dit vouloir te renseigner pour savoir si tu désires réellement suivre cette voie. J'aimerais avant qu'on aille plus loin que tu m'expliques pourquoi tu désires te lancer dans cette discipline, ce que tu en connais également. »

Il but une petite gorgée cette fois, profitant de ce léger goût de miel tout droit importé du pays du Blé.

« Ha oui, au fait. Je me nomme Eno Kanara. » dit-il en tendant sa main libre tout en décochant un large sourire dévoilant ses dents légèrement jaunie par l'abus de thé.

D’habitude, Satsu n’aimait pas beaucoup la compagnie des vieilles personnes. Mais Eno dégageait quelque chose de singulier qui l’empêchait d’être désobligeante. Sa façon d’être reposait sur un faux rythme. Elle avait l’impression qu’il avait à la fois une cadence rapide et lente. Si elle devait écrire sa musique, elle serait duale. Et c’était quelque chose de suffisamment intéressant pour qu’elle lui témoigne toute son attention alors qu’il parlait. Plus que le respect qu’elle devait à quelqu’un de plus gradé, qui n’avait qu’une incidence minime sur son comportement.

Elle porta la tasse à sa bouche, et souffla quelques coups pour en refroidir la surface. La jeune Yashara manqua de s’étouffer à la première gorgée, de surprise. C’était drôlement bon. Elle regarda la tassé, une expression étonnée sur le visage. Elle ne raffolait pas de ce genre de boisson et avait prévu de boire juste par politesse, mais elle n’aurait pas à se forcer. C’était sucré, comme du miel, et pourtant très léger, pas épais du tout. Il y avait pas mal de saveurs différentes, mais l’harmonie était certaine. C’était lui qui l’avait préparé ? Satsu lui jeta un œil interrogateur, et un peu plus curieux. Elle était plutôt une personne auditive que gustative, mais elle était forcée de reconnaitre que c’était tout simplement excellent.
Cet homme n’était décidément pas banal. Quand il se présenta, elle retrouva la parole et s’empressa de faire de même en serrant la main tendue. L’énergie qui l’entourait n’était pas commune elle non plus, même si elle n’arrivait pas à dire en quoi exactement.

« Satsu Yashara. Vous êtes le chef de Discipline ? »

Cette question se basait sur la simple déduction qu’il était différent, et semblait être quelqu’un de très serein, voire confiant. D’expérience, les gens puissants avaient ce genre d’aura.
Sur son épaule, Kou gazouilla d’indignation.

« Kiou ! Kiou ! »

« Oh pardon. Voici Kou. C’est une invocation. »

Les petits cris du totoro s’arrêtèrent presque aussitôt. Il dormait la plupart du temps qu’il passait dans le monde des humains, mais quand il était réveillé, il n’aimait pas du tout qu’on l’ignore. Enfin, pour le moment, il y avait une petite foule de questions auxquelles Satsu devait répondre. Elle n’aimait pas beaucoup parler d’elle, mais elle aussi avait un certain goût pour le fait d’être le centre de l’attention.
En tous cas, la jeune fille n’avait pas trop le choix. Si elle ne disait rien, elle risquait simplement de ne pas avoir les réponses qu’elle souhaitait.

« En fait je ne sais pratiquement rien des disciplines en général. J’en ai lu des descriptions rapides, c’est tout. Celle d’apothicaire n’était d’ailleurs pas la plus populaire parmi mes camarades de l’académie et à l’époque, je ne posais pas beaucoup de questions sur cette facette de l’art ninja, donc je me retrouve avec très peu d’éléments. »

Son caprice récent de vouloir élargir ses horizons n’était après tout pas d’actualité au moment où elle avait fait ses études pour devenir ninja.

« Les membres de mon clan sont des musiciens, et moi aussi. Mais j’ai réalisé récemment que tout mon savoir, toutes mes compétences, tout ce que je savais faire, tournait autour de la musique. Et j’ai envie de découvrir quelque chose de nouveau. Pensez-vous, même mes techniques ninjas sont liées à ma musique ! J’ai besoin de faire autre chose, de me diversifier. Et j’ai pensé aux disciplines. Mais je me suis vite rendu compte en relisant mes cours et en me renseignant : je n’ai rien de ce qu’il faut pour aucune discipline. Mais vraiment aucune. »

Satsu avait du mal à l’admettre, mais elle l’assumait quand même. C’était ce qu’elle était : une musicienne, un prodige un instrument en mains. Et rien du tout lorsqu’elle le lâchait. A quoi bon le cacher, puisqu’elle venait justement pour changer ça ? Elle se mordit la lèvre, pour s’arrêter là, inutile qu’elle se descende en flammes non plus. Puis elle reprit.

« Si j’ai choisi l’apothicaire ce n’est pas par défaut cependant. Ou parce que je pensais que c’était plus simple ou quoi que ce soit dans ce genre-là. Je sais juste que les invocations d’un ninja, bien souvent, lui sont très intimement liées. Que ce sont elles qui nous choisissent. Et la famille de Kou a un lien très fort avec la nature qui nous entoure. J’ai la conviction que s’ils m’ont choisis c’est parce que mon destin est de suivre moi aussi cette voie. Que j’ai beaucoup à apprendre sur moi-même en poursuivant cette voie. Et devenir apothicaire est la discipline qui me le permettra, j’en suis sûre. En plus d’un point de vue pratique, la vallée féérique où habite la famille de Kou a beaucoup d’herbes magiques qui me seront très utiles pour cette Discipline. J’ai donc, peut-être, quelque chose de bien à lui apporter moi aussi. »

Kou approuva d’un gazouillement sonore. Il sauta de son épaule jusque dans le creux de ses mains, et se laissa déposer sur les genoux de la jeune fille. Là, il entreprit de se trouver une position confortable et de ronfler tout doucement.

« Mais je suis une parfaite débutante. Donc je voulais déjà venir demander ce qu’il faut pour le devenir. Je veux apprendre, même si je pars de pratiquement rien. Au début, quand j’étais toute petite, j’ai appris la musique à partir de rien aussi. Il faut toujours se lancer, commencer, de pas grand-chose, pour pouvoir se développer. Voilà pourquoi j’avais envie que quelqu’un me parle de ce qu’est réellement l’apothicaire : afin que je puisse fixer définitivement ce choix, et savoir si j’étais vraiment déterminée à le devenir. »

Voilà, Satsu avait fait le tour du sujet. Elle avait déballé le tout assez facilement. Mais il fallait croire qu’elle était en confiance. L’adolescente n’avait jamais connu ses grands-parents donc elle avait du mal à faire confiance à ceux qu’elle rangeait dans la case des ‘vieux fous’. Pourtant, Eno était différent. Elle sentait qu’elle pouvait respecter cet homme et qu’on pouvait lui faire confiance.

Eno fut pris d'un rire gras, rien de méchant plutôt joyeux, on s'entait que ça venait du coeur et qu'il s’amusait réellement de la situation et non de la personne. Il passa à plusieurs fois sa main libre sur son estomac avant de reprendre son sérieux, il avait tout de même la larme à l'oeil.

« Excuses moi pour cette réaction mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Je suis désolé de te décevoir Satsu-han mais non je ne suis pas le chef de cette discipline. Mais je n'en reste pas moins une personne compétente. A vrai dire c'est souvent à moi que l'on demande de s'occuper des plausibles nouvelles recrues. Je ne sais pas réellement pourquoi, peut-être à cause de ma bonne humeur. Ou grâce plus-tôt. » Il souri de nouveau et encore plus en voyant la petite boule de poile se donner en spectacle sur l’épaule de la jeune fille « Hohoho, je suis réellement navré Kou-han je ne t'avais pas remarqué. C'est un magnifique Kuyochiose que tu as là Satsu-han. » le vieil homme fouilla dans l'une de ses poches et en sorti un dès à coudre de bonne taille, après tout il fallait qu'il puisse y introduire ses doigts boudinés, il plongea l'objet dans son bol après avoir soufflé dessus histoire d'être certain qu'il était propre et l'essuya sur sa tunique avant de le tendre vers le petit Kou « Si j'avais su que nous serions trois et non deux dès le départ je t'aurais préparé une petite tasse jeune ami. »

Le vieil homme sourit une nouvelle fois écoutant avec attention ce que Satsu lui disait. Pour lui il était primordiale de bien comprendre une personne afin de définir si oui ou non cette discipline était faite pour lui. Ce n'était pas la première fois qu'on venait le trouver pour des renseignement bien que la plupart du temps ça se déroulait chez lui autour d'une bonne tasse de thé. Pas tellement différent d'ici à vrai dire. D'ailleurs c'était peut-être mieux ainsi, il était en mesure de lui montrer quelques cocotions qui traînaient.

