Cueillette au clair de lune

Citation :

Cueillette au clair de lune
Rang D
Equipe convoquée :
*Shigure Nara (Equipe Genin 2)
*Akira Uzumaki (Equipe Genin 4)

Client : Sahagi Mizukasa (apothicaire, propriétaire du 'bouquet sauvage)

L'apothicaire le plus célèbre de l'Empire a besoin de petites mains pour préparer des potions fort onéreuses et fort difficiles à faire.
L'un des composants de cette recette secrète, est lui-même une potion, basée sur une espèce de rafflésies qu'on ne trouve que sur les monts foudroyés.

Ces rafflésies sont des plantes parasites, de couleur bleutée, qu'on ne peut pas voir directement en observant la végétation. Mais elles rendent les plantes qu'elles parasitent légèrement bleutées elles aussi. De plus, elles se nourrissent d'électricité ambiante, et elles ont donc un fort potentiel magnétique. Leur poison est également neutralisé par une décharge électrique suffisamment puissante.

En revanche, pour préparer la potion à base de rafflésie, il faut la faire 5 minutes au plus tard après avoir cueillie la plante. Il faut la tremper dans de l'extrait de belladone (fourni par Mr Mizukasa), en la faisant tremper de nuit sous le clair de lune. Ensuite, il faut la couper en très fines lamelles, et les immerger totalement dans du pus issu de kists de chats. Il faut ensuite reboucher immédiatement la fiole, et vous avez une potion de rafflésie, principal ingrédient de la potion secrète.


Objectifs :
*(Shigure) Trouver les rafflésies.
*(Akira) Préparer trois potions à base rafflésies, comme indiqué par l'apothicaire.

Récompenses :
*1 potion de libération (laxatif puissant)
*1 boîte de tisanes à base d'orties (boite de 5)
*1 petit breuvage de vie
*1 elixir de soins capillaires (4 utilisations)

Statut : en cours

Spoiler:

Après ma carrière de cambrioleur, puis celle de ninja, me voici désormais guide touristique de haute montagne ! C’est ce qu’on m’appris au petit matin, entre un réveil plutôt laborieux et la remise en main propre d’un ordre de mission. Je n’aimais pas trop le rang D. Enfin, au moins, ce serait l’occasion de faire une petite promenade. Enfin, petite … Jusqu’au pays de la foudre, quoi. Ca faisait quand même une sacrée petite trotte.
Je me demandais quand même quelle mouche avait piqué l’académie pour qu’elle décide de m’adjoindre une mission d’apothicaire. Je n’étais quand même pas le seul Genin à venir du pays de la foudre, et donc pouvant servir de guide, si ? Je ne voyais pas ce qui les motivait dans mon profil. Peut-être qu’ils souhaitaient juste me tenir occupé pour éviter que je ne fasse des bêtises ? C’était l’hypothèse la plus sensée qui me vienne.

Le bouquet sauvage. Ni le nom de sa boutique, ni le nom de l’employeur ne me disaient quoi que ce soit. Et pourtant ils le désignaient sous le sobriquet d’apothicaire le plus connu de tout l’Empire. Ca devait être quelque chose. Il faudrait m’expliquer par contre pour quelle raison il nous récompensait de tout un tas de bibelots, si c’était un si bon fabriquant de potions … Un élixir ça l’aurait tué ? Ou n’importe quoi d’utile à un ninja. Poison, somnifère, je ne sais pas. Mais certainement pas du shampooing, un laxatif, et des sachets de tisane. Je trouvais ça un peu mal payé, au final. Enfin bon, il y avait aussi une petite fiole permettant de soigner les blessures. Et la perspective de revoir mon pays natal était plutôt de nature à me réjouir, elle aussi.

Pas d’heure de rendez-vous, mais vraisemblablement on devrait se rendre à la porte Est, puisque c’était celle qui était orientée dans la direction du pays de la foudre. Autant partir le lendemain matin. Je pris quand même le temps d’envoyer un sms à mon futur équipier, pour lui proposer un horaire extrêmement matinal de onze heures pour le départ (le pays de la foudre n’était pas si loin, pas la peine de s’embêter à raccourcir sa nuit de sommeil). Et puis de toute manière il fallait que je passe à l’académie avant d’y aller, une petite demande tout à fait sérieuse à leur faire à propos de la mission …

C’est ainsi que, le lendemain matin, à onze heures trente, deux autruches aux plumes noires, avec quelques reflets bleutés et d’étranges courants électriques parcourant leurs corps, se dressaient fièrement, côte à côte, devant la porte Est de Taki no kuni, fière cité du pays de la cascade. Les passants ne s’y trompaient pas : ils regardaient tous, éberlués, lorsqu’ils passaient devant ces deux magnifiques spécimens d’autruches foudroyantes. Eh bien oui, le calcul est très simple : pour aller aux monts foudroyés, il fallait passer par les plaines foudroyées. Le problème des plaines, c’était que quand on s’y aventurait sans connaitre, on se prenait des éclairs sur le coin de la figure. Le meilleur moyen de guider un novice dans ces steppes désolées, c’était encore de ne pas le guider. Tu le mettais sur une autruche, et tu n’avais plus rien à faire : elle ne mettait jamais un panard à un endroit où un éclair allait tomber. Une sorte de prémonition que toutes les autruches foudroyantes ont. Amusant, d’ailleurs, de noter qu’on les appelait comme ça alors qu’aucune d’entre elles, justement, ne s’est jamais fait foudroyée. Et qu’elles n’ont jamais électrocuté personne, accessoirement. Les courants électriques qui les traversent sont dérisoires pour les autres êtres vivants. C’est juste un petit effet de son et lumière, en fait.

Mon équipier est un Uzumaki, qui est en charge de faire la potion pour l’apothicaire, quand je lui aurais trouvé les plantes et amené au mont foudroyé. Il y a une histoire de clair de lune aussi … Il faudra que je relise ce foutu ordre de mission en chemin. Enfin, ça semble surtout être un Uzumaki en retard. Du coup, je ne vais pas m’en plaindre : il est grand temps de prendre une petite sieste. Après tout, j’ai sacrifié ma grasse matinée sur l’autel des autruches. Donc si on m’en laisse l’opportunité, je ne me déroberais pas !
Je m’allonge peinard sur les deux autruches alignées. Que voilà un matelas très confortable. Et bien dressé avec ça : aucune des deux ne bronche. Et je m’endors du fameux sommeil du chat. Un ex cambrioleur, ça ne dort que d’un œil !

Aujourd'hui est le grand jour, du commencement d'une nouvelle mission! Tout Genin serait heureux d'apprendre ça, mais à vrai dire, ça me gonflait plus qu'autre chose. Tout ça pour partir chercher une plante et faire une potion, comme si j'étais le seul capable de faire ça. Mais bon, un ordre est un ordre, pas le choix, faut y aller. De ce que je me souviens, il s'agissait d'aller cueillir une rafflésie plutôt spéciale. Une plante bleutée, qui parasite les plantes aux alentours, et qu'on ne peut pas vraiment voir à l’œil nu sans y faire passer de l'électricité. J'imagine que c'est pour cela qu'ils m'ont associés avec ce Shigure, je l'ai vu utiliser des courants électriques au match de Shinoball, qui ont donné du fil à retordre à Yachiru.

J'ai rendez vous, comme d'habitude à la porte de la ville, à 9h. Il est 8h52, j'ai le temps. Pour justifier ce retard, je vais prendre le temps de me faire passer pour une femme, le public de Shigure pendant le match étant totalement composé de femmes, j'imagine qu'il n'osera rien me dire. Un peu de maquillage par ci par là, mascara, cheveux bien coiffés, un peu de rose à lèvre, un peu de parfum et bien entendu, ma tenue bien ample qui ne laisse aucun indice sur mon genre aux gens autour de moi.

Je vais également porter Hiroki, on ne sait jamais ce qu'il peut y arriver. Et il fera la potion à ma place. 9h08. Ouais je peut encore prendre mon temps ça va, un retard n'est grave qu'après 45 minutes selon mon expérience. Je vais donc aller feuilleter ce vieux bouquin d'herboristerie que ma mère m'a offert quand je commençais à m'y interessé petit.

Alors voyons le sommaire! Radis, Raphiolepis, Raoulia, Réglisse,... Rafflésie! Si seulement il était classé par ordre alphabétique et pas par lettre puis par couleur de plante, ça serait bien plus simple! Bref, la rafflésie est une plante pouvant être toxique, se trouvant partout dans l'empire. Pour la prélever sans soucis, il suffit de prendre un couteau et de faire un cercle autour de la racine pour ne couper que les petites racines, tout en évitant de rester au contact de celle ci plus de 30 secondes. Ça devrait le faire oui, aucun risque d'inhalation avec Hiroki. Le kogutsu est tellement pratique, on devrait l'apprendre à chaque ninja en devenir.

