Étage du Lotus Blanc

L'histoire du soir. Le seul moment que l'apocalypse ne peut pas détruire. Quelque chose qui est maintenant immuable et inévitable. Enfin, il est déjà arrivé en de rares occasions que les jumeaux n'y aient pas eu droit. À une époque dans ce cas c'était une véritable crise des deux, devenant totalement ingérable. Maintenant c'est plus une très grande difficulté à trouver le sommeil. Jamais ils ne l'avoueront devant d'autres, commençant tout doucement à rentrer dans cette période de l'enfance qui refuse que l'on sache que l'on fait encore des choses de petits. Mais je peux vous assurer que ce moment de la journée c'est celui qu'ils attendent avec le plus d'impatience. Si au début c'était Hikaru qui s'en chargeait, depuis maintenant une petite vingtaine d'année c'est Kiko qui a pris la relève. Ses histoires à elle sont moins chargées d’apprentissages et de valeurs comparé à celle de leur père. Et ceci est encore plus vrai aujourd'hui, depuis qu'ils ont fuit les Bains du Lotus Blanc, elle cherche a les rendre plus légères, jugeant qu'ils ont plus besoin de distraction que de se voir inculquer plus de savoir. Ça a été un choix difficile pour elle, mais c'est le chemin qu'elle a choisi de prendre. Manano ? Elle se trouve trop grande pour un tel moment, elle aimerait encore pouvoir les écouter mais pour ça il faudrait reconnaître que du haut de ses douze ans elle est encore une enfant. Oui en effet, en temps normal elle le serait encore mais aujourd'hui les enfants ne mûrissent plus de la même façon. Rares sont ceux gardant encore cette innocence qui est encrée chez les jumeaux. La petite fille de la tenancière de la taverne n'a pas pu la garder, se rendant à l'extérieur pour la chasse elle possède malheureusement un regard plus vrai sur ce qu'est le monde extérieur. La vieille dame essaye de travailler là-dessus, ne voulant pas que Manano ne grandisse que avec cette vision. Seulement ce n'est pas aussi simple que ça, la jeune fille devient plus indépendante et a tendance à s'éloigner de sa grand-mère.

Mais pour revenir à l'instant présent. Kiko se trouve confortablement installé dans un siège taillé par le Doton, recouvert de pas mal de coussins pour lui assurer une assise digne de son âge. Il ne faudrait pas qu'elle se bloque le dos. La chambre de jumeaux n'ayant aucune fenêtre n'est éclairé que par une bougie non loin de la vieille dame tenant un calepin. C'est dans celui-ci qu'elle retranscrit à l'aide du chakra les histoires qu'elle compte. Une façon de permettre à ces deux garnements de garder une trace de leurs enfances … Mais si elle le fait c'est surtout pour que toujours ils puissent avoir un souvenir palpable et en même temps volatile de ce qu'elle a été pour eux. Si Kiko les a toujours connus haut comme trois pommes et même moi, eux ne l'ont pas toujours vue aussi ridée. Oui elle était déjà vieille à l'époque mais le temps n'a jamais eu le même effet sur eux jusqu'à ce qu'ils se rendent sur Onogoro. Et encore, connaissant leur père elle ne mettrait pas sa main à couper sur le fait que maintenant elle se trouve sur la même temporalité. Si au début cette différence ne l'avait jamais dérangée, au fur et à mesure qu'elle s'était accrochée à eux un peur avait grandie. Bien que ce soit égoïste comme pensée et dangereux pour eux, elle est heureuse qu'ils se trouvent avec elle. Avec un peu de chance elle pourra voir leur premier amour, le moment où ils claqueront la porte en criant après elle … Les avoir connu sur Pando a toujours été porteur du fait qu'elle ne pourrait que les connaître sous un certain âge. Mais si le temps est avec elle, il sera peut-être possible de les voir grandir.

Aki : Kiko ! Tu attends que l'on dorme pour lire l'histoire ?!

Bien que sur de lui dans le ton il ne manque pas de bâiller en se frottant les yeux la fatigue mais aussi le fait que sans ses lunettes il voit flou. En parlant de cette action, la vielle en fait autant, mouvement échappant totalement aux jumeaux emmitouflés dans leur couverture. Pour elle par contre le geste est pour sécher une larme.