Il restait pensif tout en buvant de temps en temps un peu de thé, écoutant avec attention chacune des paroles de la jeune fille.

« Je vois que ça reste tout de même une décision qui n'est pas prise à la légère. Tu as raison de dire que Kuyochioses nous choisissent mais cependant ce n'est malheureusement pas toujours le cas mais ce n'est pas le sujet de discussion que nous abordons là. »

Il se leva doucement tout en faisant signe à la jeune fille de le suivre.

« Je te trouve bien dure envers toi-même. Sache que personne n'a réellement de prérequis pour une discipline. Avoir des connaissances avant de s'y lancer est bien sûr utile mais pas indispensable et surtout pas un frein au choix. Ce n'est pas parce que quelqu'un est doué pour se camoufler qu'il doit se sentir obligé de se diriger vers les espions. » il marqua une pause dans sa marche se tournant vers la jeune fille « Une discipline ne se choisi pas elle vient à nous. Ce n'est pas réellement un choix mais plus quelque chose qui découle de nous. Comme tu le dis tu as un certain rapprochement vis-à-vis de la nature de par tes amis. » il gratifia la petite boule de poile d'une caresse du bout des doigts tout en reprenant sa marche « Et puis il n'y a pas que ça. Si tu devais seulement obéir à tes compétences de musicienne tu ne serais pas ici aujourd'hui. C'est ce que me dis en tout cas le symbole dans ton dos. Je ne rate jamais un concert de ta famille, votre musique est si douce à l'oreille, si merveilleuse ... Si tu avais écouté ce d'on tu es capable tu serais aujourd'hui sur une scène à émerveille l'ouïe des gens. Pourtant ce que je vois ce n'est pas qu'une musicienne, je vois surtout une jeune fille désirant être autre chose que ce qu'on aurait pu lui imposer. Tu as trouvé un compromis dans ton art, le portant à une nouvelle forme. Il n'est pas que beau il est également utile. Pas que la musique ne l'est pas, mais elle l'est de façon impalpable et instantanée ... D'ailleurs tu te contredis sur un point. Il n'est nullement question de destin Satsu-han. S'il avait une place dans ta vie comme je te l'ais dit ta place serait sur une scène. Oui tes amis te donnent un avantage certain comme tu le soulèves et une raison de penser que l'apothicaire est ta voie. Choisir une discipline parce que l'on s'en sent obligé c'est se tirer un shuriken dans le pied. Comment veux-tu pouvoir évoluer convenablement dans quelque chose qui ne te convient peut-être pas ? »

Il passa une porte menant à une petite réserve, elle contenait pas mal de paquet tous emballé et étiqueté d'un numéro. Celui-ci indiquait la commande. Il en attrapa après avoir inspecté quelques paquets.

« Ce qu'il faut pour devenir apothicaire ... Pas grand-chose à vrai dire Satsu-han. » il but une nouvelle gorgée de son thé, lui décochant un large sourire « Je pense que tu possèdes déjà la curiosité nécessaire pour pratiquer cette discipline. Après tout tu es venue jusqu'ici et non demandé à un quelconque shinobi. C'est déjà une grande marque d'intérêt que de faire le chemin de Taki jusqu'ici. Après tout ce n'est pas la porte à côté. Et comme tu l'as dit, apprendre se fait à partir de rien, il ne faut pas avoir une base pour pouvoir se lancer dans quelque chose. Sinon personne ne serait quoi que ce soit. On ne vient pas au monde maçon on le devient en apprenant. Et plus on le pratique meilleur on l'est. C'est ce qui t’arrivera pour chaque chose que tu feras et continueras avec envie. »

Eno déposa sa tasse sur une étagère et déchira le papier du paquet avant d'en sortir deux fioles.

« C'est moi-même qui ait confectionné cette commande. Tu me demandais ce qu'était réellement un apothicaire. Je n'ai pas de réponse à te donner. Comme tout ça dépend de ce que toi tu désires. » dit-il en avançant les deux fioles vers elle « Elles semblent communes, pratiquement identiques à la vue mais pourtant les effets sont totalement différents. On va partir sur une supposition car ce n'est pas le cas. Mais il pourrait très bien s'agir d'un breuvage te donnant des forces et un t'en retirant. L'apothicaire est un peu comme un shinobi dans ses choix, de façon bien moins contraignante et lourde de répercussion. Tu peux choisir de te lancer dans un art qui portera aide aux gens ou dans un autre qui les affaiblira. Tout comme dans ta carrière tu choisiras de faire le mal ou le bien, je ne te parle pas de nunkenins mais simplement de certaine personnes qui sont plutôt à la limite tels que les bourreaux. Mais il faut que tu gardes une chose en tête. Ce n'est pas parce que ce que tu fais n'est pas étique que l'on n'en a pas besoin. Pour reprendre l'exemple du bourreau par exemple, celui-ci est mal vu de tous, sadique et sans coeur c'est la façon d'on ils sont vu. Pourtant sans eux nous pourrions nous retrouver dans des situations délicates. Parfois une information est plus importante qu'autre chose. »

Quand Eno parlait des apothicaire il s’emballait facilement. Après tout, il avait baigné dans un semblant de cette branche durant toute sa vie ... Et même durant sa mort. Il reposa les deux fioles dans le paquet qu'il prit sous le bras et se dirigea vers la sortie de la réserve sans oublier sa tasse.

« Ce que tu feras en tant qu'apothicaire, si jamais tu choisis cette voie, ne dépendra que de toi jeune fille. J'espère avoir suffisamment éclairé ta lentairne ... Si jamais tu as encore des questions des hésitations ou si tu désires voir quelque chose que je suis en mesure de te montrer n'hésite surtout pas. »

Il dépossa le paquet sur le bureau de Nadira tout en lui décochant un large sourire avant de reporter son attention vers la jeune fille.

« Je ne peux te montrer comment confectionner quelque chose qui a rapport à la discipline mais si tu le désires je peux te montrer comment faire l'un de mes savoureux thé. C'est une façon de faire très proche de l'apothicaire. Je serais heureux que tu m'assistes. Ca pourrait te donner une meilleure idée. »

Satsu fut carrément surprise de la réaction d’Eno à sa première question. Apparemment qu’elle l’ait confondue avec le chef de discipline était amusant. La personne qui s’occupait de la discipline devait être compétente, ou totalement extravagante, pour qu’il trouve si drôle d’être confondue avec. Mais ses oreilles, même si elles n’étaient pas encore aussi développées que celles de membres plus âgés de son clan, ne pouvaient pas la tromper. Enfin, elles ne pouvaient pas non plus totalement l’éclairer. Il n’empêchait que le rythme de cet homme était différent.
La jeune Yashara resta quelques instants perplexe, et surtout un peu vexée d’être laissée à l’écart de ce qu’il y avait d’hilarant dans ses paroles. Elle comprenait bien que ce n’était pas méchant, ni même moqueur, mais elle aurait bien voulu savoir qui était l’homme avec lequel elle avait confondu Eno. Or il ne lui avait même pas donné un frêle indice.
Pour se ‘venger’, elle ne démentit pas quand il affirma être à la hauteur. Elle n’avait pas du tout pensé le contraire, mais fit comme si c’était l’origine de sa question. C’était une bien maigre consolation, mais c’était toujours ça de pris.

Kou, lui, était bien content qu’on lui dise qu’il était magnifique. Qu’il était mignon était son quotidien, mais magnifique c’était autre chose. C’était plus près de le considérer comme ce qu’il était que comme ce qu’il avait l’air d’être. Du coup, forcément cela lui faisait plaisir. Par contre, il émit un petit son plaintif quand Eno parla d’une tasse. Satsu le reposa sur son épaule.