9h17, il est l'heure d'y aller, je serai même en avance à vrai dire. Mince! J'allais oublier le petit couteau émoussé que maman utilise pour ses plantes! Un beau couteau totalement rouillé par l'utilisation et l'âge, mais diablement efficace pour trancher des plantes, comme s'il avait été enchanté lors de sa création. Enfin ça, c'est ce que mes parents me racontaient avant que j'aille me coucher.

Enfin arrivé au lieu de rendez vous avec seulement 24 minutes de retard! Presque un record pour moi. Tiens, Shigure est avec deux autruches étranges, déja pret à partir, sur le dos de la sienne. Il a pensé aux montures, bien vu. Mais non il n'est pas prêt il dort! J'aurais encore pu prendre plus mon temps! Bon bah je vias le laisser se reposer et faire de même, ce muret m'a l'air bien confortable pour une petite sieste!

Cette jeune Anbu aux cheveux rouges et au masque de chat. Elle revenait hanter mes rêves. Quand on pensait qu’elle m’avait un peu brutalisé, avec son pote le buffle, le fait qu’elle me rejoigne dans mes songes relevait presque du sadomasochisme. Mais qu’y pouvais-je, moi un homme affaibli par mes instincts bestiaux ? Elle avait ce déhanché très léger, et ce boule de rêve ! Impossible de l’oublier et de le garder loin de mon esprit. Et si la tenue réglementaire des Anbus, et son masque un tantinet évocateur d’une paire de griffes acérées, avaient tendance à la rendre plutôt dangereuse d’apparence … vous pouvez me croire une fois que vous lui changez sa tenue, elle devient sensuelle et ban… euh, attirante, mais je vous dis ça uniquement par souci de censure pour vos petits yeux fluets. En tous cas, le masque de chatte pouvait revêtir un aspect autrement plus intéressant : tout était question de contexte. Et en termes de contexte, l’imagination est reine. Surtout lorsqu’elle improvise à grand coup de rêves dans le bas ventre !
Comme je ne pouvais pas savoir à quoi ressemblaient ses lèvres, je me les imaginais petites, peu pulpeuses, mais avides et cajoleuses, alors qu’elles se promenaient sur l’ensemble de mon anatomie. Ses yeux, que j’avais connu volcaniques, n’étaient plus que deux braises qui se consumaient du feu ardent d’un amour insatisfait.
Mais alors quand elle se retourne, me dévoilant la meilleure partie de son anatomie, et celle qui m’a le plus marqué, tout en tournant son buste de trois quart avec ce visage qui clamait l’envie qu’elle avait que je vienne faire un petit rodéo … Alors là, j’ai l’impression qu’on a allumé un brasero au niveau de mes reins, et que c’est en train de m’enflammer tout entier. Je me le dis, je vais la … Non ! Non, bordel, pas maintenant ! C’est toujours pareil !

Ce fut donc en pleine forme que je sortis de mon sommeil. Après avoir utilisé quelques secondes pour calmer ce trop-plein d’énergie, et laisser retomber l’extase d’une sieste bien méritée, et un peu plus agitée que je ne l’avais prévu … je me laissais glisser au bas des deux autruches. Fort heureusement, j’étais le genre personne qui était peu bavarde pendant mes escapades au pays de Morphée. Les gardes devant la porte, à cent mètres de moi, me regardaient d’avantage avec un air réprobateur que moqueur. Nul doute que s’ils avaient su le contenant de mes songes, ils m’auraient sans doute raillé. Ou alors envié ! Parce que s’ils savaient à quel endroit j’étais, et ce que j’y faisais, aucun homme au monde n’aurait pu résister à l’envie de me jalouser.
Par contre, si je recroisais cette Anbu aux cheveux rouges, il faudrait que je lui raconte tout ça. Elle aurait sans aucun doute envie d’y goûter pour de vrai, cette fois. Ou de me tuer. Mais le jeu en valait la chandelle, si j’en croyais mon petit cerveau en ébullition !

Bon. C’est pas tout ça, mais j’ai une mission dans pas trop longtemps. Je regarde tout autour de moi, tout en accrochant mon bandeau à mon bras, au niveau du biceps, histoire de le mettre bien en valeur, qu’il accroche le regard. Et ça fonctionne bien : les deux gardes en faction me regardent avec des yeux ronds. Ils ne devaient pas savoir que j’étais un ninja, finalement. Ce que j’avais pris pour un regard désapprobateur devait être une mine renfrognée tout à fait naturelle. Enfin, là, clairement, ils me jugeaient. Du coup, je leur adressais mon plus beau sourire. Qui était lourd de signification : moi je suis ninja ! Et quand on me donne une mission de rang D, je me la coule douce, parce que je peux le faire sans me faire taper sur les doigts. Ou pas trop. Qu’elle est dure la vie de milicien …
Comme je m’étire, mes yeux accrochent le soleil aveuglant de l’hiver, qui se reflète dans la neige de l’horizon. Attendez, le soleil ? Mais quelle heure il peut être, au juste ?

** Bon sang, il est déjà dix heures ! Et mon coéquipier n’est toujours pas arrivé ? Ou alors il m’a vu dormir et il est parti sans moi ? Ce serait con. S’il ne vient pas du pays de la foudre et qu’il part sans autruche, il va se faire carboniser dans les plaines foudroyées. Et je vais devoir expliquer pourquoi je n’y étais pas … Remarquez, personne viendra contredire ma version des faits puisqu’il se sera fait cramer à coup d’éclairs. Ils peuvent toujours interroger le cadavre, mais avec ce qu’il aura subi, pas sûr qu’il puisse articuler quoi que ce soit. **

C’est le plan que je commence à échafauder. Mais alors, je vois la jeune femme aux cheveux d’or, qui dort tranquillement installée contre un muret, à quelques mètres à peine des autruches. D’après ma maitrise pas si incroyable que ça du chakra, elle a l’air d’en posséder. Et je devine, sous les contours amples de sa tenue, la présence d’une armure légère, mais d’une armure quand même. Ca doit être elle. Je jette un œil à l’ordre de mission. Akira. Bizarre, je trouvais que ça sonnait plutôt masculin comme nom. Mais après tout, je ne viens pas tout à fait du cœur de l’Empire alors qu’elle est une Uzumaki. Si ça se trouvait, dans le coin, ça pouvait être féminin aussi comme prénom. Surtout qu’à bien y réfléchir, ça sonnait un peu dans les deux sens. Comme quoi, le nom ne fait pas la marchandise. Comme elle dort, je prends quelques instants pour l’observer. Son maquillage est assez léger, et elle est plutôt jolie. Elle n’a pas l’air d’avoir apporté beaucoup d’équipements, mais je devine que sa sacoche doit contenir ce qu’il faut pour concocter la fameuse potion qu’a demandé l’herboriste. Comme les gardes ne sont pas loin, même s’ils ne nous surveillent pas, je m’accroupis tout près d’elle, dos à eux, afin de faire semblant que j’essaie de la réveiller.
Mais je ne l’effleure même pas, préférant plutôt délicatement délier les cordons de la sacoche, afin d’observer un peu le contenu. Entre quelques effets classiques, je remarque la présence d’un vieux couteau rouillé et passé clairement d’âge. Celui-là doit avoir sentimentale, mais n’est certainement pas irremplaçable. Je devrais probablement le laisser ici, pour ne pas lui faire de la peine … Mais non, c’est trop tentant. Je lui rendrais quand elle en aura besoin, plutôt. Cette petite malice sera un tremplin parfait pour lui prétexter un tour de magie habile, que je lui aurais fait pendant le trajet alors qu’en réalité, il prendra sa source ici, devant les murailles de la cité de la cascade.
Je chourave donc, pépère, le couteau, que je dissimule dans la poche intérieure de ma veste, et je referme son conteneur.

Bien, j’imagine que maintenant on peut s’y mettre, non ? Je pose une main sur son épaule, et je la secoue tout doucement, pour la réveiller. Alors que ses yeux s’entrouvrent, mon visage à un mètre du sien, rayonnant et souriant, je me relève d’un bloc.