Kiko : Si seulement c'était possible ! Laissez-moi juste un peu de temps, je vous rappelle qu'hier nous avons terminer l'histoire du Cerf au lac des mille visages. elle prend une profonde inspiration tout en replaçant la bougie pour avoir un meilleur visuel sur ce qu'elle va retranscrire Il était une fois dans un pays bien lointain elle commence toujours de cette façon une jeune fille au cheveux de braise et au tempérament du feu. Elle répondait au nom de Yokuokitahi mais tout le monde dans son village lui donnait le nom de Yoku. Elle était connue pour n'écouter personne, que ce soit les habitants ou sa famille, ceux qui avaient encore moins échos à ses oreilles ce ne sont ni plus ni moins que ses parents. Et pourtant ceux-ci ont tout essayé mais en vain. Arrivé à un tel point où Yoku préférait s'en prendre aux plus jeunes afin de leurs soutirer les friandises dans leurs poches au lieu d'aider à la ferme. Ses parents commençant à se faire vieux, ils avaient du mal à tenir la totalité des bêtes bien qu'aidé par le frère aîné de cette jeune ... elle regarde les deux garnements, ronflant déjà, il faut dire qu'au camp les journées sont bien plus épuisante que celle de la vie qu'ils avaient eu jusque là fille.

Elle prend quelques secondes à regarder les jumeaux, à la voir comme ceci on ne pourrait jamais se douter qu'elle ne possède aucun lien de sang avec ces enfants. Elle se lève avec un peu de difficulté, s'appuie sur Punition pour déposer un baisé sur le front de chacun.

Kiko : Mes tous petits.

Elle hésite un instant à souffler la bougie, se rappelant de la peur d'Aki du noir. Si jamais elle ne veut pas être réveillée en pleine nuit sous les cris de ce garnement il vaut mieux laisser celle-ci se consumer.

Ça fait quelques jours que le camp est plus calme qu'à son habitudes et que la taverne du Lotus Blanc ne tourne plus à la même vitesse. Il faut dire qu'à force les jumeaux ont vraiment trouvé un bon rythme même si ça fait deux semaines que celle-ci est ouverte. Entre Kiko préparant les repas, Manano donnant parfois un petit coup de main quand son planning le permet et les jumeaux il faut dire qu'un rouage bien huilé s'est mis en place. Pourtant, depuis deux jours celui-ci connaît un sacré ralentissement. Si au début avant ces deux-ci il n'y avait qu'un ralentissement, maintenant il était bien pire. Haru avait pu donner un coup de main bien que fiévreux, s'occupant uniquement de la vaisselle pour éviter d'infecter tous les habitants. Mais depuis le deuxième jour de ce mois, le petit noiret est tout simplement cloué au lit. La déclaration de Kiko, le disant à qui le veut que ce n'est rien d'autre qu'une petite grippe, est tout ce qu'il y a de plus plausible. Cependant, pas mal d'habitants demandent tout simplement pourquoi Haru n'est pas tout simplement envoyé chez Shinsetsu ? Après tout, il serait totalement capable de le remettre sur pied en un claquement de doigt. Sur ce point aussi la vieille dame a une réponse, si jamais les garnement ne sont soumis à des maladies ça risque très fortement de leur jouer un mauvais tour par la suite. Si jamais ils ne tombent malades et se soigne avec une petite médication, ils finiront tout simplement par avoir une défense beaucoup trop faible par rapport à tout ce qui les entours.
Si c'est vrai, pourquoi dans ce cas Aki est si calme et si inquiet ? Une grippe ne risque pas de faire beaucoup de dégât après tout non ? C'est tout simplement car ce qui est déclaré par la vieille est totalement faux. Si Haru n'est pas là, oui c'est bien parce qu'il est malade. Mais ce n'est pas juste un peu de fièvre. Non, ça a l'air bien plus grave que ça. Son corps est brûlant et il lui arrive même de temps en temps de tomber dans une certaine folie fiévreuse. Son corps tente ben de combattre le mal qui le touche mais sans aucun résultat. L'attente est longue pour toute cette petite famille, le plus inquiet reste le blondinet, ne comprenant pas pourquoi ça prend autant de temps. Deux heures entières sur Pando, et même un peu plus à vrai dire. Comment ça se fait que son frère n'est pas encore revenu. Ça représente tout de même plus d'un mois ! Normalement avec tous ces médecins ultras compétent il devrait être totalement possible de le remettre sur pied en deux deux.