« Ca n’aurait pas été nécessaire : les très jeunes totoros n’ont pas de bouche. Ils émettent des sons, mais n’ont rien pour manger ou boire. Ils vivent toute leur enfance sur les énormes réserves que leur mère leur transmet avant leur naissance. C’est pour ça que leur gestation est longue de plusieurs années d’ailleurs. Trois ans : la même durée que celle pendant laquelle ils n’ont pas de bouche. Ni de pattes antérieures ou de nez d’ailleurs (elles stockent aussi de l’air en plus des nutriments). Enfin c’est ce que m’a expliqué son grand frère, et je ne crois pas qu’il se moquait de moi, ce n’est pas une famille de farceurs. En fait il était persuadé de ce qu’il disait. Après, les totoros sont des créatures féériques … Je ne suis pas certain que ce soit vrai du coup. ‘C’est magique’ est donc une explication bien plus ‘logique’ que la sienne. »

La Genin s’était détendue et avait déjà oublié ce qu’il s’était passé : elle adorait ses invocations, et parler d’elles était un bon moyen de détourner une conversation quand elle commençait à s’énerver ou à se vexer. Satsu s’en retrouvait instantanément plus calme et propice à dialoguer. Suffisamment pour écouter jusqu’au bout la longue tirade de son ainé en tous cas. Le fait qu’il parlait d’un domaine qu’elle ne maitrisait pas du tout aurait pu aider aussi : dès qu’on parlait de musique elle devenait un peu pédante. Et n’était jamais d’accord avec rien.
Aussi elle attribua la moitié des paroles et des conseils de l’homme, pourtant sages, à des allégations sans fondement. Et elle enregistra en revanche comme de sages conseils tous les autres. Difficile de faire le tri avec exactitude, mais toujours est-il qu’elle était partiellement perplexe, partiellement convaincue.
Enfin elle avait quand même retenu l’essentiel pour le cas présent : ce n’était pas parce qu’elle n’avait aucune connaissance en botanique ou en herboristerie qu’elle ne pouvait pas débuter comme apothicaire. Satsu ne savait pas trop si les disciplines acceptaient les complets débutants, et qu’ils ne le fassent pas n’aurait pas été illogique. Elle s’attendait même à une espèce de préformation dans un endroit plus civil.
Mais apparemment non, elle pouvait tout apprendre dès le début avec eux, ce qui dissipait un peu ses craintes de paraître trop inutile pour être acceptée.

Elle finit quand même par intervenir, d’une voix un peu lente, surtout au début. Elle réfléchissait au fur et à mesure qu’elle répondait.

« Ce que je veux, avant tout, c’est une discipline qui me permette d’explorer de nouveaux horizons par moi-même. Les missions ninjas nous envoient un peu n’importe où, mais avec des obligations contraignantes. J’imaginais qu’en plus de découvrir une branche nouvelle, les apothicaires me laisseraient voyager, simplement. Chercher de nouveaux ingrédients ou des recettes venues d’herboristes ou d’ermites qui attendent aux quatre coins du monde. J’ai aussi besoin de voyager de temps en temps pour mes propres objectifs … Alors c’est un peu bête, mais je veux aussi me servir de ma discipline pour voir du pays quand je souhaiterais m’éloigner des missions classiques. Et sans pour autant prendre des vacances. Enfin c’est peut-être une assez mauvaise raison en soi, mais la seule autre discipline qui me le permettrait vraiment c’est la Traque. Et honnêtement, je suis bien plus intéressée par l’étude du monde naturel et la fabrication de breuvages ou d’onguents … que par le fait de capturer ou tuer d’autres êtres vivants. »

Elle était bien d’accord que chacun avait son rôle à jouer dans la hiérarchie des ninjas. Dans chaque discipline, chaque branche, chaque clan, se cachait un rôle à part entière qui aidait au bon fonctionnement de leur système tout entier. Et tant que ce système oeuvrait pour le bien de l’empire, pour celui de la population, c’était qu’il était bon.
Seulement, cela n’empêchait pas qu’elle, elle était incapable de faire quelque chose comme traqueur ou bourreau. Si on lui demandait de torturer ou de tuer de sang-froid, elle n’y arriverait sans doute pas sans perdre quelque chose qu’elle souhaitait garder. Satsu comprenait bien que le métier de ninja exigerait peut-être un jour d’elle qu’elle tue, même par accident. Pour protéger un innocent, un équipier, ou pour préserver sa propre vie. Quand bien même elle ne pouvait pas faire ce genre de choses de façon systématique.
Et qui disait respect de la vie, disait aussi apothicaire. Après tout, ils travaillaient en collaboration avec la nature. Satsu n’ajouta cependant pas cet argument devant Eno : elle était du genre fière, elle n’avait pas envie d’avoir l’air d’être quelqu’un de mièvre ou de gentil. C’était surtout pour sa propre santé mentale qu’elle faisait ça après tout, ce n’était pas une fille sympa. Hors de question qu’elle dise un truc pareil du coup.

Eno proposa soudainement de l’aider à confectionner un thé, alors qu’elle s’apprêtait à simplement lui dire qu’elle était partante pour rentrer dans la discipline. Et lui demander comment faire. Prise de vitesse, elle décida simplement d’en profiter. La jeune Yashara choisi de ne rien dire pour le moment. Du coup, Satsu se contenta d’hocher la tête.

« Je veux bien, oui. »

Ils passèrent devant un parterre de plantes quand elle lui emboîta le pas, qui était sur un balcon grand ouvert. Elles étaient toutes colorées d’une manière différente.

« Ces fleurs me rappellent la vallée féérique. C’est peut-être juste parce que tout est différent là-bas, mais comme je ne les connais pas pour moi ça revient presque au même … Vous savez, les fleurs, les lianes, les arbres, là-bas on sent vraiment à quel point chaque organisme est pleinement vivant. Que tout être est à sa façon proche de nous. Et je l’ai vraiment compris quand j’ai joué de la musique dans la forêt féérique : elle s’est mise à danser. Et je ne rigole pas, elle s’est littéralement mise à danser. Je me demande si j’arriverais à faire danser les plantes de notre monde avec un peu d’entrainement. Et ce que ça pourrait changer … »

Ce n’était, au fond, qu’une pensée à voix haute, une réflexion en l’air.

Eno ne c'était pas attendu à un Kyuochiose ne possédant aucun système externe pour subvenir à ses besoins. Ca allait même jusqu'à la respiration de celui-ci. C'était très étrange et tellement passionnant comme principe.

« Voilà une bien étrange créature. Kou-han, tu es tout bonnement une bizarrerie de la nature mais dans le bon sens bien sûr ! » son sourire se fit encore un peu plus grand « Comme quoi, tu ne seras pas la seule a apprendre de cet échange Santsu-han. C'est en voyant des petits personnages comme toi Kou-han que je me rappelle à chaque fois à quel point Chikyuu est à mille lieux d'Onogoro. »

« Magique tu dis ? C'est plutôt étrange pour une shinobi de penser ce cette façon. Ou alors c'est ma vision à moi qui est totalement déformée. Ils sont peut-être féerique comme tu le dis mais est-ce que c'est réellement ''magique'' ? Après tout, je crois que par rapport aux personnes ne pratiquant pas les arts shinobis ça doit être plus ou moins la même façon de nous voir non ? Ou alors ils se disent c'est ''juste des jutsus'' ce qui reviens un peu au même. Mais je serais bien curieux de voir ce monde un jour. »

Rien qu'en pensant un jour mettre le pied dans un tel endroit, alors qu'il ne faisait que préparer des plans sur une comète, il devint encore un peu plus joviale.

Encore une fois le vieil homme écouta avec attention ce que lui disait la jeune fille. Il l'appréciait, elle avait une vision qui était plaisante et puis cette envie de voir le monde ... Il se voyait un peu en elle, tel qu'il était il y a des dizaines d'années. Cette fois-ci son sourire se fit un peu nostalgique mais toujours aussi accueillant.

« Je vois que tu sais ce que tu veux Satsu-han, c'est quelque chose de très important et pas toujours courant à ton âge. Et non ce n'est pas une mauvaise raison que tu abordes là. Il est vrai que la vision que l'on a souvent des apothicaires et celle de vieilles personnes cloîtrées dans leur laboratoires à mettre au point diverses substances. Et ce n'est pas une vision totalement fausse, c'est même vrai pour une grande partie de cette discipline. Mais nous avons aussi des gens comme toi, qui vont sur le terrain pour autre chose que chercher des plantes dans la forêt qui se trouve autour de nous. C'est peut-être ce qui nous manque le plus, des personnes prêtes à aller à l'autre bout du monde comme tu souhaites le faire. Des gens rapportant des savoirs qui nous seraient impossible à trouver ou il nous faudrait des années pour arriver à un résultat semblable. C'est une facette de cette discipline qui est malheureusement souvent mise de côté. Ton désire de découverte est tout ce qu'il y a de plus normale et qui pourrait apporter une grande aide en ces lieux. »

Eno marchait avec la jeune fille et son ami aux abords du bâtiment, il réfléchissait à ce qu'il pourrait confectionner comme thé en sa présence. Le choix ne fut pas bien difficile, il voulait lui faire un cadeau utile, un cadeau qui pourrait perdurer dans le temps. Pas indéfiniment mais suffisamment pour lui donner un coup de pouce dans ses débuts de genin.