« Bien dormi ? Je crois qu’on est un peu à la bourre, on devrait y aller ! »

Je m’approche des autruches, les harnachant en attendant qu’elle se sorte de ses songes. Puis, j’attrape les rênes, et je me hisse d’un bond acrobatique directement sur le dos d’une d’entre elles. Elle ne bronche pas. Ces animaux sont très capricieux, alors il faut avoir la main ferme, et ne pas leur laisser trop le choix, sinon elles ont tendance à n’en faire qu’à leur tête.
Je fais faire quelques pas à ma monture, le regard rieur. Une vague mêlée de nostalgie et de joie m’envahie soudainement.

« Ca fait tellement longtemps que je n’ai pas fait de promenade à dos d’autruche ! Hahaha ! »

Ce muret est vraiment plus confortable qu'il n'en a l'air! C'est pas la première fois que je m'endors dessus, et j'y dors presque mieux que dans mon lit, en même temps, c'est peut-être pas très confortable, mais s'endormir avec le soleil qui chauffe la peau, la légère brise dans les cheveux, et le bruits des oiseaux qui chante, il n'y a pas à dire, ça fait plus d'effet qu'une berceuse. Je vais quand même poser Hiroki en position de sommeil à coté de moi, pas de raison qu'il n'en profite pas lui non plus! Enfin en position de combat, c'est le moment de se laisser aller...

A peine assoupi, je commence à rêver, comme souvent d'ailleurs, il faut dire que quand je dors ici, j'ai le sommeil très lourd. Et je faisais mon rêve préféré! Il m'arrivait souvent, de rêver que je dormais. Et ouais, une sieste pendant une sieste, c'était le meilleur moyen de se réveiller en super forme! Moi qui aime ne rien faire, et la tranquillité, me voir dormir, sourire au lèvre, serein, rien ne me rends plus heureux à vrai dire. Tiens, chose qui n'arrive pas en général dans mes rêves, il se passe quelque chose autour de moi! Mais, c'est bien ce que je pense? Oui, Hiroki fais mes tâches ménagères et me prépare à manger pour mon réveil, tout seul, sans que j'ai besoin de le guider. C'est officiellement le plus beau rêve de ma vie. J'aimerai qu'il dure une éternité!

Oh non quelqu'un me réveille, soit un garde, soit mon coéquipier qui vient de se réveiller. Dans les deux cas, je vais détester cette personne pendant maximum 10 minutes! Et oui, c'est bien Shigure, qui me réveille. Il me sourit et ne me fait pas remarquer mon retard, mon artifice a surement du faire son effet. Tant mieux, j'avais pas envie de devoir me justifier si tôt le matin. Une fois debout, je réveille Hiroki, et le remet sur mon dos. Je me retourne vers Shigure, un grand sourire féminin aux lèvres :

- Je suis prête à partir! Normalement j'ai tout le nécessaire d'herboriste dans cette sacoche, laisse moi juste vérifier que j'ai bien pris les fioles de pus de kyste de chat et l'extrait de belladone, histoire que l'on ait pas l'air bête sur place!

Les fioles étaient bien présentes, j'étais prêt à partir. Mais en tout cas, avec un rêve comme celui là, je me suis réveillé doublement en forme, comme prévu! Parfait avant une mission! Il est temps de monter sur cette autruche, j'espère bien m'y prendre, c'est la première fois que je monte dessus!

- Ces autruches ne vont pas me mettre à terre j'espère, j'ai toujours eu du mal avec les montures à vrai dire... Au fait, quelle malpolie je fais! Je me présente, Akira Uzumaki! Je n'ai qu'une mission à mon actif actuellement, d'ailleurs je crois savoir qu'une de mes coéquipières t'as choisi comme rival! Yachiru parle beaucoup de toi depuis votre double confrontation Arène-Shinoball!

Embêter Yachiru était presque devenu une passion, je l'aimais beaucoup cette petite Akimichi!

- Enfin bref, allons y, je te suis, j'ai cru comprendre que tu étais originaire de ces régions, alors que je n'y ai jamais mis un seul pied je dois avouer!

Belladone et pus de kyste de chat. Donc, pour faire simple, une fiole contenant un produit hautement toxique, et l’autre gravement dégueulasse. Akira avait beau être une jeune femme très mignonne (quoiqu’extrêmement plate, ce qui gâtait un peu la marchandise), elle était d’un seul coup bien moins sexy. Herboriste, ça n’avait rien de très glamour, décidément.
Je guettais sa réaction, mais apparemment elle n’avait pas remarqué l’absence du couteau. Tant mieux, comme ça je gardais ce petit tour de passe-passe en réserve pour plus tard dans le voyage. J’avais une bien bonne idée sur ce que je pourrais faire pour l’épater maintenant que j’avais eu le temps de réfléchir.
Une seule mission à son actif. Je réfléchissais. Techniquement, si on excluait de simples cambriolages qui n’étaient pas des missions officielles, je n’en avais qu’une également. De rang B, certes. Mais je n’avais eu le droit qu’à un rôle de l’ombre. Pas de quoi pavoiser non plus.

« Shigure, enchanté. J’ai un peu plus d’expérience, mais je n’ai qu’une mission officielle à mon actif également. »

Les sous-entendus entretiennent le mystère. Et le mystère, c’est la grande classe. Enfin, accessoirement, je n’avais pas trop envie d’en dévoiler non plus. Ce n’était pas que pour frimer. Entre ma chef de discipline qui prônait la discrétion, et mon ancienne carrière qui n’inspirait pas confiance, mieux valait doser savamment les informations que je distillais.
En entendant qu’elle était la coéquipière de Yachiru, je répondis d’une grimace contrariée.

« Oui, je suis au courant. Je m’en serais bien passé pour te dire la vérité … Que quelqu’un d’aussi énergique me considère comme son rival, c’est pesant, ça met beaucoup de pression. J’ai beau avoir gagné notre combat, je me souviens encore du coup qu’elle m’a mis … Je te jure, un enfer cette fille. »

J’avais beau dire ça, entendre qu’elle lui avait parlé de moi me rendait plutôt content. J’aimais bien Yachiru, même si elle menaçait de me mener la vie dure. C’était une boule de nerf et elle avait un style de combat d’une violence rare pour une Genin … mais elle avait aussi un instinct du combat incroyable, et une naïveté qui trahissait sa gentillesse. Une fille bien, quoi. Le seul problème avec elle c’était qu’elle en venait vite aux mains. Et que me concernant, c’était encore plus rapide qu’avec les méchants. Le point positif, par contre, c’était qu’elle était forte et qu’Akira savait que je l’avais battue. Je devais avoir l’air d’un beau gosse, mais aussi d’un mec super fort, si elle avait déjà vu sa coéquipière à l’œuvre.
Je la regarde monter sur l’autruche, hésitante et pas vraiment à l’aise.

« Les autruches foudroyantes sont des montures étonnement fiables, et très intelligentes. Un peu trop malignes même. Tient toujours tes rênes fermement, et tout ira bien. Si tu sembles un peu trop molle, par contre, elle va te taquiner, et effectivement tu risques de retrouver à terre. Regarde. On les tient bien fermement pour qu’elles sentent qu’elles sont là. Mais pas non plus au point de leur faire mal. L’idée c’est de leur montrer qui est le patron, et là, ça devient les meilleures montures du monde. »

Quoique. Tout en enjoignant à la mienne de se mettre en route, au petit trot, je rectifie donc ce que je viens d’affirmer :

« Enfin, presque. Ce sont des animaux qui n’aiment pas trop les longues distances. D’ailleurs, on ne pourra pas aller aux monts foudroyés d’ici ce soir. On sera obligés de faire une halte pour laisser les autruches se reposer. Je n’ai pas trop envie de payer l’auberge, pour te dire la vérité … et ça fait longtemps que je n’ai pas vu mes parents. Je pensais nous arrêter dans mon village pour la nuit, et aller chercher les plantes le lendemain. J’habite à une vingtaine de kilomètres de la capitale, en autruche ce ne sera pas très long. Et les monts sont à peu près à la même distance, mais dans l’autre direction. Donc quelque part, ça nous rapproche. »

Je désigne l’autruche du menton.