Aujourd'hui, la taverne du Lotus Blanc a fermé ses portes un peu plus tôt. Kiko a tout simplement mis tout le monde à la porte sans que qui que ce soit ne puisse aller à l'encontre de ce choix. Il faut dire que les habitués ont été très compréhensif, entre ce côté très directeur de la petite vieille et le fait que Haru soit malade a été suffisant pour que tout le monde décampe. Pourquoi une telle mesure ? Tout simplement parce qu'elle venait de recevoir des nouvelles. Aki ne tient plus en place, si son frère revient ça veut tout simplement dire qu'il va mieux.

Tout va très vite, un portail entre l'étage du Lotus Blanc et Pando est ouvert. Le blondinet avait espéré pouvoir voir Hikaru et Kets, mais non. C'est le visage d'un homme inconnu qui s'affiche au travers de cette porte. Haru est couché sur un lit, un linge humide sur son front, le visage couvert de sueur.

 ??? :Hikaru m'a demandé d'entrer en contacte avec vous. Je suis désolé mais nous ne pouvons rien faire pour Haru.

Aki : Comment ça ?!

Kiko pause sa main sur l'épaule d'Aki, un geste rassurant pour l'enfant.

Kiko : Je suppose que vous avez d'autre instruction.

 ??? :Oui, oui tout à fait. Hikaru m'a demandé de vous dire de prendre contacte avec un certain Shinsetsu. C'est un conseil donné par les Panda Roux de ce que ton père m'a indiqué.

On peut lire l'étonnement sur les deux visages. Que peut bien avoir en plus le médecin de ce camp que les habitants de Pando ? Normalement, un médecin pouvant avoir quelques centaines d'années devrait être bien meilleur. Et pourtant c'est vers Shinsetsu qu'il faut se tourner.

Kiko : Est-ce que c'est grave ? elle traverse le portail avec l'enfant, tout en gardant le portail ouvert

 ??? :Je ne pourrais pas le dire. Tout ce que je sais, c'est que mise à part le stabiliser nous n'avons rien pu faire. Mais Hikaru m'a dit que les Pandas Roux ont bons espoirs que ce fameux Shinsetsu

Une fois Haru posé dans son lit et le portail coupé Aki se met directement en route laissant Kiko s'occuper de son frère. Il y a eu un bref échange de regards entre l'enfant et la vieille. Il en disait long. Faire appel à Shin allait avoir un certain contre coup sur la façon d'on ils pourraient être vu au camp. Il n'allait pas pouvoir ausculter le noiret sans voir ce que les enfants cachent en permanence. D'ailleurs le petite malade ne porte pas de bandage sur le bas de son torse comme à son habitude. Ses queues de renardeau se retrouvaient libres. Le choix pourtant a été rapidement tranché. Il vaut mieux prendre le risque de laisser le Doc voir cette nature que de laisser Haru malade.
Le blondinet pique le meilleur de ses sprints vers la tante de Shinsetsu. Il est inquiet, heureux de peut-être encore avoir une solution pour soigner son frère mais cette idée de dévoiler le fait qu'ils sont en parties des Yokaïs c'est prendre le risque de se voir chasser du camp. Ça le turlupine en effet mais la santé de Haru est bien plus importante.
Sans chercher à savoir si le Shin est occupé ou non l'enfant déboule dans la tante.

Aki: Doc ! Doc ! Haru a besoin de toi ! Il ne va pas bien ! faut-il lui en parler maintenant ? Non, il vaut mieux pas, des oreilles peuvent traîner dans les parages Vite ! Suis-moi !