« Je ne sais pas si c'est quelque chose de possible dans ce monde. Ou tout du moins sans l'aide du Mokuton mais c'est un beau but que tu as là. Notre faune est bien moins ''magique'' que celle de Chikyuu, surtout sur un territoire comme celui de la famille de Kou-han. Tout du moins c'est ce que j'en ai compris. Après, je ne sais pas réellement de quoi son capable ta famille, mise à part émerveiller les oreilles des spectateurs bien sûr. Et encore, le mot est bien mince pour les émotions que ta famille arrive à retranscrire dans la musique. C'est quelque chose de fascinant. Peut-être que tu serais en mesure d'arriver à un tel exploit. J'aime penser que la faune qui nous entoure, que ce soit végétale ou non, n'est pas aussi inerte qu'on aime le penser. Après tout, elle grandit et s'adapte comme nous non ? »

Le vieil homme sorti d'une de ses poches une petite serpe et des gants qu'il tendit à la jeune fille.

« J'aimerais que tu me trouves des orties, une fleur des lotus et un peu d'écorce de l'arbre là-bas. C'est les seuls ingrédient d'on nous aurons besoin pour l'instant. Ce n'est rien de complexe je te rassure Satsu-han, c'est juste pour te permettre de faire un premier pas dans cette discipline tout en ayant la possibilité de reculer si l'envie n'y est pas. »

Il n'y avait réellement rien de difficile dans ce qu'il demandait, sauf peut-être la fleur de lotus si la jeune fille ne possédait pas supade, elle aurait été obligée de plonger dans l'eau. Rien de complexe à vrai dire, plus ennuyant qu'autre chose. Alors qu'elle commençait ses recherches Eno continuait à parler.

« Dis-moi Satsu-han. D'où te viens cette envie de découverte du monde ? Tu as parlé d'objectifs qui te sont propre à toi. Est-ce trop en demander que d'en savoir un peu plus ? Je sais que la curiosité est un vilain défaut mais sans celle-ci le savoir ne peut être développé comme il le devrait. »

Spoiler:

Kou aimait beaucoup être le centre de l’attention, et il s’ébrouait joyeusement, poussant des cris sortis d’on ne savait où, tandis que le vieil homme le complimentait. Satsu était légèrement rouge, un peu gênée de l’exubérance de son invocation. Elle avait beau en avoir l’habitude, et en profiter quand c’étaient devant de jeunes personnes affriolantes, dès que c’était devant un supérieur hiérarchique, et encore plus pendant un entretien (car même si Eno était sympathique, ça en restait un), elle se disait qu’il en faisait un peu de trop.
Néanmoins elle reprit facilement contenance quand Eno s’étonna de l’entendre employer le terme ‘magique’ pour parler des totoros. C’était vraiment si étonnant ? Pour le coup, c’est une moue vraiment surprise qu’elle lui servit.

« Etrange … ? Je ne sais pas. C’est justement parce que je connais les arts ninjas que je vois les choses de cette façon. Je peux expliquer chacune de mes techniques, et je suis certaine que toutes celles que je ne peux pas expliquer, que les autres utilisent, ont leur explication. Mais pourtant, les totoros eux-mêmes n’expliquent pas leur propre magie ou celle de leur monde. C’est justement parce que c’est magique et que ça n’a aucun sens qu’on les a qualifiés de féériques. C’est peut-être juste que ce n’est pas rationnel pour nous, je vous l’accorde … Mais je préfère dire que c’est de la magie. Si je pouvais tout comprendre, je ne sais pas comment je me sentirais. Sans doute toute-puissante. Mais aussi très mal. C’est comme pour la musique : les plus belles mélodies ne se rationnalisent pas, elles se ressentent, et elles n’ont surtout pas d’explication. Ce qui importe, en fait, c’est précisément qu’elles n’en aient pas. »

Elle réalisait que ça n’avait probablement aucun sens, et elle ignorait si ce côté rêveur était une bonne chose. Mais c’était sorti tout seul : elle avait juste dit ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait. Ce n’était pas différent pour Satsu que de jouer : elle n’aimait pas jouer la mélodie de quelqu’un d’autre. Ce qu’elle préférait, c’était de s’emparer de la sienne et de la mettre au grand jour, de chercher chez l’autre cette même mélodie. Pour établir une sorte de connexion. C’était ainsi que ses parents lui avaient enseignés la musique, et pourtant, ils ne lui avaient jamais vraiment expliqué. Ca n’avait pas de sens : c’était magique.

D’un autre côté c’était peut-être aussi pour cette raison qu’elle voulait justement élargir ses horizons. Ayant baignée depuis toute petite dans un univers magique, et même en tant que ninja n’ayant pas vraiment réussi à en sortir, elle avait envie d’autre chose.

Qu’Eno lui affirme que sa soif de découverte était un plus potentiel lui arracha un sourire ravi. S’il était réceptif à ses ambitions encore maigres et maladroites, alors c’était qu’elle avait peut-être pour de bon le potentiel de réussir quelque chose en étant apothicaire.
Néanmoins, avant qu’elle ait pu chercher quoi que ce soit à renchérir, Eno lui demanda d’aller récupérer plusieurs ingrédients. Comme il le disait, ça n’avait rien de complexe. Mais Satsu était consciencieuse, et elle prenait déjà ça comme une forme de premier défi. Une manière de lui montrer qu’elle avait quand même un peu de bon sens.
Aussi, la jeune fille avisa aussitôt le petit étang qu’il lui avait désigné. Des fleurs de lotus flottaient, assez loin du bord. Satsu savait bien que pour un ninja expérimenté, ce ne serait pas grand-chose, mais elle était contente de pouvoir montrer qu’elle avait quelques ressources, même pour une bleue. Elle posa un premier pied sur l’eau, puis un second. Et marcha tranquillement vers les fleurs.


Il y en avait plusieurs. Vraiment désireuse de bien faire, Satsu perdit quelques secondes à les comparer. Elles avaient toutes l’air en bon état, et l’intérieur comme les pétales étaient identiques. De même couleur aussi. Comme elle ne voyait pas en quoi elles étaient différentes, la jeune fille choisi de considérer leur taille comme seule différence. Et pour ne pas se tromper, même si Eno n’en voulait qu’une, elle attrapa la plus petite et la plus grosse. Dans le doute, elle embarqua carrément les nénuphars avec : elle n’était pas certaine qu’il n’existe pas une technique particulièrement pour cueillir et préférait donc tout prendre avec elle, avouant son ignorance sur le sujet, mais en ne risquant pas de faire une boulette pour le coup.

Elle revint sur la rive et s’intéressa cette fois aux orties. Instinctivement, elle aurait voulu choisir les plus vertes. Kou, sur son épaule, sembla ressentir son désarroi, et il couina en s’agitant. Après avoir sursauté, Satsu le déposa sur le sol. La petite boule de poils passa de tige en tige, en mettant des petits coups de boule dans certaines. Satsu en aurait presque oublié qu’il avait toujours vécu dans la forêt avant de venir avec elle. Avec un sourire, elle attrapa les quelques tiges que lui désignait l’invocation. Encore une fois, elle arracha proprement toute la racine qu’elle pouvait en plus de la plante en elle-même.

Restait l’écorce … Satsu s’approcha des arbres qu’il avait désigné. Elle remarqua qu’ils n’avaient pas tous les mêmes feuilles dans les environs. Elle entreprit donc de dénicher un arbre qui avait l’air moins imposant, donc plus jeune, en se disant qu’il devait être plus vigoureux, et qui aurait les mêmes feuilles que celui désigné par le vieil homme. Puis elle arracha quelques morceaux de différentes tailles de son tronc.
Comme Kou ne protestait pas, elle se dit qu’elle devait avoir fait un bon choix. Après, le totoro était du genre capricieux. C’était aussi très possible qu’il n’ait juste pas envie de parler. La preuve, il finit par partir se pelotonner dans la poche de sa veste à peine quelques secondes plus tard.