« Par contre, un fois qu’on sera dans les plaines foudroyées, il faudra tenir encore plus fermement l’autruche. Elles ont le don d’éviter les éclairs, on a jamais su comment. L’instinct, à force d’y vivre j’imagine. Mais une étrangère, sans autruche, en plein milieu des plaines … Eh bien, disons que ce n’est pas une bonne idée. Enfin, tout ça pour dire pourquoi on y va pas à cheval. »

Jamais mis un seul pied au pays de la foudre, hein ? Ce n’est pas très étonnant. Comparé au cœur de l’Empire, les pays limitrophes tels que celui de la foudre, ou du fer, sont des terres plus rurales et plus rugueuses. En général, les natifs de l’Empire préfèrent plutôt passer leurs vacances à Kahari. Et si c’est la campagne qu’ils recherchent, les plaines ou le pays du blé sont plus adéquats.
Je ne sais pas trop quoi lui dire sur mon pays, à vrai dire. Je ne vois pas ce que je pourrais dire qui fera du pays de la foudre un beau pays pour quelqu’un qui n’y est pas né. Le climat est dangereux, le tempérament des gens est renfrogné et grognon, et la religion y occupe une place très importante, mais sur un seul dieu élémentaire contrairement à l’Eglise des Cinq. Tellement de différences. C’est sans aucun doute le pays le plus dur à vivre de tout l’Empire. Peut-être même du monde, en concurrence étroite avec Yama et Yuki.
Bah, je ne vois pas pourquoi je lui mentirais après tout.

« Oui, j’y suis né et j’y ai passé mon enfance. J’en garde de bons souvenirs, curieusement. C’est un pays dangereux, et mis à part à Raimari, la loi du Raikage est très souvent ignorée. La religion est la seule chose qui maintien la cohésion en campagne. Par contre, on n’a pas de problèmes de brigandage : comme les étrangers ont du mal avec les plaines foudroyées et que les natifs se serrent les coudes … En plus, les prêtres d’Akikaze ne sont pas tendres du tout avec ceux qui attaquent leurs semblables. »

Je tape sur mon biceps, sourire aux lèvres.

« Par chez nous, les forts doivent protéger les autres. C’est l’une des lois primordiales que nous enseigne Akikaze. Ceux qui l'enfreigne sont des moins que rien Alors même si les gens du pays de la foudre sont incroyablement renfrognés, qu’ils picolent beaucoup trop, et qu’ils sont légèrement fanatiques sur les bords … Eh bien ce sont des gens biens. Et ce pays est le mien ! »

J’étais causant. Mais en même temps on n’était que deux et il n’y avait rien d’autre à faire que de parler pendant que les autruches gambadaient sur la route.

« Et toi, tu es toujours restée sur au cœur de l’Empire ? Tu es une Uzumaki, je suppose que tu y es née. »

Après lui avoir parlé de Yachiru il a pris une posture très fière. Ce Shigure doit vraiment être imbu de lui même de ce que je vois, mais bon, mieux vaut avoir trop de confiance en soi que l'inverse!

- Je vais essayer de suivre ton conseil, en espérant réussir à tenir dessus, ça serait bête de me casser quelque chose ou de me blesser pour si peu! Pour la nuit, je ne veux pas déranger tes parents, un endroit sécurisé et une tente me suffiront amplement, je n'aime pas profiter de la gentillesse des gens! Et après tout, il est trop tôt pour me présenter à tes parents voyons.

Un regard gêné vers lui, un clin d’œil, un rire timide, et hop le tour est joué. Je sens que je vais bien m'amuser tant qu'il ne verra pas la supercherie! Mais c'est vrai que je ne veut pas m'incruster chez des gens qui, si ça se trouve, ne courent pas sur l'or. S'il me repropose j'accepterai mais je demanderai de nouveau à ses parents pour être sûr que ça ne les gène pas.

- En tout cas j'espère vraiment que l'autruche se comportera bien, car je n'ai vraiment pas de froce dans les bras, pour te dire, le fils du voisin qui a 12 ans m'a battu au bras de fer sans difficulté... Enfin, on verra! Et dans les cas où je tombe, des règles de sécurités à appliquer ou c'est la mort quasi assurée?

Il a donc grandi dans une région où on peut mourir à la moindre inattention donc à ce que je comprends. Ça devait vraiment pas être simple mais comme il le décrit, la communauté devait être très soudée, tout l'inverse de Shi, où j'ai passé toute mon enfance. Mais bon j'ai une famille géniale je m'en fout un peu des voisins. C'est peut être pour ça que j'ai jamais vraiment eu d'amis.

- Mon père travaillant dans le bois et ma mère étant herboriste, je connais aussi la picole, même si je ne tiens pas beaucoup je dois l'avouer, mais il est vrai que ça réchauffe ou ça passe! Mais oui, j'appartiens au clan Uzumaki, la branche des sceaux plus précisément, et je n'ai jamais quitté le coeur de l'empire en effet. C'est la première fois que je le quitte d'ailleurs! D'ailleurs contrairement à beaucoup d'Uzumakis, je ne suis ni une scientifique, ni une grande combattante résistante. Comme tu peux le voir sur mon dos, je suis plus dans la technique et le kogutsu pour le moment. D'ailleurs comme je l'ai dit plus tôt, aucun de mes parents n'est ninja.

Sur le trajet nous parlions de tout et de rien, et après une bonne heure de discussion parlant de shinoball, tu temps qu'il faisait, etc..., je voudrais bien lui reparler un minimum de la mission.

- D'ailleurs, ne le prends pas mal, mais on m'a affecté à cette mission parce que j'ai des connaissances en herboristerie, mais on t'as affecté uniquement car tu es originaire de la région, ou aussi car tu maîtrises le chakra électrique nécessaire à faire apparaître les rafflésie?

La conversation allait bon train. Akira avait tout de la jeune citadine, jamais sortie d’en ville, très bavarde et curieuse du monde. Si je m’en tenais à ce que j’avais appris depuis le début du voyage, pas moyen de deviner qu’elle était ninja. Alors, soit elle était très mauvaise, soit c’était simplement le genre à bien cacher son jeu et à ne pas se prendre la tête pour une mission facile. Je penchais tout de même pour la seconde option, l’habit ne faisant pas le moine. Après tout, elle était dans la même équipe que Yachiru et les équipes étaient censées réunir des shinobis qui avaient plus ou moins le même niveau.
Sa petite plaisanterie fut accueillie d’un rire franc. Je n’avais pas pensé à quelque chose comme ça, évidemment, surtout que depuis que je m’étais réveillé en pleine forme, je pensais à quelqu’un d’autre. Mais l’humour est toujours bienvenu, dans un monde où en manquait parfois cruellement et où tout le monde avait l’air grave et sérieux.

« Hahaha, je serais toi je m’en ferais pas trop pour ça. Je n’ai pas rendu visite à mes parents depuis plusieurs années, pour différentes raisons. Je pense qu’ils seront contents, et je voulais en profiter pour les voir. Aucune inquiétude à avoir. Et puis, mon père est un fin cordon bleu. Si tu refuses cette invitation, tu risques de t’en mordre les doigts ! »

Mon père, oui. C’était une notion un peu étrange au pays de la foudre, un pays très misogyne il fallait bien l’avouer. Mais mon paternel avait toujours eu beaucoup d’attraits pour différentes tâches manuels normalement réservées aux femmes. Après tout, en plus de cuisiner comme un chef, il était avant tout tisseur. Pas le métier le plus viril du monde, donc. Mais j’étais assez fier de lui, justement. C’était le genre de personne qui ne se laissait pas porter par le point de vue de la société, et faisait simplement ce qu’il lui plaisait. Quant à ma mère … Je préférais n’en dire mot pour l’instant. Mais disons qu’elle formait une bonne paire avec lui. C’était une personne souvent indescriptible. Le mot qui s’en rapprochait le plus, je dirais, étais malicieuse. Enfin, mieux valait la découvrir que de l’imaginer, c’était toujours plus précis que des mots en l’air.
Plus j’en parlais, et plus j’avais du mal à contenir ma hâte d’être au pays de la foudre. Avec mon arrestation et le fait que l’académie avait eu du mal à me lâcher du lest, je n’avais pas pu y retourner depuis longtemps. Et mon pays natal me manquait. Cette mission tombait à pic, du coup.

Akira eut la bonne idée de détourner le cours de la discussion sur elle. En plus d’en apprendre d’avantage sur la personne qui m’accompagnait, c’était une bonne façon de penser un peu moins à notre destination. Je dois bien avouer que je ne parvins pas à saisir la plaisanterie sur l’herboriste et l’ébéniste accrocs à l’alcool. Il ne me semblait pas que ce soit des milieux prompts à la boisson, du coup j’imaginais qu’elle faisait de l’ironie … Mais comme elle restait très neutre, c’était difficile à dire. Peut-être comparait-elle sérieusement les mœurs du pays de la foudre à ceux-là ? Après tout, elle n’était jamais sortie, la petite citadine. Il faudrait peut-être que je glisse en douce au dîner de privilégier des boissons non-alcoolisés à cause de la mission, du service, tout ça. La saouler n’était sans doute pas une idée grandiose. Et puis, ce n’était pas le moment de jouer.
En tous cas, je notais dans un coin de ma tête le fait qu’elle était une utilisatrice de pantins. C’était une branche des arts ninjas très rare, surtout parmi les Genins. D’habitude, les combattants l’utilisaient en appoint, mais à en croire la façon dont elle l’abordait, ça ressemblait plus à une voie pour elle. Tout ce qui sort de l’ordinaire avait tendance à m’intéresser, aussi je restais sur ce sujet qui avait retenu mon attention.