L'enfant repique le meilleur de ses sprints vers la taverne du Lotus Blanc, surveillant que le Doc le suit bien. Montre quatre à quatre les escaliers menant à l'étage. Shin est la première personne entrant dans ces appartements. Le blondinet le tire par la main vers la chambre qu'il partage avec Haru. Le petite malade est installé dans son lit, toujours le bout de tissue humide toujours sur son front. La couverture couvre son corps pour le garder au maximum au chaud comme l'avait conseillé l'inconnu.

Kiko : Bonjour Shinsetsu. Je te demanderais de … s'il te plaît quoi qu'il arrive soigne ce petit. ses yeux sont humides

Aki : C'est les Pandas Roux qui nous ont conseillés de faire appel à toi Doc. l'enfant ne tient plus du tout en place, Kiko lui fait un signe de la tête, tout va se jouer à ce moment Doc. Je t'en supplie soigne le. Je te jure que l'on est pas méchant et que l'on est gentil. On est là pour vous aider. Je te jure, c'est pas parce que l'on vient un peu du même endroit qu'eux que l'on est comme eux. des larmes coulent sur ses joues, il est vraiment inquiet de la façon d'on le Doc va réagir, il retire son t-shirt dévoilant les bandages sur le bas de son torse Je t'assure, on est vraiment des gentils pas comme eux. Il faut que tu soignes mon frère.

Un peu gêné Aki retire les bandages, au fur et à mesure que ceux-ci tombent une première queue de Kitsune se dévoile. Engourdie de rester toute la journée immobilisée et une deuxième suit.

Aki : Je te jure Doc on est pas comme les monstres dehors !

Le regard humide et larmoyant laisse tout de même transparaître une grande détermination. Après tout, si le Doc ne peut pas ou ne veut pas le soigner, qui le fera ?

Je reste quelques instants interdits devant Aki. Le garçon est ruisselant de sueur, je parie qu’il sort d’une course effrénée. Lui qui d’habitude est le plus solide des deux enfants, il est complètement désespéré. J’ai entendu parler de la grippe de son frère, bien entendu : cela fait deux jours qu’elle traine, et la rumeur m’est parvenue. Comme Kiko ne m’a rien demandé, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Elle a bien plus à cœur que quiconque la santé des deux petits, alors je me suis dit que ça ne devait effectivement n’être rien d’alarmant. Mais à en juger par l’attitude de son frère, il semble que ce ne soit pas le cas. J’ai un pincement au cœur, que je m’efforce de réprimer au plus vite. Dans ce type de situation, le médecin est le seul qui n’a pas le droit aux états d’âme. Il faut garder son cœur emmuré, afin de réagir avec objectivité. J’apprécie beaucoup ces deux enfants, qui amènent une vraie joie de vivre à ce camp. Une étincelle qui manque parfois dans le regard de ceux qui ont survécu. Y compris dans les miens. Je dépose délicatement mes instruments de travail et m’apprête à faire un signe à l’un des infirmiers qui prenait sa pause. Je n’ai même pas le temps, il est déjà près de nous.

« Allez-y. Je m’occupe de ça. »

« Merci Seishu. Je te suis Haru. »

Le petit bonhomme courut comme un dératé, moi sur ses talons. Je n’en affichais rien, mais je commençais moi aussi à être très inquiet. C’était bien la première fois que je voyais l’enfant aussi terrifié. Et quand j’aperçus Kiko, en entrant dans la chambre, ce fut encore pire. La vieille femme était larmoyante, au pied du lit, et sa faiblesse crevait les yeux à cet instant. Je m’empressais de fermer la porte derrière moi pour lui épargner qu’un visiteur inattendu puisse assister à cette scène déchirante. Je sursaute en l’entendant parler, si bien que j’en oublie de répondre à son salut.