Ne sachant pas trop si elle devait être fière d’elle ou pas, la jeune Yashara ramena son butin à Eno. Tout en le déposant près de lui, bien en vue, elle entreprit de répondre à sa question :

« Je n’ai aucun problème à parler de mes objectifs. Si vous avez déjà écouté des personnes de mon clan jouer, vous avez peut-être déjà entendu mon père. Il s’appelait Yagumo Yashara, et c’était le chef du clan. Il jouait du violon, comme notre premier ancêtre … Et je suis sûre que le clan n’a jamais connu un tel musicien. Et si mon père était aussi doué, c’est parce qu’il avait voyagé. Il recherchait des notes : celles d’une musique légendaire. C’est un très vieux conte qui remonte à bien avant la création du clan Yashara. Un musicien aurait écrit quelques notes d’une mélodie plus grande, la mélodie de l’âme. Et cette mélodie est capable de toucher l’âme même des gens, comme la musique de mon clan. Mais à un niveau supérieur : si on joue la mélodie de l’âme, c’est Onogoro tout entier qui l’entendra. Enfin, pas vraiment l’entendre. Qui la ressentira. C’est une musique qui touchera l’âme du monde elle-même, et de tous ceux qui l’habite. »

Satsu agrippa la boîte de musique qui se trouvait pendue à son cou.

« Mon père est mort de surmenage en essayant de l’écrire, et au final il n’a écrit que trois notes. Je suis la seule qui connait ces trois notes. Et j’aimerais finir de l’écrire. Pour écrire ces trois petites notes, mon père a voyagé pendant une grande partie de sa vie. C’est pour ça que je veux moi aussi voyager. Mais pas comme lui. Un autre voyage, des horizons différents, nouveaux. Il est le seul à ne pas avoir suivi les traditions du clan, et le seul à avoir trouvé les premières notes de la mélodie. Alors il faut que je fasse encore plus que lui si je veux en écrire la fin. Quand je parle d’objectif personnel, c’est de cela que je parle. »

Elle haussa les épaules pour montrer son laxisme vis-à-vis de la justification d’Eno.

« Je ne pense pas non plus que la curiosité soit un vilain défaut. Et je suis très fière du but que je me suis fixée. En parler ne me pose aucun problème, aucune honte. »

Tout en parlant, Satsu retira les gants et la serpe qui lui avait servie pour les orties. Elle réfléchissait tellement qu’elle les avait attrapés machinalement et oublié de les retirer. Elle avait dû avoir l’air fine à parler de la mélodie de l’âme avec des gants de cueillette autour des mimines. Mais elle perdit presque aussitôt le fil de ce qu’elle avait elle-même dit, s’asseyant tête sur le dos de sa main, pour regarder attentivement ce qu’Eno allait faire des ingrédients. Elle était très curieuse de voir comment il pouvait transformer de l’écorce, une fleur et des orties en breuvage. Elle avait beau savoir que c’étaient des ingrédients plutôt logique (encore que pour la fleur de lotus elle n’était pas sûre), la méthode relevait presque de l’alchimie pour elle, maintenant qu’elle y pensait. Jusqu’ici elle s’était toujours contentée de se dire qu’il fallait sûrement balancer des plantes dans l’eau chaude et que ça faisait apparaître un thé avec une couleur bizarre.

Mais maintenant qu’elle s’intéressait de plus près à tout ça, elle se disait que rester avec de telles croyances serait préjudiciable.

« Et vous, Eno-senseï, vous avez eu un but ? Vous l’avez atteint ? Ou alors peut-être que vous le poursuivez encore ? »

Comme elle l’avait dit elle ne pensait vraiment pas que la curiosité était vilaine. Et au pire elle avait l'habitude de passer pour la méchante.

Pour Eno Satsu n'avait pas totalement tort mais pas raison non plus. Oui tenter de comprendre quelque chose n'était pas toujours bon mais il l'était bien plus souvent que l'on aurait pu le croire. Après tout si jamais personne n'avait chercher à comprendre les arts shinobis le tout serait encore considéré comme magique et n'en serait pas au stade d'aujourd'hui. Onogoro n'aurait pas le même visage, sûrement dirigé par une minime partie de la population. Enfin, ce n'était qu'un scénario parmi d'autre. Il garda tout de même le silence sur son point de vue, il ne servait à rien de lancer un débat. Il ne fit que sourire, pour ne pas changer.

Le vieil homme regarda Satsu s'éloigner sur le lac, elle avait donc déjà la supade. Voilà qui allait lui faciliter la tâche, ne pas devoir y aller à la nage était réellement un plus. Eno interpella un jeune homme qui passait par là et lui glissa deux mots à l'oreille avant de reporter son attention sur la jeune fille. Il tiqua, perdant durant un instant son sourire pour laisser place à une grande surprise. Il ne pouvait pas en vouloir à la jeune Yashara, après tout il ne lui avait pas montré comment récolter les différents ingrédients qu'il lui avait demandé. Il laissa échapper tout de même un long soupir, prendre la totalité du nénuphar ... C'était une façon comme une autre de procéder mais elle était unique sur le temps. En l'arrachant de cette façon la repousse ne pouvait pas avoir lieu. Mise l'aide que Kou lui avait apporté pour le choix des orties la méthode fut très semblable, les racines avec. Il allait falloir expliquer à cette jeune fille comment il fallait s'y prendre ... Il ne laissa rien paraître cette fois, souriant tout simplement.

Elle finit par revenir avec tous les ingrédients. Le jeune homme qu'Eno avait abordé revint les bras chargés que quelques ustensiles. Il le remercia avant de reporter son attention vers Satsu. Les ambitions de la genin étaient immenses ... Pour ne pas dire limite effrayants. Cette idée de mélodie de l'âme était très étrange, il n'arrivait pas à réellement s'en faire une image mais tout ce qu'il comprenait c'est qu'elle toucherait l'âme de chaque personne. Cette idée lui faisait même froid dans le dos. Le vieil homme ne savait pas réellement comment il devait prendre cette information, était-ce une sorte de métaphore ou alors parlait-elle sérieusement ?

« Je suis navré d'entendre ces paroles à propos de ton père. Il est toujours triste quand un homme perd la vie en suivant le but qui est le sien. Je comprend mieux maintenant pourquoi tu désires tant trouver une discipline te donnant la possibilité de voyager.

Je n'ai malheureusement jamais eu la chance d'entendre la musique de ton père mais j'ai déjà entendu parlé de lui et que en bien je peux t'en assurer. »

Kori:* Mon oncle, cette fille est plutôt inquiétante avec son histoire de mélodie de l'âme. Rien que le nom me fait froid dans le dos. *

* A moi aussi Kori. Mais nous n'avons pas grand chose à faire. *

Kori:* Faites tout de même attention. Je ne voudrais pas vous perdre aussi. *

Rin :* Nous sommes toujours à la recherche des autres Kugutsus, on finira par les retrouver. *

* Je l'espère. *

Eno reporta son attention sur Satsu, il n'avait eu que quelques secondes d'absence rien de plus. Son regard était légèrement triste, pratiquement imperceptible. Comme l'avait dit Kori certain des leurs avait disparu durant la guerre et leurs corps étaient encore introuvable jusqu’aujourd’hui.

« Bien sûr que j'ai un bute Satsu-han. » dit-il tout en tendant un pilon à la jeune fille « L'inverse serait bien triste. Tiens, écrases ceci-ci dedans avec deux pincettes de ce récipient. » il mit de l'eau à chauffer sur un petit réchaud « Ce n'est pas parce que j'ai un âge avancé que je n'ai plus un point que je désire atteindre dans ce qu'il me reste à vivre. » il plaça lui aussi divers ingrédients dans un autre pilon, aucun n'était annoté, mise à part ceux que Satsu avait ramené il était impossible de savoir ce qui se trouvait dans cette futur mixture « Il n'est pas aussi ambitieux que le tien malgré tout. J'ai comme but celui de retrouver des amis qui ont disparu durant la guerre. Des amis proches que je sais encore vivant. Ils n'ont besoin que d'un coup de pouce et rien d'autre. »

Enfin, seulement à condition qu'il y ai encore des parties de leurs corps. Aujourd'hui c'était le seul à pouvoir ne pas sembler être un kugutusu, il était même impossible de remonter de lui jusqu'à Rin.