« Tu as choisi le Kogutsu alors qu’aucun de tes parents n’est ninja. C’est inhabituel, c’est plutôt le genre de techniques qu’on apprend parce qu’on a quelqu’un pour nous les enseigner, justement. Enfin, j’imagine que même si tes parents ne sont pas ninjas, tu as quand même baigné dans cet environnement depuis toute petite. Après tout, le clan Uzumaki est l’un des clans les plus nombreux de l’Empire ! »

Et puissant. Quand je repensais à mon propre clan, qui se planquait au nord sans vouloir participer aux enjeux du monde, il y avait de quoi avoir un peu honte. Enfin, ce n’était pas non plus comme si j’en étais un fier représentant. Je n’avais jamais mis les pieds de ma vie sur les terres du Nord.

La conversation continua un petit peu, mollement, pendant quelques temps. Les sujets étaient plutôt insouciants. Sauf peut-être le shinoball, qui m’avait plus passionné que je ne voulais bien l’admettre. Soudainement, au détour d’un sentier qui plongeait enfin dans la direction du pays de la foudre, Akira me demanda si je n’étais qu’un simple guide, ou si j’avais une utilité plus marquée dans cette mission. Un sourire m’échappa. Qu’un guide. C’était un petit peu vexant, même si elle prenait des pincettes. Surtout qu’un guide sur les terres du tonnerre, c’était aussi rare qu’indispensable pour y survivre. Mais bon, elle ne pensait pas à mal. Et en plus, elle avait visé juste sur ce coup.

« Oui, je possède le don d’Akikaze, et il m’a rendu capable de créer et manier la foudre et les champs magnétiques. »

Le don d’Akikaze. Je savais bien qu’au sein de l’Empire ça ne voulait rien dire. J’étais moi-même sceptique sur la façon de formuler cette affinité. Mais j’avais non seulement fini par m’y habituer, mais aussi par la trouver plutôt sympathique. Elle me donnait l’impression d’avoir un grand pouvoir, et me rappelait en tout temps que d’autres ne l’avaient pas, et qu’il me donnait donc une certaine responsabilité envers eux. Que la vie que j’avais choisie était faite de fun, mais aussi de devoirs qu’il fallait remplir. D’autres n’avaient pas besoin de ça, mais en avoir un rappel permanent était quand même une bonne chose, surtout quand on passe son temps à prendre la vie avec légèreté. Dans les moments importants, il faut savoir répondre présent, et pour ça il faut faire gaffe à ne pas se perdre dans sa propre léthargie.

« Si j’en crois l’ordre de mission, neutraliser leur poison ne devrait pas être un problème. Par contre, je me demande pour cette histoire de champ magnétique. La faune et la flore du pays de la foudre sont un peu étranges, et je pense qu’il faudra être proches pour pouvoir distinguer avec précision quelles fleurs sont plus magnétiques que d’autres. Les trouver au hasard, ça risque d’être compliqué avec toutes les choses qui peuvent avoir ce genre de propriétés sur les monts foudroyés … Surtout qu’on ne pourra pas emmener les autruches, donc il faudra en même temps que je fasse attention  à l’endroit où on met nos pieds. Si tu as des astuces pour dénicher ce genre de fleurs plus facilement et nous en rapprocher, je suis preneur d'ailleurs ! Plutôt que de chercher au hasard ... »

Les monts foudroyés. A côté, les plaines étaient une vaste fumisterie, et un endroit où il faisait bon vivre. J’y étais déjà allé, bien entendu : chacun doit y aller une fois par an, afin de se rendre sur l’autel du démon-foudre, qui se trouve au sommet de la montagne. Afin d’y exprimer ses pêchés, et les offrir au sceau qui retient le démon. C’est un pèlerinage plutôt dangereux, mais on apprend à le faire assez jeune, accompagné évidemment.

« Oh, j’y pense, tu ne dois pas connaître l’autel du Raiki ? On ne passer pas loin quand on ira dans les monts ! Il faudra que je te montre ça. Ce serait dommage de ne pas profiter de ton passage au pays de la foudre pour en apprendre plus sur ce pays, tu ne crois pas ? Ca ne fera qu’un petit détour, et c’est l’un des endroits les plus … comment dire ça … représentatifs ?, du pays de la foudre. En bien comme en mal, tu ne verras pas quelque chose de semblable au sein de l’Empire. D’ailleurs, il me semble que l’Eglise avait voulu le détruire quand mon pays a été intégré à l’Empire. L’Impératrice Nanaki avait réussi à les dissuader de le faire, afin de préserver notre patrimoine. Je ne sais pas où tu te situes dans ce genre de débats, mais je suis très curieux de voir ta réaction en y allant. »

Mon sourire était des plus énigmatiques. Il avait tout le temps l’air d’être égal, quelque part entre la moquerie et la joie de vivre. Là, pour le coup, il avait l’air un peu plus sérieux. Peut-être plus moqueur que joyeux, à la limite. Mais j’étais complètement sérieux : non seulement j’adorais cet endroit, mais en plus j’étais très intéressé de savoir ce qu’une citadine pur jus allait pouvoir penser du Raiki. C’était un endroit loin d’être commun, et qui dénoterait sûrement avec beaucoup de choses qu’on avait pu lui enseigner pendant son enfance. Ce genre de rencontre entre différentes cultures était toujours un très grand moment.
D’ailleurs, vous pouvez me croire, la première fois que j’avais mis les pieds dans une église impériale, coupée en cinq et tout le tralala, je n’en avais pas mené large moi non plus.

Si son père était un très bon cuisinier, ça change tout! Surtout que je suis encore habitué aux repas de ma mère, qui est très bonne cuisinière elle aussi! Je me demande quelles spécialités ils servent au pays de la foudre. On dit souvent que les plats sont représentatifs de la région, et si je me fie à ce que j'ai vu et ce que je sais des coutumes, je m'imagines un plat bien consistant composé de beaucoup de viande! Yachiru adorerait ça, enfin quel plat n'adorerait elle pas?

- Et bien dans ce cas, j'accepte avec plaisir! En parlant cuisine, quels type de plat mangent les gens dans la région?

Quand on se pose une question, le meilleur moyen d'y avoir une réponse est de la poser après tout.
Il me parle du kogutsu. C'est vrai qu'en repensant aux réactions des autres quand ils me voient utiliser Hiroki, la plupart étaient étonnés, comme si personne de notre âge était sensé pouvoir utiliser cet art. Et pour ce qui m'a amené à ça? Aucune idée à vrai dire...

- Et bien c'est une bonne question. Depuis toute petite j'ai toujours eu l'habitude d'aider mon père au travail, au point que je me fabriquait mes propres jouets. Et en étudiant les différents arts ninjas à l'académie, le professeur à mentionné le kogutsu mais très brièvement, comme si ça n'était pas encore de notre niveau. Avec ma passion pour le bois, ça a été une évidence pour moi. J'ai tout appris toute seule, grâce à des livres et à quelques conseils de ce professeur, mais il n'était pas un expert donc j'ai pris beaucoup de retard sur les autres étudiants, c'est pour ça que je ne suis sortie de l'académie que très récemment, et à 18 ans, alors que l'âge "normal" à la sortie de l'académie est de 16 ans. Mais je ne regrette rien en tout cas. Et quant à ma famille, certes mes parents ne sont pas ninjas, mais mon oncle est un expert en fuinjutsu par exemple, et on avait assez facilement de l'aide à l'apprentissage, les Uzumakis étant plutôt pédagogues, et la curiosité étant plutôt bien vue d'où je viens, il est vrai que nous sommes surement avantagés par rapport à d'autres clans sur ce point. D'ailleurs j'ai entendu parler de quelques Naras, mais tu es le premier que je croise. Qu'est ce qui t'a amené à quitter ta région pour rejoindre Taki? L'amour de l'Empire? Le sens du devoir? L'envie d'inconnu?