** Quoiqu’il arrive ? Qu’est-ce qui se passe ici au juste ? **

C’est avec une légère méfiance que je m’approche du lit du comateux. Méfiance qui s’envole aussitôt en voyant l’état dans lequel il se trouve. Sa fièvre semble extrêmement forte. Heureusement, des réflexes salutaires semblent avoir été mis en place. C’est basique, mais essentiel de placer un malade dans les meilleures conditions de rétablissement possibles. Couvertures, linge humide. Tout le monde peut penser à cela, mais personne n’y pense jamais pourtant. Mais même avec ces précautions, son état semble grave. Il a atteint un stade de fièvre où les délires font leur apparition, ce n’est pas bon signe du tout.
Les paroles d’Aki achèvent de me faire prendre conscience que quelque chose ne tourne pas rond et qu’il me manque des éléments. Pourquoi les aurais-je pris pour des monstres ? Pourquoi est-ce que je refuserais de soigner ces deux enfants ? Je suis là depuis un moment, je ne leur ai jamais donné une raison de croire que je pourrais même envisager de refuser. D’ailleurs, ce n’est pas le cas. Aussi, leur attitude n’est pas logique.  Je vois bien leur panique, ils semblent craindre quelque chose et être au bord du précipice. Pour le moment, je me contente de ne rien dire et d’attendre. Si je les presse, je risque juste de provoquer une réaction négative. S’ils croient, d’une façon ou d’une autre, que je pourrais refuser, et qu’au final ils ne me disent rien en croyant protéger l’enfant, ce serait pire que tout.
Et l’élément manquant vient au fur et à mesure que s’écoulent les sanglots de Haru. La vérité apparait au grand jour une fois les bandages retirés. Deux queues de fourrures, de couleurs bleue et marine qui étaient repliées sous les bandages, se déploient. Je me rapproche, entre stupéfaction et émerveillement, et j’attrape délicatement les deux pièces de fourrure entre mes doigts. Du chakra pur en émane, je le ressens comme des picotements au bout de mes doigts. Comme si je touchais de l’électricité à faible voltage.

« Un Kitsune … »

Ce simple nom, sortit avec tant de naturel, semble étonner les deux autres. Suffisamment pour faire cesser les sanglots, en tous cas, et freiner la scène qui se déroule. La stupeur me fait perdre quelques précieuses secondes, je la chasse dès que je m’en rends compte. Je tourne mon regard vers Kiko et Aki, comme pour leur poser des questions, mais je ferme la bouche avant de les avoir prononcées. Ce n’est pas le moment. Soigner cet enfant est la priorité. Peut-être qu’une fois que cela sera fait, je n’aurais plus aucun espoir d’obtenir des réponses. Peut-être. Mais aucun secret ne vaut une vie à mes yeux. Et apparemment, les pandas roux étaient aussi de cet avis puisqu’ils les avaient orientés vers moi assez facilement …
Je récolte quelques informations basiques en premier lieu. Température, ganglions. Ce genre de données peut avoir leur importance. Cet examen superficiel accompli, je prends quelques secondes de réflexion, avant de prendre de nouveau les queues de fourrures entre les doigts.

** Se pourrait-il que … **

Tout en réfléchissant, je réalise que je n’ai toujours rien dit depuis que je suis ici. Or, la situation semble angoissante pour mes deux compatriotes. Autant à cause de l’état de l’enfant, qu’à cause des révélations qu’ils viennent de concéder.

« Je vais faire tout mon possible pour le sauver. Les monstres ne sont qu’un concept. Quelque chose qui se cache à l’intérieur des êtres vivants. Tous les yokaïs ne sont pas des monstres. »

Je m’arrête ici pour l’instant. Les secrets se dénoueront d’eux-mêmes. Ce dont ils ont besoin, en cet instant, c’est d’être rassurés. C’est que j’obtienne un résultat.
Tout en activant l’Hebigan afin d’examiner plus attentivement le corps du garçon, j’écarte la couverture qui recouvre Haru. Puis je délie les bandages qui recouvrent son corps afin de sortir les queues de fourrures qu’il possède également. Logique. J’ai un regard en coin vers Kiko. Elle aussi est un Kitsune ? Je dois lui poser la question, plus tard. Il est rare que les yokaïs choisissent des enveloppes corporelles aussi âgées mais pas totalement impossible non plus.
Enfin. Le Hebigan me confirme ce que je pensais. Et la sensation des deux queues est différente de celles de son frère. Je crois que je sais ce qu’il se passe. Chez Haru, ce qu’on pourrait appeler le voltage est intermittent.
Tout en remettant la couverture en place, je pose mon sac sur la table de nuit afin de sortir de quoi préparer une concoction. Si j’ai raison, je vais devoir utiliser la médecine yokaï.