« Tu peux ajouter ceci dans ta préparation Satsu-han. » lui aussi continua à travailler « Je ne peux te blâmer sur la façon d'on tu as récolter ces ingrédients, après tout je ne t'ai rien dis à ce propos mais si jamais tu désires continuer dans la voie des apothicaires il faut que tu retiennes quelques choses de très important. La récolte d'ingrédient est quelque chose des très délicats. Ici pour bien faire tu as récolté bien plus qu'il n'en fallait chose qui normalement ne doit pas se faire à part pour les préparer à une conservation. Chose que je ferais par la suite histoire de ne pas avoir des gaspillages. Je te l'accorde, j'aurais dû être plus précis et te dire les parties qu'il nous fallait. Mais si je l'avais fait je n'aurais pas pu t'expliquer ceci. Ha je crois que l'eau est prête ! Tu peux y verser le contenant de ton pilon dedans, vas-y doucement. » il éteint sous l'eau et posa la casserole entre lui et la jeune fille « Maintenant tu sauras. Surtout pour les racines, les arracher c'est empêcher la plante de donner de nouvelles feuilles. »

Il sourit à nouveau, versant lui aussi le contenant de son pilon dans l'eau. Il rompit ensuite l'écorce d'on il tendit un bout à Satsu pour qu'elle la transforme en poudre.

« En tout cas Satsu-han je vois à quel point tu désires réellement atteindre le but de ton père. Je trouve ça très admirable de ta part. Si tu désires continuer dans cette discipline je serais très heureux de t'enseigner ce que je sais. »

Il vida son pilon dans l'eau, d'une traite cette fois-ci et invita la jeune fille à en faire de même. Il plongea ensuite quelques feuilles d'ortie dans un autre bocal d'on l'odeur de miel et de vinaigre se dégageait fortement avant de les placer dans l'eau. Il fit de même avec quelques pétales de lotus, dans un autre bocal cette-fois qui ne sentait absolument rien. Mais le contenant avait une étrange couleur dorée. Il laissa le tout reposer dans la casserole durant quelques instants tout en chargeant la préparation de chakra avant de verser le contenu dans deux carapaces de tortue. Il en tendit une des deux à la jeune fille.

« Je crois que maintenant tu dois te faire une bien meilleure idée de cette discipline. Comme je te l'ai dit ce genre de préparation n'est pas totalement du domaine des apothicaires mais elle s'en approche très fort par de nombreux points. Ne serait-ce que la récolte déjà. »

Il souffla sur son thé avant de prendre une petite gorgée de celui-ci, il n'était pas aussi bon que d'habitude mais gardait tout de même un goût succulent. Le trait de saké qu'il avait ajouté au final couvrait légèrement cette odeur des bois qui se dégageait. Comme toujours il ferma un instant les yeux, le parfum le conduisit immédiatement dans un bosquet emplis d'arbres. Le goût était sucré et fumé à la fois, c'était très étrange mais tellement bon.

« Si tu désires continuer dans cette discipline je me ferais une joie de te conduire au chef de celle-ci afin que tu puisses nous rejoindre. »

Spoiler:

Satsu devait bien avouer qu’elle était un peu déçue. Evidemment, elle ne s’était pas attendue à ce qu’Eno n’ait aucun but. Comme il l’avait si bien dit, ça aurait vraiment triste. Ou alors simplement un mensonge. Mais effectivement, il avait raison : le sien n’avait rien de très ambitieux. Ni impressionnant. Bon, c’était quand même normal de vouloir retrouver ses amis. Mais elle s’était attendu à quelque chose d’un peu plus … Enfin, la sagesse de son grand âge, peut-être. Les ambitions de la jeunesse devaient être trop grandes pour lui. Ou quelque chose comme ça. La jeune Yashara ravala toutes les remarques un peu malvenues qui lui paraissaient préférable de garder pour elle, et se contenta de l’observer tandis qu’il s’occupait de faire sa mixture.

Elle s’était bien plantée pour les racines (admirez la grâce et l’élégance de ce jeu de mot parfait). Comme elle ne savait pas quelle partie de la plante elle devait prendre, elle avait tout pris quitte à en prendre trop pour ne pas revenir bredouille … et pour le coup découvert que c’était une erreur en soi. Pour Satsu, qui n’aimait pas faire les choses à moitié ou se tromper, c’était un premier coup dur. Mais elle s’était attendue à subir des revers en venant ici. En sortant de sa zone de confort et de son unique talent. Mais même en y étant préparée, se tromper est toujours difficile à encaisser. Heureusement, Eno semblait presque considérer cette erreur comme normale. Une étape d’apprentissage comme une autre. Aussi elle ne releva pas et se contenta d’acquiescer pour montrer qu’elle avait bien compris le message. On ne l’y reprendrait pas.

La préparation n’avait rien de très extraordinaire en apparence : il avait juste mélangé les ingrédients dans une casserole, rien d’incroyable. Seulement, Satsu avait perçu une sorte de flux de chakra, donc elle but prudemment lorsque l’apothicaire lui tendit la tasse. Sa première réaction, sa première pensée, alla pour la saveur du breuvage. C’était carrément super bon. Ca ne payait pas de mine, mais au goût, c’était en revanche plus qu’incroyable.
Et cette sensation … Des picotements. Comme lorsqu’elle créait une illusion musicale. Cette boisson était capable de transporter quelqu’un ailleurs que là où il était. Sauf que ça ne passait pas par les tympans, mais par un subtil mélange d’odeur et de goût.
Satsu resta interdite quelques instants, en fixant la tasse. Elle se sentait plus vive que jamais, comme si le thé l’avait complètement éveillée. Ses muscles pourtant au repos s’agitaient sous sa peau comme s’ils avaient été tirés d’un très long sommeil. Ses facultés sensorielles s’affinaient, comme tirées au-delà de leur maximum. Elle n’avait jamais ressenti ça. Le souffle des arbres ? Le murmure du vent ? Ca, c’était extraordinaire.

« Comment … ? »

Elle avait toujours les yeux rivés sur le breuvage. Elle sentait un léger flux de chakra, comme si la boisson avait été effectivement le vecteur d’un genjutsu. Sauf que non, il n’y avait pas le lien traditionnel. Il avait tout simplement utilisé quelque chose que Satsu ne connaissait pas. C’était le mélange d’herbes et de chakra qui produisait cet effet. C’était à la fois étrange et merveilleux, mais quand même bien loin de la féérie dont elle avait parlé. Inexplicable, mais pourtant bien terre à terre. Comment aurait-elle pu oser dire qu’elle ne voulait pas apprendre à faire ce genre de miracles ? Même s’il affirmait que c’était différent des préparations des apothicaires … Si ça y ressemblait au moins un peu, bien sûr qu’elle voulait tenter le coup.

Satsu serra le poing. Elle n’avait jamais senti autant de poigne chez elle en le faisant, sauf peut-être avec une maitrise du chakra. Sauf que là elle était multiple, et que la sensation était très différente.

« Woaw. »

Eno la tira de ses rêveries. Cette fois, il lui proposait en bonne et due forme de rejoindre la discipline apothicaire. C’était le moment de faire son choix. En réalité, elle avait déjà décidée de ça avant même de commencer la récolte. Mais tous ces événements ne faisaient que raffermir sa décision. La rencontre ou les paroles d’Eno n’étaient pas complètement étrangères à sa décision : il vendait bien sa discipline. Même si elle n’était pas la plus populaire, c’était évident que ça lui convenait plutôt bien. Satsu aurait son billet pour parcourir le monde, et en plus pourrait faire quelque chose de bien nouveau. Ca nécessiterait pas mal d’apprentissages évidemment, elle était vraiment une débutante complète et le coup des racines le lui avait bien indiqué. Mais ça ne lui déplaisait pas vraiment. Avec un peu de lecture et d’observations en pleine nature, elle pourrait peut-être rattraper son retard. Au début, elle avait pensé à essayer de faire des sortes de préparation et de les faire vivre au travers de sa musique, en animant la forêt elle-même. Mais c’était quelque chose de différent qu’elle voulait : trouver une autre voie, bien propre à elle, mais loin de la musique.

« J’espère qu’un jour je pourrais faire quelque chose d’aussi prodigieux. Pouvoir exacerber un autre sens que l’ouïe, toucher autre chose que l’âme. Quelque chose de bien physique, de purement sensoriel, au-travers du goût ou de l’odeur. Voire même de la sensation physique. Vous m’avez donné matière à réfléchir à une autre manière d’atteindre ce que je peux atteindre avec la musique. »

Et la réponse ? Elle était évidente maintenant.

« Oui, je voudrais entrer chez les apothicaires. Comme vous l’avez vu je ne suis qu’une débutante. Mais je progresserais. Je sais travailler, et avec méthode. Et j’ai vraiment envie de voir ce que je pourrais faire dans cette nouvelle voie. »

Bon, ben c’était dit. Pour ainsi dire, c’était presque déjà scellé. Comme s’il s’était s’agit d’une sorte d’illustration, la jeune Genin but une autre gorgée de thé. A nouveau, cette surprenante sensation, vivifiante. Satsu était du genre à admirer les phénomènes inexplicables, et à les apprécier pour ce qu’ils manifestaient plus que pour ce qu’ils étaient. Même si elle avait participé, de loin, à la préparation de ce breuvage, ne pas tenter d’expliquer ses effets lui convenait tout à fait.

Et puis, en regardant les alentours, elle se rendait compte que cet endroit lui plaisait. Loin de l'agitation de la ville, ou de la pression que son clan lui mettait sur les épaules en tant qu'héritière. Et puis ce contact avec la nature lui rappelait la vallée totoro. Kou aussi semblait beaucoup s'y plaire, même si là il était reparti dormir dans sa poche. Ps de doute, si elle entrait dans cette discipline, elle risquait de passer pas mal de temps dans les parages. Quand elle ne serait pas en vadrouille, évidemment.

Le vieil homme prenait vraiment l'étonnement de la jeune fille comme un énormément compliment. A l'époque de son échoppe du Lotus Blanc, il n'avait pas toujours le plaisir d'admirer sa clientèle déguster ses créations. Là c'était différent, elle était juste face à elle et son visage ne manquait pas de trahir ce qu'elle pensait. Elle réagissait même plus que la plupart des personnes buvant ses breuvages. Eno n'aurait pas su dire pourquoi mais ça lui faisait énormément plaisir de voir cette façon de réagir. Peut-être devrait-il en reparler à Rin, remettre en place le Lotus Blanc mais de façon bien moins poussée. Peut-être n'y placer que deux trois tables, rien de plus. Avec un peu de chance Kori accepterait de continuer à être le serveur des lieux ... Il eut un petit soupire pratiquement imperceptible, c'était impossible tant qu'ils n'avaient pas remis la main sur leurs amis.

« J'espère pour toi aussi qu'un jour tu y arriveras, si tu le désires je pourrais t'épauler de temps en temps. T'apprendre certaines bases également. En tout cas je suis heureux de voir que la discipline t'intéresse à ce point. » Eno se releva en prenant appui au sol et ramassa sa tasse d'on il but une nouvelle gorgée « Suis moi Satsu-han, nous allons rendre tout ceci officiel. »

Tous deux prirent la direction du bâtiment principale, enfin trois plutôt en comptant Kou. Le vieil homme garda le silence sur le chemin, écoutant les voix qui résonnaient dans sa tête. Ca n'avait rien à voir avec de la folie, simplement un contact qu'il possédait avec les Kugutsus grâce à Rin. Il marqua simplement une pause dans la pièce où Satsu l'avait déjà attendu.

« Attends-moi ici quelques minutes Satsu-han. Je vais chercher Toridi-sama, le chef de cette discipline. Il officialisera ta rentrée chef les apothicaires. »

Il était pensif, le regard un peu perdu, cherchant même parfois ses mots. Il ne fit même pas à Nadira, pour dire à quel point il était totalement absorbé par quelque chose d'invisible aux yeux des autres.


Toridi poussa la porte quelques minutes plus tard, sa peau blanche et ses yeux de la même coloris tranchaient clairement avec sa chevelure noire. Ses habits étaient vraiment étrange, une longue veste dorée, noir et blanche garnie de décorations brodées. A chacun de ses pas, ses talonnettes frappaient le sol dans un bruit proche de talons. Il ne devait pas avoir plus de vingt-cinq années mais quelque chose se dégageait de lui, ce n'était pas de la puissance plus une présence qu'il imposait. Il chercha du regards durant quelques instants avant de croiser celui de Nadira qui lui indiqua du doigt là où se trouvait Satsu. Il s'avança vers la jeune fille, sourire aux lèvres, rien à voir avec celui qu'Eno abordait en permanence, celui-ci était plus poli qu'autre chose.

« Tu dois être Satsu. Je me nomme Toridi Hyuuga, je suis le chef de la discipline des apothicaires. » sa voix était froide mais quelque chose de sympathique se dégageait de celle-ci ... c'était vraiment étrange comme ressentiment « Eno-chama m'a parlé de toi. Il m'a également expliqué ton désire de nous rejoindre. Je lui fais totalement confiance. Veux-tu bien me suivre ? »

Sans attendre de réponse il fit volte face et se dirigea vers une porte à double battant, scellée sur les deux parties. Il n'eut qu'à poser la main dessus pour qu'elle s'ouvre. Il ne la franchisait pas souvent, juste pour apposé un sceau à chaque nouvel arrivant.

« Je dois juste te prévenir que ton Kyuochiose ne pourra pas te suivre dans les bâtiments mise à part si lui aussi accepte qu'on lui appose le sceau. Ce n'est rien de bien méchant, une sécurité qui t'empêchera de parler de ce qui se déroule ici à toute personne qui ne fait pas partie de notre discipline. » il avança vers le fond de la pièce et attrapa un parchemin, n'était pas pratiquant du fuinjutsu il avait besoin de celui-ci. Il pointa du doigt une plaque métallique « Tu n'as qu'à lire à voix haute celle-ci Satsu, pendant ce temps je m'occuperais d'apposer le sceau sur ton corps. »

Citation :

Je suis ............................ et je jure de garder le secret sur tout ce qui sera défini comme secret au sein de la discipline que je fais le choix de rejoindre: les Apothicaires et sur quoi que ce soit par rapport aux techniques que j’apprendrais au sein de celle-ci. Je m’engage à tout faire pour ne pas nuire à ma discipline et à ne pas informer de la discipline qui est la mienne, sauf dans le cas où toutes les personnes en présence font parties de cette même discipline ou dans le cas où je suis chef de cette discipline. Rompre cette promesse reviendrait à mourir.

Pendant que Satsu lisait la plaque Toridi insuffla du chakra dans le parchemin, il fit une série de mudra tous plus rapide les uns que les autres avant d'apposer les cinq doigts de sa main droite autour du nombril une fois que la jeune fille eut terminée sa lecture.


« Te voilà officiellement membre des apothicaires. Tu as par la même occasion accès à une grande partie de ce bâtiment. J'aurais aimé m'entretenir un peu plus avec toi mais des affaires urgentes m'appellent. Peut-être veux-tu que je demande à ce qu'Eno revienne vers toi ? Ou peut-être as-tu une autre idée de ce que tu désires faire maintenant. Je pense que le mieux est de t’inculquai les bases de notre discipline. Tu peux également aller à notre bibliothèque, c'est également un bon moyen de commencer en tant qu'apothicaire. Tu peux tout aussi bien retourner à tes occupations et nous revenir un peu plus tard. Veux-tu que ton Kyuochiose passe également le serment ? »

Spoiler:

Satsu suivit Eno vers le bâtiment principal sans rien trouver à lui répondre. De toute manière contrairement à son attitude depuis qu’elle l’avait rencontré, cette fois, il restait muré dans ses pensées, et elle n’osa pas l’en déloger. Principalement parce qu’elle aussi était prise dans ses propres réflexions. Elle allait devenir une apothicaire de façon officielle, mais ça ne l’empêchait pas de penser que pour le moment, elle n’avait rien d’une botaniste. Un retard conséquent à rattraper la séparait avant de pouvoir se prendre elle-même au sérieux sur la question.

Durant leur marche silencieuse, elle scella avec elle-même une nouvelle résolution : quand Satsu serait rentrée, elle irait à la bibliothèque. Là elle trouverait la documentation dont elle avait besoin pour identifier les différentes plantes qui constituaient le monde qui l’entourait. Et désormais, elle se promènerait en permanence avec ces ouvrages. Et dès qu’elle croiserait une plante qu’elle était incapable d’identifier, ou dont elle était incapable de se remémorer les propriétés, elle attraperait les livres pour savoir ce que c’était et ses caractéristiques.
Ce serait un travail de longue haleine, et demanderait beaucoup de patience. Mais Satsu n’était pas facile à décourager. En plus, avec cette façon de procéder, elle pourrait ingurgiter des connaissances petit à petit et prendre le temps de les digérer. Aussi, quand Eno annonça qu’il partait chercher le chef de Discipline, la jeune fille trouva immédiatement quoi lui répondre :

« Je vous remercie pour votre accueil, Eno-san. Vous avez été patient et sympathique avec moi alors que je n’ai encore aucune qualification. Et vous m’avez même enseigné quelques astuces alors que je n’étais même pas encore membre de la discipline. Je serais ravie de pouvoir travailler avec vous, en vérité. Mais je suis exigeante avec moi-même : j’aimerais pouvoir revenir ici avec un peu plus de connaissances et quelque chose à vous montrer. Je voudrais apprendre ce que sont les plantes de ce monde, mais aussi celles de la vallée féérique. Quand je serais plus compétente, je reviendrais vous voir, mais pas avant ! »

Elle le salua d’un geste de la main amical alors qu’il s’éloignait.

Toridi. C’était le nom du chef de la discipline. Contrairement à certains ninjas de haut rang dont elle connaissait le nom, pour le coup, Satsu ne savait absolument rien de lui. Et elle se demandait évidemment à quoi il ressemblait. Les personnes puissantes étaient toujours particulières en quelque chose, et celle-ci ne devait pas échapper à la règle.
Elle n’eut pas bien longtemps à attendre. Et ne fut pas réellement déçue. Quelque part, Toridi était plus dans l’idée qu’elle se faisait d’un apothicaire : il était bizarre. Seulement, il dégageait aussi un charisme très particulier, mais pas négligeable. On sentait que quelque chose clochait avec lui, à son allure. Sa façon de se vêtir était extrêmement décalée. Et ses talonnettes … C’était vraiment particulier. Cela dit, même sans être particulièrement grand, Satsu ne se voyait pas manquer de respect à cet homme. Sans qu’elle sache véritablement dire pour quelle raison. Et sa voix rejoignait ce constat un peu dual : elle était glaciale. Mais en même temps, semblait inviter à la sympathie et à la confiance.
Du miel givré. Quelle mélodie atypique.

Il ne perdit pas trop de temps en civilités, et l’invita assez rapidement à le suivre plus loin dans les bâtiments du clan.

« Enchantée, Toridi-sama. »

Elle lui emboîta le pas. C’était un Hyuuga alors … Satsu savait très peu de choses sur ce clan, sinon qu’il avait été presque exterminé pendant la guerre par le clan Uchiwa, et qu’il était autrefois un clan très puissant, qui rivalisait avec leurs bourreaux.
Elle n’eut cependant pas trop le temps d’y songer : le rituel pour devenir apothicaire commença et elle dut se concentrer sur ce que Toridi lui demandait de dire. Ainsi, même pour les apothicaires, intégrer une discipline était un choix qui signifiait promettre sur sa vie de ne rien divulguer. Le voir sur le papier, et réaliser qu’on s’engageait pour de bon n’était clairement pas la même chose. C’était un lourd engagement … Mais c’était une histoire de sécurité, et la jeune Yashara n’avait aucune raison de les trahir de toute façon. Son hésitation ne fut pas de très longue durée.
Tandis que Toridi effectuait le rituel, et posait ses doigts en cercle sur son ventre pour créer le sceau, elle prononça très distinctement chaque mot qui figurait sur la plaque :

« Je suis Satsu Yashara, et je jure de garder le secret sur tout ce qui sera défini comme secret au sein de la discipline que je fais le choix de rejoindre: les Apothicaires et sur quoi que ce soit par rapport aux techniques que j’apprendrais au sein de celle-ci. Je m’engage à tout faire pour ne pas nuire à ma discipline et à ne pas informer de la discipline qui est la mienne, sauf dans le cas où toutes les personnes en présence font parties de cette même discipline ou dans le cas où je suis chef de cette discipline. Rompre cette promesse reviendrait à mourir. »

De petites pointes brûlantes la picotaient au niveau du ventre. Pas vraiment gênée, la jeune fille souleva le bas de son t-shirt pour jeter un œil. Des symboles noirs, un peu comme un tatouage et au nombre de cinq, encerclaient son nombril. C’était donc le sceau de la discipline ? Ce n’était pas moche. Elle avait craint un moment de faire une erreur esthétique mais finalement ça lui donnerait un côté mystérieux … Il faudrait qu’elle demande son avis à sa prochaine conquête. Mais Satsu, elle, y était déjà habituée.

Toridi lui proposa de faire passer également le pacte à Kou, qui piailla pour manifester son excitation et son accord. Mais la jeune fille fixa le Kuchiyose d’un regard sévère.

« Non, je préfère qu’il ne rentre pas dans le bâtiment que de lui faire passer un accord qui l’engage avec un sceau. Ses frères ne me le pardonneraient pas. En plus, Kou ne peut pas parler donc ce serait compliqué de lui faire réciter quoi que ce soit. Et puis, ce n’est qu’un bébé, même s’il est très mignon et très intelligent, et je ne l’oublie pas. Je ne veux pas l’engager dans une promesse qu’il pourrait regretter plus tard, ou même parler en son nom. Les totoros grandissent vite : je pourrais peut-être vous déranger dans quelques années pour qu’il effectue son serment, plutôt ? En tous cas, il m’attendra dans l’accueil ou à l’extérieur quand je viens ici. »

« Piou ! Piou ! »

« Pas la peine de protester Kou. Je ne peux pas te demander ça. Ta famille a été bienveillante avec moi, et je leur ai fait des promesses. Je viens tout juste de promettre sur ma vie, ce n’est pas le moment de rompre une autre promesse, mais plutôt de montrer que je tiens mes engagements. »

« Piou … »

Boudeur et triste, la boule de poils se réfugia dans la poche de la veste de la jeune fille, pour aller ruminer tout seul dans son coin. Satsu tapota la poche en question pour s’excuser, et reporta son attention sur Toridi, qui n’attendit pas très longtemps pour lui évoquer tout un éventail de possibilités.

« Je vous remercie pour le temps que vous m’avez accordé. Je pense que je vais rentrer chez moi pour l’instant : il y a un tournoi dans quelques jours et je dois m’y préparer consciencieusement. Comme je le disais à Eno, je reviendrais ici quand j’aurais appris par moi-même certaines bases importantes et que je ne serais plus une complète débutante. J’ai besoin de me sentir digne de son enseignement avant de le recevoir. C’est un peu bête, mais j’aime faire un bout de chemin en autodidacte avant de demander de l’aide pour avancer … »

Satsu se fendit d’une petite révérence polie, un peu maladroite aussi, elle n’avait pas trop l’habitude d’être aussi consciencieuse dans la politesse. Puis elle partit tout simplement. Sa décision était prise, et même scellée. Maintenant, elle ne pouvait plus reculer.
Par contre, dans sa poche, Kou ne ronflait pas contrairement à son habitude. Il semblait plutôt éveillé. Il lui en voulait, à tous les coups. Peut-être même se sentait-il trahit. C’est vrai, depuis qu’elle l’avait rencontré et qu’il avait quitté la forêt féérique pour venir avec elle, ils avaient tout partagé. Ses frères lui avaient demandé de faire découvrir le monde d’Onogoro au petit Kou, et de veiller sur lui. Ils lui avaient expliqués tout un tas de choses, et lui avaient promis de lui venir en aide quand elle serait plus puissante, de mettre leur magie pour l’appuyer, en échange de ce service qu’elle leur rendait. Ils l’avaient aussi logée, et lui avaient permis d’avancer dans ses recherches de la partition. A leur manière un peu décalée, un peu magique. Elle leur devait beaucoup, et en particulier sa faculté toute neuve à vouloir élargir ses horizons de connaissances.

Sans trop savoir si Kou l’écoutait, la jeune fille parla à sa poche :

« Désolée Kou, mais je ne pouvais pas dire oui … Ce n’est pas que parce que tu es un enfant : les totoros ne connaissent pas les sceaux pas vrai ? Rien ne nous dit que ça aurait fonctionné. Ca aurait pu réagir étrangement à ton corps. Vous êtes constitués de magie, après tout. Je ne pouvais pas prendre le risque de te laisser apposer un sceau aussi puissant sans connaitre les résultantes ! On testera avec mes sceaux si tu veux ! Mais les secrets de ta famille ont beaucoup d’importance. »

Kou ne répondit pas. Seul un gonflement régulier, et un petit bruit de respiration, fit écho à ses paroles. Il dormait. Satsu sourit, et reprit sa route en silence. Elle allait encore devoir pigeonner quelqu’un si elle voulait être vite de retour à Taki, et retrouver son appartement.

Sham : 30 drâkes x2=60 drâkes
Satsu : 18 xp (rp simple) x2= 36 xp

[Je double les montants car il s'agit de rps que je juge 'important' pour le développement du personnage de Satsu, et qu'on a bien besoin de valoriser les disciplines ces derniers temps.]

Edit : petit oubli, +1 xp invocation pour Kou !