Et bien me voilà bien bavard moi! Enfin, c'est pas comme si on avait vraiment quelque chose d'autre à faire, et en plus, n'ayant que très peu d'amis, nouer des contacts devait être utile dans ce monde. Surtout que malgré son côté espiègle, il n'a pas l'air méchant ce Shigure.

Le don d'Akikaze? Voila une façon bien étrange d'appeler le fait d'avoir une affinité avec le chakra de foudre. Mais j'imagine que ça a un rapport avec la religion, et j'avoue que sur ce point je suis une bille...
Il fait bien de reparler de la mission, je ne me voyais pas lui poser des questions sur sa religion, j'aurais eu très peur de dire quelque chose qui pourrait être vu comme une insulte.

- J'ai été quelque peu en retard à cause de ça, j'ai jeté un oeil à un bouquin parlant de plusieurs plantes, et la rafflésie que nous allons voir n'a rien de différente d'une autre d'un point de vue botanique. Donc j'imagine que l'on pourra les trouver dans des zones chaudes et humides, comme le veut leur état naturel. De plus ce type de plante parasite les plantes aux alentours, et fait que les végétaux voisins prennent une couleur bleutée. Avec ça je pense que nous devrions en trouver sans trop de difficultés!

Un peu de tourisme! J'adore cette idée! Surtout pour un autel qui a l'air si important dans la vie des gens du coin, je ne peut qu'accepter!

- Tant qu'on ne perd pas l'objectif de vue, je pense que l'on peut s'autoriser un petit détour oui! Par contre par rapport à la religion, j'ai un avis on ne peut plus neutre à vrai dire. Je ne crois à aucun dieu, sans pour autant affirmer qu'ils n'existent pas. Disons que je ne me soucis que peu de ça, et que de mon point de vue, s'ils existent, il sont bien trop grands pour nous pour y faire quoi que ce soit, et les vénérer ne doivent que peu les flatter, et s'ils n'existent pas... Pourquoi se poser la question? En tout cas j'espère vraiment ne pas t'avoir vexé ou avoir commis un blasphème à tes yeux, ce n'était absolument pas mon but. Mais pour répondre à ta question, j'accepte de le visiter avec plaisir!

On racontait parfois que son estomac est le meilleur chemin vers le cœur d’un homme. Mais pour une femme, c’étaient ses papilles qui permettaient directement d’y aller. Evidemment, après avoir entendu parler des talents de mon père, Akira ne pouvait plus refuser l’invitation. J’avais confiance dans cette partie-là de la soirée. Les repas étaient toujours des chefs d’œuvres avec lui. Ce qui me laissait plus sceptique, c’était l’ambiance générale et le ton de la conversation. Ma mère, notamment, avait un don très particulier, pour installer une ambiance … Eh bien, c’était indescriptible, donc il valait mieux laisser le temps faire son œuvre, et les événements advenir. Enfin, même si j’étais moins doué qu’elle dans cet art, je pouvais toujours tester Akira, pour voir si elle saurait s’en sortir dans une conversation avec ma génitrice. J’étais un peu curieux. Et justement, elle me proposait un sujet de conversation parfait pour la préparer à cette petite rencontre. En plus, je n’avais vraiment pas besoin de forcer pour être comme ma mère. On me disait souvent que je lui ressemblais beaucoup.

« Ce qu’on mange par chez nous ? J’imagine que la seule différence, c’est qu’on fait cuire notre viande sur des pierres plates. C’est assez simple : on la met sur de l’aluminium, on l’enveloppe, on la met sur une pierre des plaines … et on a juste à attendre que la foudre frappe dessus. Avec un peu de technique et en connaissant les endroits où les éclairs frappent moins fort, c’est du tout cuit. Il y a quelques morceaux un peu trop grillés, mais le reste est super bon ! »

Mon sourire était plus mystérieux que jamais. Eternel et inchangé. Qui te donnait l’impression à la fois que je me moquais, mais aussi que je mentais sur toute la ligne … mais en même temps, comme j’étais tout le temps comme ça, finalement, ça pouvait aussi ne rien vouloir dire. Et c’était volontairement que je gardais ce qui devenait vite chez moi une attitude indéchiffrable. Pour laisser planer le doute.

Par contre, j’avais simplement fait remarquer à Akira que le Kogutsu était une spécialisation inhabituelle, mais ça lui avait suffi pour me raconter l’intégralité de son histoire. Ca ne me dérangeait pas vraiment : chaque personne était unique en son genre, et chaque chose qu’elle avait à raconter l’était tout autant par extension. Certaines aventures étaient moins passionnantes que d’autres, mais toute aventure le restait tout de même un minimum. Non, ça ne me gênait pas du tout ; mais c’était tout de même un peu surprenant.
Elle avait eu l’air d’avoir une enfance qu’on pourrait qualifier d’ordinaire. Et en même temps, pour quelqu’un comme moi, c’était tout de même impossible à imaginer donc ça ne devait pas l’être tant que ça ! Qu’est-ce que ça pouvait bien représenter de naître, de vivre, dans un clan, et d’en assumer les couleurs au quotidien ? C’était un héritage qui permettait de se passer de certains choix, et dans le cas d’un clan puissant comme ici, de subvenir à énormément de besoins primaires. Mais ça devait être aussi un fardeau à porter, en soi. Quand on a tous ces avantages, on attend de toi une certaine excellence. Et malheureusement, ce n’était pas du tout eux qui te la garantissaient. Au contraire, il fallait être capable de se sortir du moule pour se donner un bon coup de pompe au cul, et réussir à tirer son épingle du jeu.
En vérité, je crois que je ne l’enviais pas du tout. Bien au contraire. Un point de départ plus modeste avait en quelque sorte donné du piquant à ma vie. Et c’était nécessaire pour étancher la soif d’aventures qui me rongeait au quotidien. Déjà, en étant Genin, j’étais parfois frustré de ne pouvoir l’assouvir à ma convenance ! Mais ça passait. Mais membre d’un clan, avec tout un tas de responsabilités … L’idée me faisait froid dans le dos.

D’ailleurs, c’était un peu le sujet de la question qu’elle me posa. Ce qui m’avait poussé à rejoindre l’Empire, en réalité, c’était d’éviter la prison. Mais d’un autre côté, je n’avais pas non plus tenté de m’échapper et je jouais le jeu avec un certain plaisir. Donc ce n’était pas non plus un choix si imposé qu’on pouvait le croire.

« Je ne suis pas vraiment un Nara. Je porte leur nom par ma mère, mais je ne suis pas membre du clan. Je n’y suis même jamais allé, et je n’en ai jamais rencontré d’autres que ma mère et moi. Même mon frère n’a pas hérité des gênes du clan. Quant à ce qui m’a poussé à rejoindre les forces armées … Disons que c’est l’envie de vivre autrement ! J’ai eu une vie trépidante, et j’y ai appris de nombreuses choses sans avoir besoin de passer à l’académie. Être ninja, c’était l’occasion de rattraper quelques erreurs et d’utiliser mes talents d’une meilleure façon. Et puis, c’est une vie trépidante. Et très amusante. J’étais un peu sceptique au début, mais je ne regrette pas. »

Oui, le sens du devoir, la juste cause, tout ça, c’était très bien. Mais je n’avais pas besoin d’être ninja pour être quelqu’un de bien, ou respecter certains codes moraux. L’enseignement d’Akikaze, par exemple, suffisait. L’éducation de mes parents aussi. Et puis, être le méchant de l’histoire ce n’était pas du tout un rôle fait pour moi : j’étais plutôt un prince charmant, un peu filou sur les bords ! Du coup, impossible d’endosser le costume d’un mec pas très sympa.

Enfin, la mission prit petit à petit le pas sur la conversation. J’écoutais attentivement les indications de ma coéquipière du jour sur les plantes que l’on cherchait. Des rafflésies. Le nom était amusant, mais même si elle semblait dire que c’était facile à trouver, ça me semblait quand même assez complexe. Il y avait tout de même un point positif : elles cherchaient l’humidité. Or, dans mon pays natal, c’était peu courant, même du côté de la flore, qui s’adaptait plutôt au climat que l’inverse. Du coup, ça simplifiait les choses. Je connaissais un lac un peu plus loin que l’autel du Raiki. Ce serait un endroit parfait pour y dénicher ces plantes, sûrement. Il y avait pas mal de végétation au bord, et c’était une zone sans foudre, curieusement. Donc sans aucun doute le meilleur endroit pour chercher le sésame qui nous ferait revenir victorieux au pays de la cascade !