« Dites-moi, Haru est capable d’accumuler du chakra naturel ? Ou l’un d’entre vous ? J’aurais besoin de deux choses : que l’un de vous en accumule pour lui et le lui transmette. Je le ferais si vous ne pouvez pas, mais je préfère économiser mes forces pour exécuter la technique de purification. Ensuite, existe-t-il un moyen de lui faire reprendre sa forme originelle autrement qu’en le forçant à s’éveiller via des médications temporaires ? Ce serait moins dangereux si c’était possible. »

Tout en leur laissant digérer les informations et envisager les questions, je continue encore un peu en leur expliquant ce qu’il se passe :

« Ce qu’il a n’est pas vraiment une maladie. C’est plus un déséquilibre intérieur. Peut-être lié à un traumatisme, ou une conséquence de sa croissance. Son chakra est perturbé, pour faire simple, et l’empoisonne de l’intérieur. Si vous touchez les queues, vous le sentirez, vous aussi : le chakra ne circule pas normalement. Ce n’est pas exactement propre aux yokaïs, mais c’est plus fréquent car cet équilibre est plus fragile chez eux. Surtout qu'ils s'éveillent au chakra bien plus jeunes. Le problème, c’est que même parmi les habitants de Chikyuu, il y en a assez peu qui disposent de moyens pour résoudre ce problème. »

Tout en parlant, j’achève la médication, que je laisse sur la table de nuit, juste au-dessus d’un réchaud afin de la faire fumer. Une fois que la fumée emplira la pièce, on pourra passer à l’action.

« Kiko, Aki. Je vais devoir vous demander à mon tour de faire preuve d’ouverture d’esprit. Notre situation n’est pas exactement la même, mais … Enfin, ce n’est pas un secret que je garde par plaisir mais plutôt par nécessité. Même ailleurs qu’à Onogoro, peu savent. Tout ça pour dire … Moi non plus, je ne suis pas un monstre. »

Mon apparence changea en à peine un clignement de paupière. Face à eux se tenait désormais un serpent aux écailles blanches, au corps enroulé plusieurs fois sur lui-même pour se permettre de tenir dans la pièce dans laquelle ils se trouvaient. La souplesse compensait son corps gigantesque. Et sur son front, se trouvait une marque inconnue pour les habitants d’Onogoro, mais que les jumeaux pouvaient sans doute reconnaitre : la marque de Benzaiten, signifiant son appartenance à la famille Kiyohime. Chez moi, elle était partiellement délavée sur l’extrémité gauche, comme légèrement effacée. De cela, aucune explication n’était connue, même parmi les miens.

Spoiler:

Ma voix, cependant, était restée la même. Un peu plus sifflante, peut-être. Et plus puissante, à cause de l’écart de taille dans ma morphologie.

« On en discutera après. Sous sa forme Kitsune, il sera plus réceptif aux fumerolles, je n’aurais plus qu’à lancer la technique de guérison. Vous êtes prêts ? »

La tension est palpable jusqu'au moment où le Doc prononce le nom des ancêtres, ou tout du moins une partie, des jumeaux. Tout de suite ça redescend, la pénombre des lieux n'aide pas. Kiko n'avait pensé qu'à allumer quelques bougies comme à l'habitude mais cette fois-ci il en faudrait plus. Aki a pratiquement envie de se laisser tomber en arrière. Si les Pandas Roux ont conseillés de prendre contact avec le médecin du camp et qu'en plus celui-ci puisse directement reconnaître un Kitsune ne peut dire qu'une chose. Ou en tout cas c'est ce que tous deux espères.
Bien que plus légère, le silence de Shinsetsu remet une nouvelle tension dans la pièce. Elle n'a rien à voir avec la première qui était teintée de peur. Ici, le voyant commencer à ausculter le noiret c'est plus de la curiosité mêlée à de l'impatience de savoir si oui ou non il peut faire quelque chose.
Maintenant que la pièce est plus éclairée les murs et le sol se dévoilent tels qu'ils le sont vraiment. De la pierre brute recouverte des symboles et de sceaux inachevés. C'est ici que les jumeaux s'entraînent réellement au Fuinjutsu, à l’abri des regards vu l'inexistence d'ouverture vers l'extérieur sur l'étage.
Haru tousse de façon très grasse, comme seul les malades peuvent le faire.