Du coup, cette histoire d’autel tombait plutôt bien. En plus ça faisait longtemps que je n’y avais pas été, ce crochet était parfait, s’il était sur le chemin.
Le côté réservé d’Akira sur la question des dieux, cependant, me laissa perplexe.

« Dire qu’ils n’existent pas ? C’est bien la première fois que j’entends ça. C’est justement en cela que les dieux élémentaires sont de vrais dieux, c’est parce qu’il est avéré qu’ils existent. Ils donnent leurs pouvoirs aux utilisateurs du shâmanisme, et manifestent leur accord ou non dans les autels de la cathédrale. On a le même genre de truc à Raimari. Ce n’est pas une question de foi, comme pour les anciens dieux. C’est plutôt une question de savoir s’ils sont assez puissants pour être appelés des dieux, plutôt … Ou s’ils en ont quelque chose à faire de nous, effectivement. »

Avec une grimace, j’ajoutais :

« Ne t’en fais pas pour le blasphème. Aux yeux de l’Eglise impériale, mon pays entier en est un, ils n’aiment guère notre appellation du dieu du tonnerre. Ils l’appellent Raijin. Pour moi ce n’est qu’un nom … Et puis, ça a quelque chose d’admirable de ne pas vouloir se reposer sur les dieux. Même si je pense que leurs enseignements nous sont profitables, et qu’il est dans notre intérêt d’au moins les connaître, même si on ne choisit pas nécessairement de les suivre. Je pense qu’on peut les voir comme des entités puissantes, mais aussi très vieilles. Et l’expérience des anciens est toujours une denrée précieuse, qui ne peut être ignorée quand on a du bon sens. Un conseil ne demeure jamais qu’un conseil de toute façon. »

J’appuyais ma tirade d’un petit clin d’œil. Après tout, même les enseignements d’Akikaze, je ne les trouvais pas absolus. J’aimais leur fond, et leur forme au pays de la foudre. Mais dans les faits, il était impossible de les suivre à la lettre sans mener une vie incroyablement chiante, ou très dangereuse. Et si la vie après la mort ne me paraissait pas impossible, je pense qu’on n’était quand même plus la même personne. Alors autant profiter de celle qu’on a tant que l’on est nous-mêmes. Du coup, l’ascétisme religieux m’a toujours paru un peu pénible. Enfin, on dit qu’on n’a rien sans rien, donc le jeu en valait peut-être la chandelle ! Moi je préférais suivre mon instinct, et mon bien-être.

Je tirais soudainement les rênes de l’autruche pour la forcer à s’arrêter, et attrapait d’un mouvement celles d’Akira pour lui permettre de faire de même. Devant nous, des plaines calcinées s’étendaient à perte de vue. Le spectacle en était même un peu inquiétant, surtout qu’à plusieurs centaines de mètres devant nous, les éclairs zébraient le ciel, et que le bruit du tonnerre nous parvenait. Il grondait gentiment aujourd’hui. Et pourtant, ça suffisait à refiler la chair de poule. Je levais la tête vers le ciel, afin de notre la position du soleil, mais aussi je regardais l’heure sur mon téléphone. Où était le Nord ? Par là-bas. Et on devait prendre vers l’Est. Strictement, sans détourner du chemin.

« Les plaines foudroyées. Relâche un peu les rênes, on doit juste donner la direction aux autruches. Elles se chargeront d’éviter les éclairs pour nous. Ici, elles sont moins rebelles : elles savent bien que c’est une question de survie. Regarde la sacoche à la droite de la selle. Il y a des sortes de petites feuilles de salade séchées dedans. Elles adorent ça, ça les motivera à être sympas avec nous. »

Je m’exécutais pour lui montrer l’exemple, tendant deux ou trois feuilles à ma monture, et lui tapotant la tête pour la féliciter. Les autruches avaient un sale caractère, mais elles adoraient être chouchoutées.

Faire cuire de la viande grâce à la foudre? Soit ce pays est bien étrange, soit il se fout de moi. Et avec son sourire en coin naturel, je ne peut pas dire s'il ment ou pas. On va devoir rentrer un peu dans son jeu je crois.

- Ah ouais? Et bien les coutumes sont en effet bien différents en fonction de pays, même voisins. Mais tout ça soulève quelques problèmes, si tu n’essaies pas de me faire marcher: Tout d'abord, d'un point de vue hygiénique, c'est quand même plus que moyen je trouve, poser sa viande sur la pierre, même protégée d'un bout d'aluminium, c'est une occasion à ce que plusieurs saletés imprègnent la viande. Ensuite, la foudre ne cuit pas la viande, en profondeur je veux dire. Donc c'est bon pour se retrouver avec un bout de viande noir autour et encore cru à l’intérieur. Et pour finir, la foudre frappe dans des lieux élevés en général non? Faire ça me parait bien bas, sans oublier les risques d'accidents où la pauvre cuisinière, en prévoyant mal son heure, finisse carbonisée!

Sa famille à l'air compliquée! SI je comprends bien, mère du clan Nara, père n'appartenant à aucun clan, Shigure Nara uniquement par le nom ayant hérité des gènes familiaux, et son frère n'a pas eu cette faculté. Pfiou, tu m'étonnes que les Naras ne se mélangent pas, il manquerait plus qu'a compliquer un peu cet arbre généalogique pour que j'y sois perdu.

Mince, pour la première fois, Shigure abandonna son sourire pour arborer une grimace une fois mon opinion sur la religion énoncé... Mais il n'a pas l'air de trop l'avoir mal pris, je vais rester réservé sur le sujet.

- De mon point de vue, un dieu, peu importe sa nature, mérite d'être vénéré par tous pour ne pas subir de retombées. L'empire réfute l'existence de certains dieux, pour autant ils n'ont pas déclenché son courroux contre lui, voilà pourquoi je ne veut pas me positionner sur l'existence de tel ou tel dieu, comme je l'ai dit, je préfère partir du principe qu'il y a des êtres bien plus puissant que nous autres, les hommes, car tu as raison, les shamans tirent leur pouvoirs d'une force spéciale, je ne peut donc pas soutenir que rien n'existe, ça serait ridicule de ma part, mais je me laisse la place au doute, et qui sait, si un jour j'en rencontre un ou que je subit une manifestation d'un d'entre eux, je me mettrai à le vénérer! Et par rapport à ton pays, avec mon point de vue, il n'est en rien un blasphème pour quoi que ce soit. Chaque pays à ses coutumes et ses croyances, et je trouve ça très bien que chacun garde quelque chose qui lui soit propre. Et comment considérer un pays avec des étendues à perte de vue aussi belles de blasphème?

Oui mais non. J'avoue que j’essaie simplement de me montrer gentil après tout ce que j'ai dit, mais en vérité, ce pays est plutôt désertique, pas très accueillant et très dangereux... Et s'il savait ma vraie nature, il comprendrait que pour certaines personnes, je suis moi même un blasphème à la nature humaine...

Shigure prends mes rennes et me dit de laisser l'autruche décider du chemin. J'espère juste qu'elle ne s'éloignera pas trop de lui, j'avoue que perdu dans ce territoire, je ne donne pas cher de ma vie. Mais bon, je garde ma bonne humeur, bien qu'inquiet, je penche ma main dans la sacoche, et je donne un morceau de salade à l'autruche, en lui caressant la tête.

- Tiens, mange ça ma belle, ça te redonnera quelques forces.

La sur-réaction d’Akira à ma simple boutade ne provoqua qu’un sourire légèrement plus moqueur qu’à l’accoutumée. Je ne lui donnais cependant pas de réponses. Ce serait bien trop simple, jouer un peu plus longtemps était plus amusant ! Et puis, il ne serait pas prêt face à ce qu’il allait subir s’il ne le découvrait pas de lui-même !
Cependant, elle semblait avoir compris l’essentiel malgré tout. Un pays avec des étendues aussi belles, hein ? Très bien tout ça ! Elle avait réussi l’épreuve nécessaire afin de rencontrer ma mère ! Encore que. Parfois, c’était plus simple.

La suite du trajet se passa plus tranquillement. Nous laissâmes les autruches nous conduire tranquillement au-travers des plaines foudroyées. Jusqu’à ce que nous arrivions à un petit village, perdu au milieu de cet enfer électrique. Un patelin, aucun mot n’était plus précis pour le désigner. Une vingtaine de maisons, perdues dans le vacarme du tonnerre.

Nous dépassons quelques maisons modestes, entièrement faites de briques pourtant. Il est facile de comprendre pourquoi : ce serait du suicide de construire des habitations en bois, étant donné les environs … Jusqu’à arriver devant une de ces maisons. Ni plus grande, ni plus petite que les autres. Et affublée d’un jardin plutôt imposant. De là où nous étions, nous pouvions voir des rangées de légumes bien entretenues. Mais aussi un autel. Un socle, une petite statue, et un bassin rempli d’eau claire. La statue représentait un homme, fort et grand, avec un éclair à la main. Akikaze.
Je sautais souplement au bas de l’autruche, et l’attachais à la rambarde, avant de me diriger vers Akira et de lui proposer mon aide. Méfiante, telle une jeune vierge effarouchée, elle se laissa tout de même soutenir alors qu’elle descendait de sa monture.
Jamais je n’avais imaginé que ma maîtrise des autruches révèlerait à ce point mon côté gentleman.

« Eh bien, je te présente la maison où j’ai grandi. Ce n’est pas très grand, ni prestigieux, mais c’est chez moi ! Il y a de la lumière, mes parents doivent être là. »

Je pris les devants, normal. Je devais bien l’avouer, j’étais très stressé. Depuis combien de temps n’avais-je pas vu mes parents ? Trois ans ? Quelque chose comme ça. Ils avaient dû en entendre des vertes et des pas mûres, depuis le temps. Ou alors rien du tout, ce qui était peut-être pire. Je leur avais envoyé quelques lettres. Mon père y avait répondu. Ma mère les avait signées. Nous n’étions pas très doués pour la correspondance, mais on se donnait quand même quelques nouvelles, pour se dire qu’on ne s’oubliait pas.
Je me demandais s’ils avaient vieillis. Comment ils allaient m’accueillir. J’étais vraiment heureux de revenir ici, je n’arrivais même pas à m’expliquer cette légère angoisse. Sans doute la peur que quelque chose ait changé pendant mon absence. Peut-être.
Arrivé au niveau de la porte, je frappe trois coups légers dans la porte. D’abord rien. Puis des pas. Et enfin, un visage bien connu …


Nous nous regardons. Elle a l’air surprise. Elle n’a absolument pas changée. Pas une ride. Un sourire vient s’installer sur ses lèvres. Il est glacial. Je déglutis. Et merde …

« Tiens donc. Chéri, notre ingrat de fils vient nous rendre visite ! »

« Salut maman ! Je vois que tu vas bien, ça fait plaisir … »

« Tout va bien, oui. A part que notre petit dernier n’a pas eu l’idée de venir nous voir. Pas une seule fois en trois ans ! Tu imagines ma contrariété. J’aurais bien voulu que tu viennes plus tôt. »

« Ou-oui, j’imagine ! Mais me voilà. Ah, et je te présente Akira. On est en missions dans la région, je me suis dit que ce serait pas mal de venir passer la nuit ici, et de dire bonjour comme ça faisait longtemps … »

« Oh, alors comme ça tu as eu cette idée. Comme par enchantement, d’un seul coup. »

Elle m’écarte d’un geste, pour tendre la main à Akira.

« Je suis ravie de vous rencontrer jeune fille. Je m’appelle Tamako Nara. Je vous en prie, entrez. Mon mari est à l’intérieur, il vous servira certainement du thé. Faites comme chez vous ! Je suis ravie de constater que certains ninjas peuvent supporter cet enfant horripilant. Nous vous rejoindrons une fois que j’aurais réglé certaines choses avec lui … »

Tamako poussa presque Akira à l’intérieur, refermant la porte derrière elle.

Devant Akira, s’étend une maison campagnarde tout à fait charmante. Un poêle est sur le feu, distillant une odeur agréable de viande et de petits légumes, peut-être des oignons ? De l’autre côté, une cheminée. L’ensemble est décoré de beaucoup de draperies diverses. Des tapis, des tentures, de toutes sortes et de tous motifs. Et au milieu de ce défilée de motifs, d’arabesques, et de combinaisons à la fois colorées et pourtant sobres, mais très belles, il y a un métier à tisser. Et au-dessus de lui, s’affairant dos au jeune ninja, un homme aux longs cheveux blonds, qui n’a pas encore remarqué sa présence.


Alors qu’Akira n’a encore rien dit, et effectué un simple pas en avant, l’homme se retourne, un tissu bleuté entre les mains. Différents motifs, représentant comme une histoire, où on peut reconnaître des personnages, des sabres, et une reine peut-être … Tout est brodé. Avec un sourire d’un calme, faisant scintiller un visage plein de sagesse et de tranquillité, l’homme dit alors :

« Qu’en pensez-vous, jeune homme, cela vous paraît réussi ? »

Sans attendre la réponse, il le dépose sur l’établi.

« Eni’chi Matsui. Si j’en crois mes oreilles, tu t’appelles Akira. Je n’ai pas encore préparé de thé, mais peut-être que ça te ferait plaisir ? »

Un cri de douleur arriva à leurs oreilles, venant de l’extérieur. Un homme, à priori. Un jeune homme. Sans doute avec des cheveux blonds et un sourire moqueur.

« Excusez-les pour ça. Tamako est une femme charmante, mais elle a parfois du mal à exprimer ses sentiments. Ils ont toujours fait comme ça. Après tout, ne dit-on pas que l’amour vache est le plus mignon ? »

Eni’chi transpirait une telle aura de sérénité qu’il était difficile de concevoir comment un homme aussi posé avait pu mettre au monde quelqu’un comme Shigure, aussi joueur et peu digne de confiance.

Nous voilà donc devant la maison où Shigure à grandi. Elle est plus petite et a un style totalement différent de celle où j'ai passé mon enfance, mais elle a son charme je dois dire! Je fais un signe de tête à Shigure, je ne voulais pas dire quelque chose au cas où ses parents nous entendaient, et que sans le vouloir je puisse les froisser. Presque immédiatement, une femme ressemblant énormément à Shigure ouvre la porte. Elle est très élégante en tout cas, jusqu'à ce sourire qui, s'il ne s'agissait pas de la mère de mon coéquipier, m'aurait effrayé.

Après ces quelques mots, je vois que comme on en parlait plus tôt, Shigure et moi avons eu une éducation totalement différente. A sa place, ma mère aurait sauté de joie, et même si elle n'a jamais été très tactile avec moi, m'aurais très sûrement tenu la main plusieurs secondes pour fêter nos retrouvailles. Suite à la présentation du ninja souriant, je fais une légère révérence que les filles de bonnes familles font en glissant un petit "Bonjour madame, je suis Akira Uzumaki, heureuse de vous rencontrer." suite à quoi elle pousse Shigure pour venir me serrer la main et se présenter à son tour. Tamako donc. Mais j'ai à peine le temps de lui sourire, que je me retrouve presque poussé à l’intérieur de la maison suivit par la porte claquée derrière moi. Je pense que Shigure va passer un mauvais quart d'heure.

La première chose qui me marque en entrant est l'odeur de viande. Je m'approche du fourneau, et je vois une belle pièce de viande dans une poêle en train de cuire. C'est bien ce que je pensais, il s'était foutu de moi avec la viande cuite sur une pierre. Je lâche un petit sourire d'amusement, je sens qu'on va bien s'amuser durant cette mission. En avançant un peu plus loin dans la maison, je remarque de magnifiques tapis, tapisseries accrochés au mur, et une voix vient directement s'adresser à moi en me qualifiant de jeune homme. Je reste bouche bée. Qu'est ce qui a pu me trahir? Une fois de plus, je suis pris au dépourvu dans mes pensées et l'homme me propose un thé. Je bégayais tant bien que mal "Euh.. Oui volontiers merci... Mais... Euh... Je ne suis pas un homme à vrai dire...Mais, c'est vous qui avez fait toutes ses tapisseries? Je les trouve vraiment sublimes, celle que vous me montrez également d'ailleurs! Mais à peine cette phrase prononcée, un cri de douleur vient de l’extérieur. Comme je l'avais prévu, Shigure doit recevoir un sacré savon. Eni'chi réagit immédiatement en me parlant de l'amour vache. "Je ne sais pas vraiment, ma mère à toujours été très protectrice et aimante avec nous... Enfin, je ne suis absolument pas en train de dire que Tamako n'aime pas Shigure, loin de moi cette idée et excusez moi si vous avez compris ça dans mes paroles! Aïe. La boulette. J'espère qu'il va pas mal le prendre, mais il à l'air tellement posé et calme, ça devrait passer... Je pense. En tout cas, le contraste entre ses parents est flagrant. Son père est aussi calme que l'eau d'un ruisseau s'écoulant en été, et sa mère aussi agitée et imprévisible qu'un torrent de montagne lors d'une tempête.