Aki : Oui ! On peut mais je pense pas qu'il puisse le faire ! Je vais m'en occuper !

Kiko : Je vais le faire Aki, ça sera plus rapide et je doute que Haru puisse lever le sceau seul.

La vielle a raison et le benjamin le comprend tout de suite. Tous deux sont rassurés de voir qu'apparemment le Doc a déjà trouvé la source du problème. Le blondinet s'approche de son frère et comme pour s'assurer que ce que Shin vient de dire est juste prend l'une de ses queues de Kitsunes en main. C'est vrai que l'énergie qui s'en échappe est faible, comme si la totalité de son chakra était pratiquement épuisée. Non, c'est même pire, il y a comme quelque chose de pratiquement imperceptible montrant un changement. Le quel ? Sans les mots du Doc jamais il n'aurait pu le ressentir. Mais oui, il y a comme une interférence dans ce qui s'échappe.
Kiko est en pleine méditation, essayant de récolter une dose de chakra suffisante pour soigner l'enfant tout en en laissant une bonne quantité au alentour pour qu'il puisse continuer à prospérer.

Ce camp est vraiment peuplé de gens étranges. Si penser que les enfants d'Hikaru sont les seuls à sortir du lot génétiquement parlant c'est se fourrer le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude. C'est en tout cas ce que vent de montrer le Doc en dévoilant une autre forme de lui.

Aki: Wahouuu...

La surprise lui échappe, il oublie tout ce qu'il se passe autour de lui entre le moment où le serpent prend place dans la chambre des jumeaux et l'instant où sa voix le rappelle à l'ordre. Son attention n'est portée que sur cet être qui se présente à lui. Aucun doute, un Yokaï d'une famille très réputée. C'est la première fois qu'il en voit un autre que les membres de sa famille de sang.
Kiko elle aussi reste sans voix dans un premier temps, ne s'attendant absolument pas à une telle tournure. Mais contrairement au petit démon elle fait directement le rapprochement de pourquoi c'est vers lui qu'ils ont été envoyé. Elle ne peut comprendre sa nature par son manque de connaissance sur le sujet mais voir une telle créature sous ses yeux ne peut que lui montrer le statut spéciale de Shinsetsu. Elle aussi se voit rappelée à l'ordre par les paroles du Doc. Elle hoche de la tête en signe d'approbation, en parler maintenant n'est vraiment pas une bonne idée. Par contre par la suite les questions fuseront.

Aki pause ses deux mains au niveau du ventre, là où se trouve un sceau invisible. Les jumeaux n'ont pas activé celui-ci depuis bien longtemps. À vrai dire Aki ne saurait même pas dire quand lui a repris sa véritable forme. Kiko elle prend l'une des mains de Haru, prête à partager le chakra naturel qu'elle vient d’emmagasiner.
Le blondinet n'est pas totalement certain qu'il pourra activer le sceau à la place de son frère mais il n'en a pas trop le choix. Afin de se donner le plus de chance il active un autre sceau, pas entièrement afin de juste offrir une meilleure résonance entre son chakra et celui de Haru. Il regarde tout de même du coin de l'oeil le Doc, le voir dans cette forme est vraiment étrange. De la peur ? Non absolument pas, plutôt une forme d'admiration.

L'enfant insuffle finalement une petite dose de chakra dans le sceau de son frère. À peine celui-ci désactivé que des oreilles de renard aux poils noirs prennent place sur le sommet de son crâne. Un gémissement de sa part laisse entrevoir ses dents pointues, une partie de son tronc se recouvre également d'un pelage de la même couleurs. Sans parler de ces griffes qu'il possède maintenant aux bouts de ses doigts.

Aki : Pour le moment on ne pourra pas faire mieux Doc, ou alors faudrait beaucoup plus de temps et je ne sais pas si on en a.

Kiko : Je suis prête.

PV & Chakra: