Mission de rang C : Troubles en bord de mer

S’il y a bien un endroit de l’Empire dans laquelle je n’aime pas aller, c’est les régions foudroyées. Entre le relief qui n’en finit jamais de monter et descendre, et la météo plus que désastreuse, c’est une zone clairement éprouvante, Shiro a même dû retourner à Chikyuu tellement elle ne ne la supportait pas. Et je ne parle même pas des autruches foudroyantes, la seule monture manœuvrable ici. Pas question de faire la sieste sur leur dos, ou d’admirer le paysage, c’est qu’elles ont un sale caractère ces bêtes !

Je réussis quand même à avoir un peu de repos en arrivant à Raimari, la capitale. Ce n’est certes pas une aussi grande ville que Taki, et elle est loin de Shi no Kuni en termes de confort, mais j’ai au moins pu y trouver un poste de l’armée impériale pour me poser et reprendre mon souffle avant de me diriger vers le temple d’Akikaze, situé au cœur de la ville. Je soupire en avalant la dernière gorgée de ma tasse de thé, et je jette un dernier coup d’œil à l’ordre de mission avant de repartir.

Citation :

Troubles en bord de mer
Rang C
Equipe convoquée :
*Kai Uzumaki (chuunin)
*Shigure Nara (Genin, sans équipe)

Client :Disciplines de la Traque et de la Défense impériales

L’activité des pirates semble s’intensifier au large des côtes ouest de l’Empire. Plusieurs pillages ont été rapportés par différents villages côtiers. Votre mission est d’enquêter sur la raison, et éventuellement la nature de ce regain d’activité. Passez récupérer Shigure Nara au temple D’Akikaze au pays de la Foudre sur le chemin pour qu’il vous assiste. Il n’a donné presque aucun signe de vie depuis que l’Église de la Foudre l’a convoqué, il y a six mois, et aurait bien besoin d’un rappel à l’ordre, ainsi que d’une remise en jambe.

Depuis la fin de la guerre, le village caché de Yuki se fait discret, mais des événements récents sur l’île de Hoto mènent à penser qu’ils se seraient alliés au clan Tejinashi, et qu’ils utiliseraient les pirates comme mercenaires. Soyez prudents et évitez tout affrontement avec les forces de Yuki, nous ne savons pas à quel point ils sont nombreux, ni compétents.

Objectifs :
*Retrouver Shigure Nara et le convaincre de vous accompagner.
*Obtenir des informations sur l’activité des pirates.

Récompenses :
*250 drâkes
* 1 breuvage de vie

Des missions dans ce genre, il n’y a que ça en ce moment : de l’agitation aux frontières, des ninjas tire-au-flanc à ramener à Taki, à croire que la situation va bientôt dégénérer. Enfin, si ça arrive, il faut bien s’y être au mieux préparé. D’ailleurs, ce Shigure Nara, je l’ai déjà croisé au club fuinjutsu du blaireau. Une seule fois d’ailleurs. C’est peut-être pas plus mal, il avait certes l’air doué, mais vraiment pas assez sérieux, je le vois mal aller très loin dans cette matière. Ni dans la hiérarchie d’ailleurs : je l’avais recroisé à l’examen chuunin, au moment du pointage, et sur le tableau d’affichage, qui le notait disqualifié. J’ai du mal à voir pourquoi l’Empire ne cherche pas à former des ninjas plus assidus, plutôt que de s’obstiner à mobiliser des gens qui n’en ont visiblement pas grand-chose à faire. Enfin, je suis bien obligé de m’y plier pour l’instant, vu mon grade.

Je finis par arriver devant le temple d’Akikaze, un sacré bâtiment par rapport au reste de la ville.
Alors que je commence à m’approcher, un prêtre en sort en courant, l’air terrifié, je n’ai même pas le temps de l’arrêter pour savoir ce qui se passe à l’intérieur du temple. Je n’aime pas ça.
Je rentre prudemment dans le temple en sortant un parchemin et un pinceau quand j’arrive près du sanctuaire.
Ravitaillement d’un animal : corbeau (-35 chakra)
Le corbeau s’envole vers l’intérieur du temple, et disparaît quelques secondes après avoir pénétré le sanctuaire, me montrant ce qu’il y a à l’intérieur. Un prêtre étalé sur le sol, qui a l’air d’avoir reçu quelques brûlures, et un jeune homme blond endormi sur le socle de la statue, et qui a d’ailleurs dû se prendre pas mal d’encre au visage quand le corbeau a disparu. Je n’aime pas ça.

Je me précipite à l’intérieur du sanctuaire pour porter secours au moine blessé. Et, alors que je m’approche de lui, le jeune homme semble se réveiller. C’est à ce moment que je me rends compte du chakra qu’il dégage, j’ai rarement vu ça, même Hakuba, un junin, Uzumaki qui plus est, est à peine comparable. Je me prépare au pire au moment où il se relève, jusqu’à ce que je voie apparaître un sourire moqueur que je connais bien, qui me permet de reconnaître quelqu’un dont l’encre me cachait les traits jusqu’à maintenant.

« Shigure Nara ? » Je sors l’ordre de mission pour le lui tendre. « Tu as une mission, tu veux bien te débarbouiller pour qu’on puisse discuter dans un endroit plus adapté ? »

La vie d’élu est d’une douceur ! Depuis le jour de ma naissance, je n’ai pas connu de période plus agréable. Depuis que ma communion avec ce qu’ils appellent tous le dieu du Tonnerre, que je définirais simplement comme étant une grosse voix vaguement décryptée dans le fracas du tonnerre, l’Eglise d’Akikaze toute entière porte sur moi un regard chargé de respect. Parfois, un peu de jalousie. Ou de terreur. Et je me surprends à penser que ce n’est pas mal du tout. Personne ne me dérange jamais pour rien. Le grand prêtre, parfois, m’assène quelques phrases pour me rappeler mon devoir, de vieux textes que ses prédécesseurs ont imaginés à partir de rien. Personnellement, je n’ai rien entendu de semblable dans le grondement de la foudre … mais bon, j’aime qu’on me laisse en paix. Alors j’essaie de contenter un peu tout le monde de mon mieux, pour l’être le plus longtemps possible.

Je porte maintenant les espoirs de quelques personnes. Beaucoup de personnes, même. Et on n’est jamais certain de pouvoir y répondre, dans la mesure où on est jamais certain de quoi que ce soit. En même temps, s’ils se bercent d’illusions, ce n’est pas de ma faute. Je n’ai jamais rien demandé de tout ça. Franchement, je mentirais en affirmant que ça ne me pèse pas du tout. J’ai l’impression d’usurper un rôle qui n’est pas le mien : un élu, qui doit suivre les paroles d’Akikaze afin de guider le peuple de la foudre vers un avenir glorieux. L’indépendance retrouvée, une force écrasante, ce genre de choses. J’ai plutôt l’impression que je sers de prétextes à leurs ambitions politiques défaillantes. Fondamentalement, je n’ai jamais rien eu contre l’Empire, au contraire. Alors me retrouver égérie d’un mouvement qui vise à s’en démarquer ne me fait pas trop plaisir. Si encore le Tonnerre m’avait effectivement parlé de tout ça ! Mais il n’en est rien.
Heureusement, j’arrive encore à dormir malgré tout. C’est beaucoup plus simple de se tenir à distance de tout ça pour le moment. D’attendre une prochaine communion. Ou simplement de ne plus avoir le choix. Procrastiner. Un jour, ça va m’exploser en pleine figure et il y aura fatalement des conséquences. Tout ce que je peux espérer, c’est avoir trouvé une solution d’ici là. Ou alors que le fameux Akikaze m’ait donné une véritable voie à suivre.
Dossier en attente, messieurs-dames.

Ces derniers jours ont été éprouvants. Les prêtres se sont mobilisés afin de mettre à l’épreuve la puissance qui m’envahit depuis la communion. Pour de bon, sans détours. On en a fini ce matin. Et je crois qu’ils ne recommenceront pas tout de suite. Pour être honnête, je me suis terrifié moi-même. Avoir de la légitimité fait plaisir. Être puissant également. Sur le coup, je me suis senti bien. Mais maintenant que la tension est retombée … Je dois bien avouer que j’ai très peur. J’ai toujours eu des facilités et je n’ai jamais déployé beaucoup d’efforts pour devenir un monstre. Mais là, c’est invraisemblable. Au point que je finis par croire à leurs histoires. Les prêtres ont beau afficher clairement leur peur, elle ne sera jamais aussi grande que celle que je ressens.
Je n’aime pas combattre. Je n’aime pas spécialement la violence. LA seule chose que j’aime dans les combats, c’est leur aspect tactique. Chercher la faille, la trouver, vaincre par l’intellect. Ce genre de puissance incontrôlable, et écrasante … Si seulement je pouvais m’en débarrasser. Elle m’enlève la seule chose que j’aimais vraiment dans mes anciens devoirs militaires.
En plus de me faire clairement sentir que je n’ai plus qu’un contrôle partiel de mes propres techniques. L’impression que je ne suis pas suffisamment fort pour me contenir moi-même. Que je suis dangereux.

Et l’Empire finira par me rappeler. On n’échappe pas au temps qui passe, et au monde qui avance. La réalité s’engouffrera dans le temple et me rappellera dans le vrai monde. Que ferais-je, à ce moment-là ? A part dissimuler le plus habilement possible ma vraie puissance pour ne pas avoir à l’utiliser, et ainsi laisser mon entourage loin du danger que je représente.

Je réfléchis beaucoup trop. J’ai surtout besoin e me reposer pour le moment. Une petite sieste, ça calme les nerfs, et un esprit apaisé se fait moins de mouron.
Je m’installe confortablement sur l’un des murets qui bordent la salle d’entraînement à ciel ouvert du temple. Et j’enfile un doigt de pied directement dans une prise électrique. Oui, il y a quand même des effets sympathiques à avoir un dieu pour meilleur ami pour la vie. Par exemple, faire des siestes du feu de dieu (elle est bonne, hein ?), quand tu dors relié à un courant électrique. Va savoir pourquoi, mon corps adore ça. Et je me sens vraiment très bien.


Ma tendance à la narcolepsie a eu un impact imprévu sur ma vie de tous les jours. En particulier, elle m’a permis de connaître toutes sortes de réveils plus surprenants les uns que les autres. Parmi eux, l’eau est un grand classique. La claque surpuissante de ma mère, aussi. Mais celle-là on ne me l’avait jamais faite.
Mes paupières s’ouvraient alors qu’un bruit de plumes saccadé me parvenait aux oreilles. Un ange qui passait par là ? Je ne serais plus à ça près, et j’ai toujours rêvé d’en rencontre un.
Alors que la brume du sommeil se dissipe, je m’aperçois que ce n’est pas ça du tout. Il n’y a là qu’un corbeau au plumage de nuit. Il me regarde fixement de ses petits yeux ronds, tout aussi noirs que ses plumes. Puis, soudain, il m’explose à la figure, m’aspergeant d’une marée d’encre fatale.
Pour rien, comme ça. Juste pour m’emmerder.
En grommelant, je me redresse et retire mon orteil de la prise. Bon sang, c’est quoi cette merde, encore ? Depuis quand on tartine d’encre les honnêtes citoyens ?

Avant que je n’ai finis de me poser ces questions totalement justifiées, un petit bonhomme débarque et m’annonce que l’Empire m’a confié une mission. Un drôle de petit gars avec un bandeau de Chuunin. Tiens en parlant de ça, qu’est-ce que j’ai fait de mon bandeau, moi ? Bah, peu importe.

Une minute. Je connais ce petit gars. C’est Kai ! Je l’ai croisé une fois ou deux. Le petit frère d’Akira, la jeune femme super bien roulée, devenue un homme repoussant à mes yeux. Mon père avait assassiné ma dignité le jour où il m’avait révélé ça … Tellement que je ne voulais plus entendre parler d’elle. De lui. Peu importe.
Je lui tire d’abord une moue désabusée. En parlant du loup, on en voit la progéniture. Mais bon, le sourire naturel revient vite. Ce petit sourire moqueur qui avait tapé sur les nerfs de presque toutes les personnes que j’avais croisées dans ma vie.

« Eh bien. Vous êtes devenu bien cavalier, Monsieur Uzumaki. »

Par réflexe je jette un coup d’œil à mon téléphone. Effectivement, j’ai l’ordre de mission, moi aussi. L’absence totale de consultation de ma boîte mail venait de me prendre au dépourvu. J’avais un deuxième sms, aussi.

« C’est quand que tu reviens ? On a un combat à faire ! Et si tu perds, tu devras préparer un mariage sensationnel ! Et me payer des râmens. T’as pas oublié, j’espère ? »

Yachiru. Je grimace. J’en fais des promesses à la con, moi, parfois. Enfin, il fallait être honnête, sans ses messages réguliers, et même sa visite tonitruante au temple, j’aurais sans doute fondu d’ennui, ici. C’était dur à accepter, mais c’était comme ça. Inutile de me défiler, j’avais oublié l’Anbu aux cheveux rouges depuis longtemps. Enfin, tant qu’elle n’était pas capable de me battre en duel, j’étais tranquille pendant encore un moment. C’était déjà ça. C’était typiquement le genre de choses que j’avais du mal à gérer.

Bon, sinon, mes devoirs de ninja revenus au grand galop attendaient ma réaction. Je me levais, tranquillement, pour me diriger vers un bassin pas très loin. Les anguilles qui flottaient à l’intérieur, et les petites décharges qu’elles envoyaient partout dans l’eau, ne trompaient pas ; c’était un bassin d’alimentation. Pourtant, je plongeais mes mains dedans comme si de rien n’était pour enlever, péniblement, l’encre qui me recouvrait le visage.
Quelle plaie, ce corbeau. Et quelle idée, aussi, de me réveiller à coup de Juinjutsu. Enfin, au moins i il ne me reprocherait pas le temps perdu à me débarbouiller et à me réveiller : c’était de sa faute, pas de la mienne. Du coup je pouvais prendre mon temps, quelque chose que j’appréciais toujours de faire.

Je me retournais finalement vers Kai. Je n’arrivais pas à ressentir son chakra, mais les signes ne trompaient pas. Outre la décoration de Chuunin, pas très instructive en soi, il avait gagné en assurance par rapport à la dernière fois om je l’avais croisé. Enfin, c’était mon impression. Tout le monde devait avoir beaucoup progressé, à Taki. Je ne savais pas vraiment si ça m’intéressait beaucoup, cela dit. Tout ce que j’espérais, c’était pouvoir faire illusion de qualité médiocre pendant toute la mission et qu’il pourrait s’occuper de l’essentiel tout seul.

« Je vous suis, chef. »

Difficile de dire si j’étais ironique ou pas, en apparence. Surtout que je l’ignorais moi-même. C’était juste une habitude, plus qu’une moquerie ou une façon de montrer du respect.

Au premier pas hors du temple, je regardais le ciel par réflexe. Plutôt calme. Enfin, rien d’inhabituel pour le pays de la foudre, en tous cas. Bon. C’était déjà pas mal. Cette emmerde-là ne me poursuivrait pas, aujourd’hui tout du moins.
Je me rappelle de la mission avec Akira. Le pays foudroyé ne semblait pas être trop son domaine de prédilection. Il y avait de fortes chances pour que ce ne soit pas plus celui de son frère. Du coup je pointais le Sud-Est du doigt.

« On doit rallier la côte, c’est bien ça ? Si on contourne par là-bas on peut éviter les plaines foudroyées, et on devrait pouvoir y aller à pieds ouà cheval, et se passer d’autruches. Je ne sais pas quel genre d’approche vous avez prévu, mais si vous préférez une approche discrète, c’est peut-être mieux. »

Simplement des indications, pour manifester un peu de bonne volonté. De toute manière, je savais depuis le début que je n’échapperais pas à l’influence de l’Empire et n’en avait jamais eu l’intention. Donc autant faire les choses au mieux. Si je n’étais pas très chaud pour jouer au ninja, guide touristique ça me convenait tout à fait.
En plus j'étais discret comme tout avec ma tenue de prêtre d'Akikaze.

Le mot étonnement est bien trop faible pour décrire ce que nous avions ressenti quand je m'étais enfin déclaré de retour au sein des autorités adéquates de Taki. Pour tout dire on s'était attendu à tout sauf à ce que l'on me confie directement une mission. Un peu comme s'il avait été convenu d'appliquer cette directive à peine mon nez pointé. Qu'est-ce qui me fait dire ça ? Tout simplement les directives que j'ai eu. Tout simplement retrouver des shinobis aux abords du temple d'Akikaze. Rien d'autre, comme si je devais deviner le reste à moi tout seul. Une sorte de teste ? C'est ce que j'avais pensé jusqu'au moment où Ochi avait relevé un point. Ici tout le monde était doté d'objet technologique. Tout le monde sauf moi, ou pratiquement. Peut-être la personne m'ayant indiqué ce que je devais faire était-elle partie du principe qu'elle pourrait me donner la missive en cour de route. Si c'est vraiment le cas, j'espère encore aujourd'hui alors que j'approche vraiment du temple que l'on me l'envoie à l'ancienne.

C'est donc dans l'ignorance la plus profonde sur ma mission qu'on s'approche tout doucement du temples d'Akikaze. Car oui, il faut pas croire que je suis venu seul. Comme toujours dernièrement je me retrouve accompagné de ma génération. Oui, ça attire un peu le regard, un gamin se baladant avec quatre renardeau ayant chacun une sphère lumineuse et colorée flottant autour d'eux.
Je ressens une sensation très étrange et celle-ci dure depuis mon arrivée sur Onogoro. Pas de doute que ça vient tout simplement de là. Dès l'instant où j'ai remis le pied dans ce monde je me suis senti un peu plus lourd, plus lent et plus fatigué. Je ne sais pas du tout d'où ça peut venir, j'ai bien quelque pistes en tête mais rien de grandiose. La plus probable ça serait tout simplement le changement de chakra, habitué à être entouré par le naturel de façon bien plus importante. Mais bon, c'est sans savoir si ça peut vraiment impacter ou non. De toute façon on arrive sur place, pas totalement proche mais d'ici je sens déjà mon cœur faire un faux bond car je vois déjà une tête connue et même deux. On soupire tous à l'unisson dans l'espoir que je me trompe. L'une m'est plutôt sympathique bien que je ne l'ai pas beaucoup fréquentée, pourtant il m'a dévoilé quelques points plutôt intéressant. Si à l'époque je ne m'étais pas méfié d'une telle confiance il en était tout autre aujourd'hui. Me demandant pourquoi il m'avait à cette époque fait confiance à ce point. Shigure, d'ailleurs il avait même participé à l'ouverture du club de Fuinjutsu. Quand à l'autre visage s'en était tout autre chose. C'est à ce moment précis, alors que je croise les doigts pour me tromper qu'un battement d'ailes attire notre attention. Heureusement que Gumai est là, sans quoi c'est en pleine face ce rouleau m'aurait percuté. Plutôt petit mais tout de même, je préfère éviter tout bleu.
Tout en gardant un œil sur les deux shinobis je me penche pour attraper dans la gueule de ma sœur l a missive qui vient d'arriver. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre. En retenant ma respiration je déroule celle-ci sous les regards des Kitsunes. Je ferme les yeux en soufflant bruyamment.

Sarigenai :On dirait bien que l'on va devoir se coltiner une nouvelle fois le rouquin.

Oni :À croire que le destin fait tout pour que nos routes se croise.

Et c'est peu dire, pour une personne que je veux éviter à tout pris je me retrouve bien rapidement à devoir le fréquenter rapidement. Un coup de Sham ? Est-ce qu'il a encore l’espoir que je me rapproche de lui ? J'en doute, après tout maintenant il a la liberté de pouvoir consulter la bibliothèque des Emplumées. Ce qu'il pouvait perdre ne lui était déjà plus depuis quelques mois. Sans un mot de plus on se met en marche vers le duo. Et dire que ça va être le nabot qui va gérer l'équipe. Je me demande si j'ai la possibilité de refuser celle-ci … J'en doute, de plus il est bien annoté que je dois présenter ce papier à Kai afin de mettre à jour la mission. Si ça se trouve il est déjà même au courant.
On doit un peu presser le pas pour les rattraper, prenant déjà la route vers l'endroit où tout se déroulera.

J'ai un truc pour toi le nabot. sans un mot de plus j'envoie le rouleau vers lui J'ai reçu l'ordre de vous rejoindre, au cas où l'info n'est pas encore remontée à tes oreilles t'en a là preuve là.

Ochitsuita :Ne lui rentre pas trop dedans ou en tout cas pas pour le moment. me murmura-t-il à l’oreille en sautant sur moi

Sarigenai :Quel est la prochaine étape ? Je suppose que tu as déjà un plan Chuunin ?

Aucun doute, c’est bien Shigure que j’ai en face de moi. Le sourire moqueur ne trompe pas, et, même si je l’ai côtoyé que très brièvement, c’est le genre de détail qui reste en mémoire.
Je lui suis du regard alors qu’il avance vers un bassin pour nettoyer son visage, qui en a bien besoin après le coup du corbeau. Ce n’était clairement pas volontaire, mais ça me fait tout de même une bonne idée à retenir pour la prochaine grasse matinée de Akira. Shigure ne semble pas du tout pressé, enfin, je ne vais pas le lui reprocher, je viens de le réveiller en trombe après tout. Et puis, j’ai connu largement pire de manière régulière, mon aîné n’est pas exactement un lève-tôt.
Une fois que Shigure a terminé et m’a signifié qu’on pouvait y aller, je me dirige simplement vers l’extérieur du temple pour commencer à réfléchir à notre itinéraire.

J’allais demander son avis à Shigure sur le meilleur chemin à emprunter selon lui, mais il prend l’initiative de le faire. Après tout, ça doit se voir que je ne suis pas du coin, ne serait-ce que parce que je n’ai pas l’air aussi serein que le reste des gens qui s’activent dans la ville, ou bien parce que je n’ai pas fait la même tête que Shigure en voyant le ciel en sortant.
Sa suggestion est cependant intéressante.

« Bonne idée. Sans vouloir t’offenser, si on a moyen d’éviter la météo du coin et les autruches, ça m’arrange. Et puis, arriver à pieds ça peut être un bon moyen de ne pas se faire remarquer. »

Dans la suite de son idée, je sors une carte afin de vérifier l’itinéraire qu’il propose, tout en me dirigeant vers la sortie Sud-Est de la ville.

« Pour le coup, on peut directement aller au village d’Ine, sur la côte. Il n’y a encore rien eu là bas, mais on pourra peut-être récolt... »

Je suis interrompu par une voix familière, qui ne me ravit pas plus que ça d’ailleurs. Je me retourne juste à temps pour attraper le rouleau que Hikaru m’envoie. Il est accompagné de ses kitsune, comme d’habitude. D’ailleurs, ils ont l’air de particulièrement attirer le regard des passants. Je déroule le parchemin pour le lire. Effectivement, un second Genin à superviser, avec un bref résumé des missions qu’il a effectué depuis qu’il s’est enrôlé. « Bref » est un euphémisme, c’est littéralement vide : un entraînement avec son équipe, quelques activités chez les scientifiques, dont un incident à la bibliothèque, puis plus rien. Je soupire.

« Génial. J’imagine qu’il faut bien commencer quelque part. »

Je range le parchemin avec l’ordre de mission dans une poche intérieure de ma veste.

« Bon, tu le sais sûrement, on va vers la côte. Il y a eu des attaques de pirates dans plusieurs villages. Pour le plan, on va attendre de sortir de la ville. »

Sans plus de cérémonie, je fais signe aux deux Genin de me suivre. Je ne reprends la parole qu’une fois sortis de la ville, quand je suis sûr que personne d’autre que nous trois n’est à portée de voix.

« Pour l’instant c’est pas très compliqué : on va au village d’Ine par le Sud-Est, et on voit si on arrive à récolter des information là-bas. On avisera sur place de ce qu’on fera ensuite, en tout cas on sera proche de certains villages qui ont été attaqués, donc on pourra toujours y aller si besoin.
Idéalement on y va à pieds, histoire de ne pas trop se faire remarquer. »

Je tourne mon regard vers les kitsune.

« A ce propos, si vous pouviez cacher vos globes lumineux, ça aiderait pas mal à ce niveau. Voire retourner à Chikyuu pour l’instant. Vous attirez pas mal les regards. »

C’est peut-être un peu abrupt, mais un mal nécessaire si on veut éviter de signaler notre présence aussitôt arrivés. D’ailleurs ça aurait été la même chose avec Shiro.
Je me tourne vers Shigure.

« Sur ce, si vous avez des suggestions, ou des objections, je vous écoute. »

Comme je le pensais, ma suggestion fut bien reçue. Je me contentais d’un sourire pour commenter la prise de décision du petit bonhomme. Offensé ? Comment aurais-je pu l’être ? J’avais beau être originaire du pays de la foudre, et habitué à ses inconvénients météorologiques, je n’étais pas patriotique au point de ne pas me rendre compte qu’on avait un temps de merde. C’est peut-être la meilleure nouvelle liée au fait que l’Empire reprenne contact avec moi, d’ailleurs : en revenant sur le pays de la cascade, j’allais avoir le droit à un ciel un peu plus calme. Morose, certes, mais parfois il faut savoir apprécier la pâleur et le manque de couleurs.
Je suis plus étonné du manque de réaction de Kai vis-à-vis des nominations dont je l’affuble. Est-ce qu’il ne serait pas en train d’apprécier, le coquin ?
Alors que nous nous apprêtions à nous mettre en route, Hikaru fait son apparition. Je ne m’y attendais pas à celle-là ! Et apparemment Kai non plus. J’ai eu très peu d’occasions de croiser Hikaru jusqu’à maintenant, mais j’ai un bon feeling à son propos. La dernière fois, il m’était apparu comme un garçon naïf, certes, mais aussi quelqu’un de foncièrement gentil. L’impression qu’il me renvoyait aujourd’hui était un peu différente. Mais je l’appréciais, même si je ne le connaissais pas vraiment. Voire pas du tout. L’instinct, tout simplement.

Naturellement, et ce même s’il ne semblait pas décidé à me dire bonjour, je tendis une main joyeuse au petit basané :

« Hikaru ! C’est sympa que tu fasses cette mission avec nous. Après tout, plus on est de fous, plus on rit ! »

Il n’était pas venu seul. Une petite troupe de renardeaux se trémoussaient à ses côtés. L’un d’eux était même sur son épaule. Vu les sphères lumineuses qui voletaient autour d’eux et le ait qu’ils soient doués de parole, j’arrivais rapidement à la conclusion que ce devait être des Kyuchioses et non des animaux ordinaires.
J’avais fait quelques recherches sur les habitants de Chikyuu pour les besoins d’une mission, et de ma survie à court terme accessoirement, mais je m’étais essentiellement concentré sur les Kyuchioses de type aviaires. Du coup je ne connaissais pas ceux-là. Des renards ? Difficile d’en être certain, et les Kyuchioses aimaient le respect, donc mieux valait ne pas s’avancer. Même s’ils en avaient toutes les caractéristiques, je me souvenais bien de ma rencontre avec les filles de l’Orage. Je les avais qualifiées de raies Manta et j’avais failli y laisser la vie. En bon survivant, bien pragmatique, je ne risquais pas de m’aventurer à nouveau sur le terrain des suppositions. Avec les Kyuchioses, mieux valait privilégier les certitudes.
Du coup, je fis un salut de la main à toute la petite assemblée.

« Enchanté de vous rencontrer. Je m’appelle Shigure. »

Ah oui, quand on avait un lien avec Chikyuu, il fallait des présentations un peu plus complètes. Je montrais aux renardeaux le dos de ma main gauche, où s’étalait le symbole tracé par le pacte avec les filles de l’Orage.

« J’ai été choisi par les filles de Susanoo, la famille des Mantas, et j’ai reçu l’honneur de les représenter sur Onogoro. Je sais qu’elles ne sont pas du genre à se faire des potes, mais j’espère qu’on le deviendra quand même ! Ca leur ferait pas de mal d’avoir quelques relations sociales ... »

J’avais une seconde raison de tenter de nouer un dialogue avec les renardeaux : Hikaru et Kai se regardaient d’un mauvais œil. JE sentais un peu de tension dans l’air depuis qu’ils étaient à portée de voix l’un de l’autre. Et vu les sobriquets dont ils s’affublaient, inutile de laisser ce constat dans les simples suppositions. Ces deux-là ne s’appréciaient pas, pour une raison que j’ignorais. Du coup, je me disais que monopoliser un peu la conversation et la détourner par la bonne humeur était un bon moyen d’apaiser ces tensions. J4étais du genre à fuir les problèmes, plutôt que de les affronter en face, et je n’avais que très peu d’envie d’assister à une engueulade.

Kai prend quand même le temps de nous exposer son plan. On contourne par le Sud de la côte, plus calme, et on remonte vers la région à problèmes en essayant d’être discret. Curieusement, malgré mon passé de cambrioleur, fureter était sorti de mes habitudes depuis quelques temps … Mais bon, ça devait pouvoir se faire. Chasser le naturel et il revient au galop !
Du coup, je n’avais rien de spécial à redire sur ce plan d’action.

« Moi ça me va, chef ! »

Toujours ce sourire joyeux, et un peu moqueur. Difficile de mal le prendre, mais difficile de bien le prendre. Enfin, comme ça n’avait pas l’air de le déranger de toute façon …

On peut dire que l'accueil n'est pas au top. Et je dois l'avouer j'en fais totalement partie ayant totalement omis Shigure, bien trop focalisé sur le fait que je dois partager une mission avec le nabot. Celui-ci me le rappelle d'ailleurs mais d'une façon très polie, s'imposant un peu pour que je le remarque. Je répond à sa poignée de main bien que pas du tout habitué à cette façon de se saluer. Faut dire que tous les familles de Chikyuu ne sont pas dotées d'un tel attribut et que bien qu'il y ait une manière de faire pour chacune d'entre elle, il y en a tout de même une plus ou moins universelle. Je me plie cependant à celle des humains, qui d'ailleurs, varie bien souvent plus que celle de ma terre natale.
J'accompagne cette poignée d'un simple sourire, un peu gêné de par ce manque de politesse de ma par mais tout de même amical. Il n'en reste pas moins une personne que j'apprécie. Ça en fait au moins la moitié des shinobis de cette escouade. Autant voir le verre à moitié rempli que l'inverse.

Il faut bien commencer quelque part … Je t'en foutrais des phrases aussi bateau se fiant tout simplement à un bout de papier et rien d'autre. Si seulement il savait, si seulement lui-même pouvait se vanter d'avoir fait tout ce chemin en si peu de temps. Oui, je n'ai peut-être pas le même rang que lui mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas l'expérience que lui possède ou tout du moins un équivalant. Après il ne faut pas se leurrer, ça reste une sorte de rituel si on peut dire entre lui et moi, à celui qui en mettra la plus belle couche dès le départ. Sauf qu'ici je me retrouve en mauvaise posture, il est à la tête de la mission ce qui implique que je suis sous ses ordres … En voilà une belle patte.

Sarigenai :Enchantée Shigure. Je vois que nous couvrons déjà un vaste panel de divinité à nous tous réunis. Entre Susanoo et Inari nous tenons déjà un duo. elle lança un regard furtif vers le nabot Nous n'élargirons pas plus le panel, mais bon, je pense que deux sur trois est déjà un bon ratio.

Gumai :Je pense pouvoir parler au nom des mes sœurs et de mon frère en disant que nous sommes heureux de rencontrer celui qui s'est lié avec les Mantas. Nous n'avons jamais pu partager avec cette famille mais nous avons eu vent de leur place au sein de Chikyuu. Nous espérons tout autant devenir des potes comme tu le dis si bien.

J'ai comme un doute sur la véracité des dires. Les Kitsunes ont beau être une très vieille famille je ne suis pas certain que Gumai ait vraiment connaissance des Mantas. En tout cas pour ma part même après ce tour de Chikyuu je n'ai pas souvenir d'en avoir entendu parlé.

Oni :Avant que l'on oublie, je te présente Sarigenai que tu peux nommer tout simplement Sari, Gumai et Oni. Ce sont mes sœurs et pour ma part je me nommes Ochi.

Gumai :Si je ne me trompe pas, nous nous sommes déjà croisé. Je pense que c'était durant les entraînements au Fuinjutsu qu'Hikaru avait mis en place.

C'est Kai qui recentre un peu la discussion, il faut dire qu'ils se sont un peu perdu dans les présentations. On se met tout simplement en marche, suivant le pas du rouquin tout en écoutant ce qu'il disait. J'avoue, il marque un point sur le fait qu'il vaut peut-être mieux parler de cette mission dans un endroit plus tranquille, à l’abri des oreilles indiscrètes. Est-ce que j'irais le reconnaître ? Et puis quoi encore ?
Par contre la suite me plaît un peu moins, ça sent juste la totale improvisation. Je ne vois pas en quoi ne rien prévoir peut fonctionner, surtout que l'on ne sait pas vraiment dans quoi on va se lancer. Oui j'ai bien lu rapidement la missive, avec mon peu d'expérience je me rend compte que ce n'est peut-être pas la meilleure des idées. Après tout il s'agit tout de même de pirateries … Par contre ce qui me plaît encore moins c'est sa demande … Je sens immédiatement mes sœurs et mon frère se crisper sur place. Insinuer de la sorte qu'ils sont plus des boulets qu'autre chose est vraiment par le meilleur des plans. Les connaissant, je prend tout de suite la parole.

Pour ces fameuses boules lumineuses, elles peuvent être cachée sans aucun soucis mais je te l'accorde l'aspect des Kitsunes n'est pas la meilleure des choses pour passer discret. je jette un regard vers ma génération pour les rassurer Cependant je ne sais pas si c'est le meilleur des plans de leurs demander de retourner sur Chikyuu. Ça ne ferait que diminuer notre nombre. Il serait peut-être plus intelligent de voir pour couvrir plus de terrain, ils ne pourront pas passer pour des renards avec les deux queues mais cependant je peux t'assurer que les Kitsunes peuvent nous être très utile. je me tourne vers Shigure Je ne sais pas ce que tu en penses. Après tout, on forme une équipe, le plus important est de tomber tous d'accord sur ce qu'il faut faire.

Ochitsuita :Si vous tombez tous d'accord sur le fait que l'on ferait mieux de se rendre sur Chikyuu, nous suivrons votre avis, après tout nous ne voudrions pas être vu comme un poids lourd que vous devriez tirer. Mais je tiens tout de même à soulever un certain point vu que tu parles de suggestions Kai. Nous n'avons pas bien eu le temps de prendre connaissance de la mission, ayant reçu la missive un rien avant de vous rejoindre à l'instant. Mais le point des pirates ne nous a pas échappé. Je ne sais pas si aller dans un village proche sans rien prévoir est vraiment une bonne idée. Est-ce que l'on ne pourrait pas plutôt, si nous faisons bien sûr partie du plan, de prévoir quelque chose. Est-il bon de se lancer dans une mission sans avoir connaissance des capacités de chacun ? Peut-être que tu es au courant pour les capacités du frère des Mantas mais ce n'est pas notre cas. Et je pense que tu n'as pas plus avancé sur nous. Après ce n'est en rien une obligation.

Encore un qui marque un point et pas un petit. Oui, pour notre part on avance juste dans une équipe totalement inconnue.

Je suis assez surpris que Shigure suive mes idées aussi facilement. A vrai dire, d’après mon expérience d’il y a six mois, je m’attendais à une personnalité plus exubérante. En réalité, il semble vraiment se laisser porter par le courant, se contentant de son sourire moqueur caractéristique pour me rappeler à qui j’ai affaire. D’ailleurs, je n’ai toujours pas tranché sur sa façon de m’appeler « chef ». Quelque part, c’est approprié, bien qu’un poil trop formel à mon goût, mais d’un autre côté, j’ai du mal à ne pas penser qu’il ne se fout un peu de moi. Enfin, c’est toujours mieux que Hikaru, qui ne semble pas capable de se retenir de me manquer de respect. Si jusqu’à maintenant j’ai à peu près réussi à le supporter, aujourd’hui on est dans le cadre d’une mission, je suis censé maintenir une image à peu près correcte de la hiérarchie. Heureusement, il n’a pas l’air de vouloir récidiver, même sans remarque de ma part. C’est peut-être ça le secret d’ailleurs : ignorer ses piques. Il les fait peut-être pour se faire remarquer. C’est une hypothèse qui vaut le coup d’être gardée dans un coin de ma tête.

Le plan a l’air de convenir à Shigure, qui a l’air de vouloir complètement se fier aux ordres. Ça me rappelle un peu ma première mission, et Nuru, qu’on m’avait assigné comme coéquipier du moment. Bon, la comparaison s’arrête là, tout de même, Shigure a probablement plus pris la parole depuis qu’on s’est rencontré que Nuru sur l’intégralité de notre mission, et puis, en termes de caractères, c’est un peu le jour et la nuit.

En revanche, s’il y en a un pour trouver quelque chose à redire, c’est Hikaru, évidemment. Comme je m’y attendais, l’idée de renvoyer ses kitsunes à Chikyuu n’a pas l’air de lui plaire, et ses arguments ne sont pas tout à fait stupides. Je laisse Hikaru et son kitsune terminer en recommençant à marcher avant de lui répondre.

« Loin de moi l’idée de vous traiter de boulets. J’avais juste peur que vous soyez trop facilement visibles une fois arrivés en ville. Si Hikaru m’assure que vos globes peuvent être cachés, je pense que ça devrait être satisfaisant, surtout si on arrive de nuit, les kitsunes pourront probablement malgré tout passer pour des animaux sauvages, tant qu’ils n’apparaissent que comme des petites ombres, leurs deux queues ne devraient pas trop choquer.

Pour ce qui est de mon plan, effectivement il est léger. Mais à vrai dire on n’a pas vraiment les informations nécessaires pour élaborer quelque chose de plus complet. C’est pour ça que notre première étape est d’aller dans un village à priori plus calme pour essayer d’en récupérer un minimum. » Je marque une petite pause, le temps d’accepter ce que je m’apprête à dire. « Du coup, ton idée de se disperser, ou au moins d’envoyer les kitsunes en reconnaissance, me paraît plutôt bonne. Qui sait, ils pourraient surprendre une rumeur, ou voir quelque chose d’utile par la suite. »

Je laisse quelques minutes passer avant de reprendre, au cas où les deux genin aient une autre idée sur la question.

« Pour ce qui est de nos capacités. Hikaru tu dois probablement en avoir une idée, vu que m’as déjà vu m’en servir. Shigure aussi d’ailleurs vu que tu avais également participé au tournoi il y a six mois. Pour faire court, je suis un médecin qui pratique le fuinjutsu et le juinjutsu.
Mais c’est vrai que la question se pose. J’ai une vague idée de ce dont Shigure était capable à l’époque, mais pour toi Hikaru, je dois avouer qu’à part me taper sur les nerfs et avoir l’air de t’y connaître un peu en fuinjutsu, je n’ai jamais vraiment vu ce que tu sais faire. »

Il fallait bien que je lui lance une pique à un moment, à vrai dire, elle m’a un peu échappé. Enfin, s’ils ont besoin de plus de précisions pourquoi pas, mais pour l’instant, je préfère leur laisser la parole. Après tout, ma mission est aussi en partie de les évaluer.

L’entraînement au Fuinjutsu ? Maintenant que Gumai le mentionnait, c’est vrai que j’y étais allé : ça m’était sorti de la tête. Mais je commençais à me souvenir d’un petit discours où Hikaru s’était présenté et avait parlé de ses invocations. Les kitsunes. J’avais eu raison de ne pas parler de renards, à tous les coups je les aurais vexés.
Je souris de toutes mes dents, prêt à répondre, quand Hikaru et Kai repartirent de plus belle dans leurs prises de becs. Apparemment, leur relation était du genre tendue. Ca me rappelait un petit peu mes dialogues avec Yachiru, par certains côtés … Comme quoi, la frontière entre l’amour et la haine est vraiment très mince. Mais à les voir comme ça, je me disais que même s’ils avaient l’air de s’engueuler, au fond, ils devaient quand même s’apprécier. Ce qui était sûr, c’était que le trajet, et la mission, risquaient d’être animés !
Je n’avais pas trop d’avis sur le fait de renvoyer ou pas les kitsunes sur Chikyuu, du coup je m’abstenais d’intervenir sur le sujet. Je me souvenais maintenant qu’ils étaient experts en sceaux, mais je ne connaissais pas du tout leurs capacités réelles. J’étais d’accord avec Kai sur un point : leur présence manquait de discrétion. Cela étant, j’avais dit que plus on était, plus ce serait amusant, et j’étais, comme très souvent, d’accord avec moi-même. Des paires d’yeux en plus pouvaient s’avérer utiles.
Enfin, ils semblaient être parvenu à une sorte d’accord, donc mieux valait ne pas trop jeter d’huile sur le feu. J’étais l’agent neutre dans leur querelle. Si je pouvais continuer à l’être en m’abstenant de prendre parti, ça m’arrangeait bien. Et c’était meilleur pour l’équilibre de cette petite équipe improvisée.

La seconde interrogation proposée par Ochitsuita me paraissait être un meilleur angle à étudier, pour l’heure. Les capacités de chacun. En fait, il valait même mieux que je m’exprime sur ce sujet : Kai semblait dire qu’il avait une idée de mes capacités. Ce qui était un problème, parce que ses données étaient erronées. S’il devait établir un plan à partir de ces données, du coup, ça risquait de craindre du boudin. Et un boudin pas frais du tout.

« Hum … Je suis un spécialiste du Raiton … Mais je ne peux pas utiliser le Raiton actuellement. A cause de mon séjour au temple de la foudre, mes techniques Raiton ont été renforcées. Un peu trop. Je suis comme qui dirait en surcharge. Du coup, les utiliser pour agir en groupe risquerait de vous blesser, je préférerais donc éviter. Ah, et je suis devenu incapable d’utiliser mes techniques claniques, et les sceaux que j’avais apposé sur moi ont grillés, en quelque sorte. Difficile de vous expliquer exactement pourquoi, vu que même les prêtres avaient l’air de trouver ça bizarre … Enfin, l’idée essentielle, c’est que je ne suis en mesure d’utiliser que les techniques classiques, et le ninjutsu Fuuton, de façon sereine. J’ai un bon niveau en Fuuton, mais ça reste un élément avec lequel mon chakra n’a pas de prédilection. Curieusement, le Raiu est utilisable aussi : il est moins instable que mon Raiton ... Sinon, j’ai des bases correctes en Senjutsu, et mes invocations, les Mantas, peuvent employer des techniques de foudre, et elles n’ont pas de problèmes de maîtrise … Ah, je peux aussi modifier la météo pour créer un orage. Les mantas le peuvent aussi. Ca peut aider si on doit faire couler un navire, j’imagine. »

Enfin, ça ce n’était que des techniques shinobis …

« Sinon, j’ai une longue carrière de cambrioleur, avant d’avoir été shinobi. J’ai donc accès à quelques astuces qui font que je me débrouille pour les opérations furtives, infiltration, vol, reconnaissance, espionnage … »

Grand sourire, peut-être un petit peu plus appuyé à l’intention de Hikaru. Après tout, c’était un bon souvenir que notre rencontre On s’était bien amusé ce jour-là ! Enfin, j’imagine.

« Ah, et bien sûr, je suis très espiègle. »

Qu’est-ce que ça venait faire là-dedans ? Si ça peut vous rassurer, même le narrateur se pose encore la question …

En attendant, Shigure se mit en marche. Ils n’allaient pas rester là toute la journée, et de ce qu’il comprenait des paroles de ses deux équipiers, ce n’était pas tellement la destination qui était sujette à controverse. Autant gagner un peu de temps, ils pouvaient débattre tout en marchant.

Bien sûr, même s’il avait l’air de s’en ficher comme de la couleur de ses chaussettes (une bleue et une blanche, si vous vous posez la question), Shigure écoutait attentivement le monologue de ses équipiers sur leurs propres capacités. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en Kai, mais il n’avait jamais laissé sa survie entre les mains d’un autre. Pour le moment, tout était calme, alors il était sage. Si les choses s’envenimaient, il se pouvait qu’il ne soit plus aussi docile.

Comme je m'en étais douté en voyant la tête du nabot, la mission va être longue en sa compagnie. Des piques, voilà la seule chose d'on il est vraiment capable. Je manque de répondre du tac au tac mais Shigure prend la parole avant moi. Ne voulant pas le couper je ravale mes mots non sans un regard vers ma génération. Au moins, ce que l'on peut tiré de ce que le rouquin a dit c'est que nous avons un médecin parmi nous. Je ne le supporte pas et je ne l'apprécie pas, mais un tel atout dans une équipe reste très appréciable. Est-ce que je relèverais ce point à voix haute ? Bien sûr que non !
Par contre là où je tique c'est pour Shigure. Ça fait pas mal d'information à encaisser, mais celle qui me met le plus à terre c'est la double affinité qu'il est capable d'utiliser. Aussi jeune mais déjà une grande force … Et dire que je ne suis qu'aux béabas du ninjutsu … Bien que le blondinet ait une partie de ses capacités court-circuitées il n'en reste pas moins impressionnant. Un soutien et un véritable attaquant. Quoi que l'autre peut aussi faire partie de ceux se rendant sur le front.

Contrairement à ce que tu avances Kai, je n'ai pas juste l'air de m'y connaître en fuinjutsu. J'ai un large panel de sceau pouvant être utile suivant les situations. Il serait bien trop long de tous les cités mais ils ne sont que très peu à être tourné vers le combat. En parlant de ça, je n'ai aucune expérience là dedans, n'ayant jamais fait l'académie je ne me suis jamais retrouvé dans une arène pour un entraînement et ce même par la suite. Je ne serais d'ailleurs pas d'une très grande aide dans une telle situation. Contrairement à toi Shigure, je ne connais qu'une seule affinité dans le ninjutsu et je ne la manie pas très bien, j'en suis qu'aux bases autant dire qu'il faudra pas trop compter sur moi pour ceci. Par contre je maîtrise plutôt bien le ninjutsu universel et je roule ma bosse en senjutsu moi aussi. je prend quelques secondes de réflexion Je suis plutôt lent à réagir dans certain moment, du coup je crois que ce n'est pas peu dire que d'affirmer que je serais vraiment plus un poids mort lors d'un affrontement qu'autre chose. Par contre là où je me démarque c'est sur le fait que je suis plutôt bon pour prendre la parole et j'attire facilement l'attention des gens et la sympathie bien souvent. Hormis avec quelques personnes apparemment. je me tourne vers Kai, tout comme Shigure l'avait fait avec moi mais ce n'est en rien pour lui décocher un sourire En conclusion, je dirais qu'en cas de combat il ne faut absolument pas compter sur moi, je chercherai plus facilement à empêcher celui-ci d'avoir lieu que de le laisser se dérouler sans rien faire. Et il en va de même pour les Kitsunes. Par contre, pour tout ce qui est travail sur l'information je peux vous assurer qu'ils sont plus que bon. Oni tout comme moi a l'art de pouvoir attirer les gens au simple usage des mots. Sari elle a toujours été très bonne pour les diversions, si elle le veut elle peut attirer en un claquement de doigt l'attention d'une foule sur elle. Ce qui peut être plutôt pratique. Gumai elle pourrait vous donner l'envie d'une chose alors que vous n'aviez même pas connaissance de celle-ci à la base, suivant dans quelle situation nous nous trouvons la peut s'avérer utile. En finalement Ochi lui aussi a un certain art de la parole. Et ils sont tous quatre capable de revêtir la forme qu'ils souhaitent. Ça m'a déjà tiré de situations bien épineuse. Ils peuvent être bien plus discret qu'ils ne le laissent croire au premier visu. Pour glaner des informations ils seront bien plus utile que l'on pourrait le penser. Je ne vois pas trop ce que je pourrais ajouter, gardez juste bien en tête qu'en cas d'affrontement je n'en ferais très certainement pas partie. Il faut connaître ses limites et si c'est pour que vous vous retrouviez à devoir me protéger je ne vois pas où serait l'avantage. Ça vous placerez plus dans une situation plus qu'ennuyeuse.

Est-ce que ça me fait mal de reconnaître ceci ? Absolument pas, comme je l'ai dit je suis conscient d'on je suis capable et je n'ai pas à avoir honte de qui je suis. Par contre là où je risque d'être un poids lourd c'est vraiment en combat. N'ayant absolument aucune expérience dans le domaine ça risque d'être ma plus grande faiblesse. Mais bon, techniquement avec une telle mission on devrait pouvoir s'en sortir sans. Ou tout du moins je l'espère.

On se séparera un peu plus tard, à quelques kilomètres du fameux village si ça vous va. Ou plus tôt en cas de besoin.

Au final, ça valait le coup de faire le tour des compétences de chacun, il y a au final pas mal de choses que j’ignorais sur Shigure, notamment le fait qu’il ne puisse plus utiliser ses techniques de clan. Pour ce qui est de Hikaru, à vrai dire je m’attendais au fait qu’il risque d’être inutile en cas de combat, et je savais qu’il était plutôt bon baratineur. C’est surtout sur ses kitsune que j’en apprends, effectivement, ils peuvent être utiles tout en restant discrets.

Je n’ai pas grand-chose à ajouter une fois qu’ils ont terminé, nous allons pouvoir nous mettre en route sans trop attendre vers Ine.

Citation :

L’équipe arrive aux abords du village d’Ine en début de soirée, environ une heure avant le coucher du soleil.
Ine est un petit village de pêcheurs. Assez modeste, il comporte une dizaine de bâtiments, majoritairement faits de bois. Sur la côte, on peut apercevoir quelques bateaux, des embarcations assez modestes, comme des barques, mais aussi un bateau un peu plus gros avec un mât. Tous sont échoués sur la berge, la journée de pêche étant manifestement terminée.
Le village est desservi par une petite route, plus formée par le passage des gens que réellement construite, et des chemins du même type relient les différents bâtiments, en convergeant vers un le plus gros du village.

« Bon, nous y voilà. Plus qu’à décider comment on va aborder le village. »  C’est pas vraiment dans ce genre de choses que je brille, mais entre Shigure et Hikaru, on a quelques options. « Je vous propose déjà d’aller voir du côté du gros bâtiment, vu comme les chemins du village ont l’air de tous y mener, c’est sûrement un lieu où les villageois se rassemblent. Peut-être que les kitsune peuvent faire un tour du village pendant qu’on y est. On ne sait jamais, même si ça a l’air calme, il peut toujours y avoir quelque chose d’inattendu. »

Je dois avouer que c’est un peu léger, comme plan. Enfin, s’il y a bien une personne dans l’équipe qui n’est pas faite pour collecter des informations, c’est moi. Quoi qu’il en soit, je fais confiance à Hikaru pour trouver quelque chose à redire, et Shigure aura peut-être une bonne idée. Après tout, vu son ancien métier, il sait sûrement comment d’y prendre dans ce genre de situations.

« Sinon, je peux toujours envoyer un corbeau si vous voulez, ça permettra de voir le village d’un peu plus près avant de s’y mettre. »

Je retins le moindre commentaire suite à ce que nous expliqua Hikaru de ses capacités. Il se sous-estimait un peu, du moins j’en avais l’impression. Difficile de dire si c’était une feinte de modestie ou pas. Mais le fait d’avoir une aptitude aussi élevée à éviter les affrontements  inutiles était plutôt balèze en soi.  Sans mentir, quatre-vingt-quinze pourcent des combats l’étaient, totalement superflus. C’était bien de savoir naviguer sans les provoquer. En tous cas, moi j’admirais beaucoup les personnes qui en étaient capables. Si seulement plus de personnes s’inspiraient de cet état d’esprit, le monde n’en serait que meilleur.
Enfin, il était aussi certain que, parfois, un affrontement était inévitable. Mais bon, pour des cas comme ça, Kai semblait bien armé. Et puis, il était Chuunin. Si on était deux à faire semblant d’envoyer quelques techniques de vent, il devrait réussir à nous tirer du pétrin tout seul. Deux ou trois pirates, au pire des cas, ça devrait le faire. C’était plus qu’improbable de trouver un ninja du pays de la neige sur notre chemin durant cette mission.

Sur toutes ces pensées positives, le chemin se poursuivit. Plutôt dans le calme, cette fois. Je sifflotais quand même gaiement, histoire de tenter de mettre un peu d’animation. Un petit air bien de ma campagne, une comptine créée par un type, tout en onomatopées, car il tentait d’imiter le bruit de la foudre un soir d’orage dans les plaines foudroyées. Un air bien connu là d’où je viens, même si moins de gens savent qu’en réalité, ce type a fini à l’asile, obsédé par ses mélodies et incapable d’aligner plus de quatre mots cohérents. Enfin, l’air restait plutôt sympathique, donc autant rendre à cet homme ce qu’il avait fait de bien avant de virer fou !


Nous arrivions enfin au niveau du village d’Ine. Je connais ce patelin : lors de mes nombreux vagabondages d’avant l’Empire, j’y ai fait quelques courses. La belle époque. Inutile de mentir : c’est plutôt tranquille comme bourg. Dans les villages de pêcheurs, les réseaux criminels ne sont pas très actifs. Mais je connais quand même une ou deux adresses un peu plus en marge de la loi que les pêcheurs habituels. Rien d’incroyable, mais ça vaut le coup d’aller jeter un coup d’œil quand même : toute piste est bonne à explorer.
Je me tourne vers mes quinze équipiers pour leur faire part de mes intentions, et là je prends une douche froide. L’ambiance n’est toujours pas au beau fixe entre ces deux-là. Peu causant, comme durant tout le trajet. Mes musiques d’ambiance n’avaient pas beaucoup aidées, malheureusement. Et pourtant, j’avais tenté tout mon répertoire !
Je me demandais pourquoi ils se détestaient comme ça. Je leur demanderais, à l’occasion, mais peut-être plutôt après la mission pour ne pas provoquer de catastrophe. Etait-ce une saine rivalité, ou quelque chose de plus profond, ou de plus sanglant ? Non, ça j’en doutais. Les autorités n’étaient pas stupides à ce point. Même si T. m’avait prouvé qu’en bien des points, elles pouvaient être ignorantes ou bornées.

Nous sommes encore aux abords du village, nous n’y avons pas mis les pieds. C’est le même patelin que dans mes souvenirs. Pas de palissade, pas de milice. Que des pêcheurs, et même si la plupart avaient des biceps, ça restait une proie facile. Leur seul point fort, c’était la proximité avec le pays de la foudre qui les aidait niveau sécurité : il y avait d’autres villages au nord et au sud, et personne ne risquait de les assaillir par l’Ouest. Ce qui laissait, comme problème majeur, la piraterie à l’Est, évidemment. Même si je n’avais pas du tout entendu parler de tout ça, c’était peut-être parce que c’était un village isolé. Mais s’il y avait un problème ici, on apprendrait peut-être quelque chose d’utile, effectivement.
Comme Kai parle du gros bâtiment, je juge utile de commenter :

« Effectivement, ça doit sûrement être une auberge. Et … Oh … Euh … »

Chose inhabituelle : je prends un air vraiment gêné, de façon assez soudaine.

« Euh, désolé chef, j’ai une urgence. Faut que j’aille pisser, là. Vraiment. Continuez le plan, je reviens ! »

Je m’éloignais alors dans les fourrés, pour soulager mon pauvre ventre endolori, en marchant en canard sous le coup de la douleur.


Je revins avec le groupe, l’air bien plus serein. Y avait-il un problème ? Ils allaient peut-être le réaliser assez rapidement, oui. Ce nouveau moi à la vessie vidée ne prononçait pas le moindre mot, et se contentait de suivre bêtement. La supercherie se révélerait assez tôt : un simple clone semi-consistant. Enfin, ce n’était pas très important : le vrai Shigure était déjà en vadrouille. Et vu mes précautions, pas moyen qu’ils me retrouvent.
D’ailleurs une expression remplacerait la célèbre aiguille et la botte de foin, lorsque Kai, devenu un vieillard grognon et bossu, écrirait ses mémoires, et raconterait cette histoire : autant chercher Shigure à Ine.

C'est à plus ou moins quatre kilomètres du village que je me penche vers ma génération. C'est ici que nos chemins vont se séparer. L'idée ne me plaît pas vraiment, pour tout dire elle me rebute même mais nous avons pas trop le choix. Déjà que je nous trouve trop voyant tous les trois pour une mission qui dans un premier temps consiste à prendre des informations. Arriver de cette façon risque d'attirer peut-être un peu trop l'attention sur nous.
Je donne mes instructions, à vrai dire je ne fais que les répéter. Ce n'est pas la première fois que l'on se retrouve dans une telle situation mais ce n'était jamais arrivé dans une telle situation. Les directives sont simples, il ne faut absolument prendre aucun risque. S'ils se rendent en ville c'est par groupe de deux et jamais trop loin l'un de l'autre en cas de soucis et si jamais les choses tournent mal c'est un retour directe sur Chikyuu. Je préfère les savoirs en sécurité que dans les griffes d'une personne. Je ferais bien sûr directement appel à celui qui aurait quitté Onogoro pour être directement mis au courant. Le lien que l'on partage nous permet de savoir quand l'un de nous n'est plus dans le même monde. Et si tout se déroule bien, je donnerais tout simplement un point de rendez-vous à l'aide des plaquettes de bois.
Quand le quatuor se sépare de nous mon cœur se serre, je croise les doigts pour que tout se passe bien. L'inquiétude s'efface un peu en écoutant les mélodies de Shigure, je ne suis pas fan des personnes sifflant mais il faut dire que le blondinet se débrouille plutôt bien. C'est sous les sifflotements que le chemin vers le village se déroule. Je suis trop inquiet de ce qui pourrait arriver et trop concentré sur comment nous pourrions trouver les informations que l'on désire pour me prendre la tête avec le nabot.
Je retire mon bandeau que je fourre dans l'une de mes poches, je ne sais pas pourquoi mais je sens que dans cette mission il sera plus un fardeau qu'autre chose. Oui les villages subissent peut-être des pillages mais rien ne dis que certains ne sont pas avec les pirates justement pour éviter ce genre de désagrément.


Tiens, le contraire m'aurait étonné. Kai n'a juste absolument aucun plan, ça n'a pas changé. Il s'agit juste de tenter de mettre la main sur quelque chose au petit bonheur la chance. Je pense bien que dans l'état actuel des choses nous avons plus de chance de sortir d'ici bredouille qu'autre chose.

Le corbeau serait une bonne idée, il nous permettrait de connaître la topographie des lieux. Par contre pour les Kitsunes, ils feront à leur bon vouloir, ils vont bien sûr tenter de récolter des informations de leurs côtés. On verra ce que ça donne une fois qu'on les auras retrouvé. je me tourne vers Shigure qui s'en va apparemment soulager sa vessie, il est vrai qu'il vaut mieux le faire maintenant, je reporte mon attention sur le village Je ne sais pas si tu as des informations sur ce village ? Si oui ça serait bien de savoir s'il a subit des pillages ou non. Tout comme une mafia, la piraterie doit avoir un certain code pour ses protégés et des espions sur place. Montrer ouvertement que l'on vient de l'Empire pourrait jouer contre nous si c'est le cas.

Je fais quelques pas en avant, prenant une profonde inspiration de l'air côtier. C'est la première fois que je peux sentir une telle odeur sur Onogoro. Il faut dire que dans ce monde je n'ai que très peu voyagé. Le blondinet repointe le bout de son nez. On va pouvoir mettre clairement au point la plan.

Vu que Kai ne sait absolument pas de quoi il parle, ou tout du moins a des plan plus que flou. Je propose que l'on se sépare. L'idée du gros bâtiment est une ébauche qui pourrait rapporter quelque chose à condition que l'on la prenne sur le bon angle. Disons que le social est pas ton fort. je le dis en tournant mon visage vers le rouquin Tu pourrais aussi t'en occuper Shigure mais tu as d'autre capacités qui pourraient se relever plus utiles sur d'autres plans. Comme tu l'as dit ton passé a été dans l'illégalité. Tu as les doigts agiles ça peut porter ses fruits. cette fois-ci c'est vers lui que je suis tourné, j'attends une réponse mais il me fixe tout simplement, j'avais jamais remarqué à quel point il peut avoir un regard débile parfois, j'ai l'impression de parler dans le vent mais bon vu que son attention est sur moi je suppose qu'il m'a compris Faites un tour du village pendant que je m'occupe du gros bâtiment ou si vous voulez entré dedans par la suite mais laissez moi au moins une heure d'avance.

Sans attendre la validation de qui que ce soit je m'éloigne, tournant rapidement entre deux bâtiments. Au moins je serais vu dans le coin au mieux ça sera. J'évite de m'approcher des maisons ayant de la lumière et des endroits un peu trop fréquenté. Attendant que plus personne ne soit dans les parages pour continuer ma route jusqu'au moment où je me trouve proche du gros bâtiment. Comme ils l'avaient supposé c'est bel et bien une auberge et plutôt bien remplie, il faut dire que c'est la fin de journée. Toutes les personnes désirant se soulager d'une grosse journée de travail se sont retrouver ici. Je vais pouvoir commencer à mettre en place mon plan. Est-ce que les deux autres m'ont suivi ? Peut-être, à vrai dire je m'en fiche. Quoi qu'ils disent j'agirais de la sorte. Après tout, nous avons un médecin dans nos rangs. Le dos contre la paroi de l'arrière de l'auberge, caché entre les poubelles je sors tout mon équipement que je pause au sol, ayant même retiré mon armure. Ici au moins je suis à l'abri des regards. J’attrape un peu de terre avec la quelle je badigeonne mes vêtements pour qu'ils soient sale, je fais même quelques coupures au niveau de ceux-ci. Bon, c'est à partir de maintenant que les choses vont devenir moins amusante.


Tu sais ce que j'ai en tête, à toi de jouer.

Je lui tend un kunaï tout en me relevant, lui a un regard carnassier, il faut dire que j'ai hérité du même soucis de clone que mon père humain. Des vrais révolutionnaires à la recherche de la moindre once de liberté. Et si lui aussi partage mes convictions de pacifisme, je peux vous assurer que vers moi elles ne s'appliquent pas. Persuadé que si je meurs il pourrait prendre ma place. Bon ici il n'aimerait pas vu la forme qu'il possède. Les coups d'arme pleuvent, on reste dans le superficielle. Les coups de poings et de pieds aussi, je reste le plus silencieux possible à l'aide du sceau de la Respiration des Paresseux. Il est hors de question que je fasse du bruit.


Mon corps vient juste de se faire rouer de coup, je ne suis juste pas beau à voir mais je ne compte pas faire les choses à moitié pour ma première mission. Le clone est plutôt content de lui. Surtout qu'il n'a pas encore fini. Il ne reste plus beaucoup de préparatif. Je confie mes affaires au clone, en échange je lui ai promis le maximum de liberté que je puisse faire s'il me ramène mon équipement. Je trouve que c'est un échange plutôt honnête. Je lui ai même demandé de prévenir les Kitsunes pour qu'ils se retrouve à l'abri des regards. Il pourra l'utiliser mais pas en créer de nouveau malheureusement.
Je fais signe au clone que c'est le moment, il crée deux clones et me pousse violemment contre la porte et puis vers les poubelles. Ça fait un bruit monstre, sans parler des cris que je pousse histoire d'attirer un peu plus l'attention.


Ça fait déjà un bon moment que j'ai repris ma forme, les coups continues jusqu'à ce qu'une personne tente d'ouvrir la porte contre la quelle je me retrouve avachi. C'est le signale pour que les faux pirates prennent la poudre d'escampette. Je n'ai plus qu'à jouer sur mon joli minois et ce qu'il en dégage, bien que là il comporte tout de même quelques ecchymoses et une lèvre bien fendue. C'est un homme qui débarque, poussant de toutes ses forces m'envoyant balader un peu plus loin. Bout de bois à la main prêt à en découvre. Il voit les lâche prenant la fuite, qui n'en sont pas vraiment. Hurle quelques obscénité vers eux avant de porter son attention vers moi. Je gémi, ce n'est pas vraiment de la comédie. Ce clone n'y a pas été de main morte. L'homme me pousse au niveau de l'épaule à l'aide du bois qu'il tient fermement.

MoruT'es encore vivant petit ? Tu peux te lever ? il me tend une main, je me fais plus lourd que je ne le suis vraiment Ils t'ont pas loupé. Ça commence à bien faire ces histoires. il tire un bon coup, j'ai l'impression que mon épaule va se déboîter, il se penche tout en passant mon bras au-dessus de sa tête et me tien au niveau de la taille de son autre main T'as de la chance que ma fille a entendu le raffu. On va te rafistoler mon p'tiot, t'en fait pas pour ça. Et Nimiko, il crie pour se faire entendre Tu veux bien m'ouvrir la porte, on a un petit soucis. Rien de bien grave je te rassure.

Un instant plus tard la lumière de l'auberge m'agresse les yeux, faut dire que les coups de pieds à la tête c'est vraiment douloureux. Si j'avais su qu'il donnerait autant de sa personne je crois que je n'aurais pas opté pour ce plan. Le sceau que j'avais utilisé m'avait permis de pas trop me rendre compte de ce qui se passait mais maintenant je peux vous dire que tout mon corps est meurtri. Quelle idée de rester totalement immobile. La fille de celui que je pense être l'aubergiste pousse un petit cris d'effroi en me voyant et s'empresse immédiatement d'ajouter quelques mots.

Nimiko :Je prépare vite la chambre. elle se retourne et alpage un client, je ne comprend pas trop ce qu'elle dit mais il s'en va en courant. C'est à cet instant que je tourne de l'oeil

Je ne m’attendais pas à quelque chose de flamboyant de la part de ces deux-là, mais là je dois dire que je suis servi. Entre Hikaru qui profite de n’importe quelle opportunité pour se montrer désobligeant et Shigure qui ne fait littéralement rien pour relever le niveau, on est plutôt mal barrés.
Comme à son habitude, le blaireau ne me laisse pas le temps d’en placer une, et se barre aussitôt sa tirade finie. Je n’ai même pas le temps de l’interpeler sur nos moyens de communication avant qu’il soit hors de portée de voix. Je veux bien qu’il soit buté, mais à ce stade c’est carrément dangereux, et complètement inconscient. Enfin, pas trop le choix, je vais devoir l’attendre, et rester ici si jamais il a besoin de me retrouver.
Au moins il n’y a pas que des côtés négatifs : ses kitsune se sont aussi dispersés, et je ne suis pas tout à fait seul, Shigure est resté ici lui aussi. D’ailleurs, il a l’air drôlement absent depuis qu’on est arrivés à proximité du village. Je me tourne vers lui pour m’assurer qu’il va effectivement bien, aucune réaction.

« Shigure ? » Je lui secoue l’épaule pour le faire réagir, et c’est là que je me rends compte de la supercherie. Au premier coup d’œil c’était pas forcément évident, mais au contact, et en faisant le lien avec l’infime mouvement de chakra que j’ai senti sans le remarquer tout à l’heure, ça devient évident. Quel con, si j’avais su qu’il s’éclipserait à la première occasion, je l’aurais pas lâché.

« Fait chier ! » J’accompagne mon cri d’un coup de poing au clone, qui disparaît sur le coup. Que faire maintenant ? J’imagine que je vais devoir rester ici à monter la garde, au cas où je voie de l’agitation dans le village. Je prends quand même le temps d’envoyer un message à Shigure.

Citation :

Très drôle ta blague, tu dois bien t’entendre avec Akira. Tu devrais bientôt revenir, ça la foutrait mal, une désertion comme reprise.

Bon, j’avoue, il y a une bonne part de frustration dans ce message, mais qui pourrait m’en blâmer ? Personne qui ne soit là pour le faire de toute façon. Enfin, j’imagine que ça m’aide un peu à garder mes moyens vis-à-vis de ces deux-là. Je peux reporter un peu plus sereinement mon attention sur le village.
Je reste une bonne demi-heure à l’affut avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Quoi que ce soit d’audible en tout cas : je suis un peu éloigné des bâtiments, donc j’entends tout juste l’agitation à l’auberge. C’est là-bas que Hikaru allait, c’est mauvais signe. Je sors un parchemin et un stylet.


Le corbeau vole à toute vitesse vers l’auberge, profitant de la nuit tombante pour passer inaperçu vu du sol. Quand il disparaît, c’est très clairement Hikaru que je vois, qui vient de se faire tabasser.
Après un long soupir, je me relève et je range mon bandeau dans une poche, avant de me diriger vers le village.

Quand j’arrive devant l’auberge, Hikaru n’est plus là. J’inspecte rapidement les traces alentour pour voir qu’il y a surement eu une lutte ici, des pas précipités mènent vers l’extérieur du village, alors que quelqu’un semble s’être traîné vers l’intérieur de l’auberge, probablement Hikaru, vu l’état dans lequel il avait l’air d’être.
Ça ne me réjouit pas forcément, mais ma priorité est de m’assurer que mon subordonné ne soit pas en danger. Sinon, quelle légitimité aurais-je à me plaindre de lui ?
Je me dirige donc vers l’entrée de l’auberge. Elle n’a pas l’air incroyablement peuplée, rien de surprenant dans un village de cette taille. Je me dirige directement vers le comptoir, où se tient un homme, d’âge un peu mur mais d’une carrure assez imposante pour son âge.

« Bonsoir mon ptit gars, qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

Je me retiens de tiquer, certes j’ai l’habitude à force, mais ça reste quand même un peu irritant de toujours entendre les mêmes choses à cause de ma taille. En l’occurrence, l’important est de ne pas le laisser transparaître.

« Bonsoir monsieur. Je suis en voyage sur le littoral avec un ami, seulement il est tellement surexcité tout le temps qu’il s’est mis à me distancer dès qu’on est arrivés près du village. Je me demandais si vous l’auriez pas vu passer ? Un brun, un peu basané, et l’air niais. »

Autant ne pas mentionner Shigure, ça rendrait les choses encore plus compliquées sachant qu’il est lui aussi porté disparu. Espérons juste qu’il ne décide pas de se pointer précisément maintenant.
L’homme quant à lui semble un peu surpris, mais finit quand même par me répondre.

« Drôle d’idée de partir en vacances dans le coin vu ce qui se passe en ce moment. D’ailleurs je crois que ton ami en a fait les frais, je l’ai ramassé derrière l’auberge y’a pas dix minutes. Il devrait être dans une chambre à l’étage. T’as qu’à monter si tu veux le voir, c’est le chambre cinq. »

« Merci, je vais en profiter pour vous prendre la chambre pour la nuit. »

Je lui fais un signe de tête en lui tendant le paiement pour la chambre, avant de monter à l’étage retrouver Hikaru. « Mon ami » … Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour passer inaperçu. Heureusement qu’il n’était pas là pour l’entendre.
Je finis par arriver dans la chambre où il se trouve. Il a l’air d’être éveillé, mais pas depuis très longtemps, et il tire une sacrée gueule, encore pire que d’habitude. Je prends soin de vérifier que personne ne se trouve dans le couloir avant de refermer la porte

« Qu’est-ce que t’as encore foutu ? T’aurais au moins pu me prévenir de ce que tu comptais faire, ou me laisser un moyen de te contacter, voire juste me donner un point de rendez-vous. »

Je m’approche de lui pour jauger son état, c’est vraiment pas fameux. Je commence à sortir des bandages et de quoi préparer un baume.

« Bon, je peux pas te laisser comme ça. T’as qu’à me raconter pendant que je m’occupe de tes blessures. »

J’ai beau essayer de ne pas trop le montrer, c’est quand même de Hikaru qu’on parle, ça m’inquiète un peu quand même, ça ressemble tout à fait à une attaque armée, c’est presque un miracle qu’il s’en soit sorti.

Ine était un sympathique petit village, et il faisait bon s’y promener. Shigure ne regrettait pas du tout de s’être fait la malle. En plus, c’était mieux pour la mission. Là où il allait, ses équipiers ne seraient jamais rentrés : les ninjas dans les bars clandestins, ça faisait toujours mauvais ménage. Ils s’en sortiraient bien mieux pour l’auberge, et lui avait besoin de boire quelque chose. Au temple d’Akikaze, on l’avait privé d’alcool. Ca faisait bien trop longtemps qu’il attendait l’occasion de pouvoir descendre quelques verres. Et enfin, elle se présentait. Depuis qu’il avait quitté l’enceinte du pays de la foudre, il ne pensait plus qu’à ça !
Bizarrement, la voix de Kai lui vint en tête. Elle l’accusait d’être en train de picoler pendant qu’eux faisaient tout le boulot. Shigure soupira. Oui, la mission … Il avait quand même le devoir de faire sa partie du travail, lui aussi. Ce n’était pas que le temps de s’amuser, il devait aussi bosser un peu.

Arrivé devant une certaine ruelle de sa connaissance, le Genin regarda soigneusement la rue environnante. Déserte. Personne aux fenêtres. Il s’engouffra discrètement dans l’allée, jusqu’à atteindre une petite porte dérobée. Elle paraissait anodine, mais pourtant une inscription était gravée dans le bois, juste sous la poignée : ‘Repaire des Loups Noirs’. De quelques coups décontractés, le jeune blanc-bec signala sa présence.
Quelques secondes plus tard, une voix chuchota, de l’autre côté de la porte :

« Mot de passe ? »

« Si l’agneau porte une peau de tigre, il aura toujours peur des loups. »

Après quelques secondes de silence, la porte s’entrouvre de quelques centimètres. Souriant et toujours aussi détendu, Shigure la passe et s’engouffre dans le couloir désert, jusqu’à parvenir à une grande salle très animée. La chaleur d’un feu de cheminée. L’odeur de la bière. Et les discussions qui vont bon train. Voilà un endroit où il fait bon vivre, un vrai !
Alors, oui, les Loups Noirs ne sont pas des enfants de chœur. Mais Shigure les connait bien : ils ont des principes. Ce ne sont pas des bandits. Plutôt des hors-la-loi et des bons vivants. Il a même passé quelques jours parmi eux à la bonne époque.
En le voyant rentrer, un colosse se dirige vers lui et lui décoche une accolade à lui arracher les poumons.

« Gyahahaha ! Mais c’est Shigure ! Ca fait longtemps qu’on t’a pas vu, vieille branche ! »

D’un air un peu gêné, le Genin se passe la main dans les cheveux.

« Katsuo … T’as pas changé. Ouais, je me suis fait attraper. Mais j’ai fini par faire l’école buissonnière ! »

« Ca m’étonne pas de toi ça, vieux renard. Gyaha ! Hé, les gars ! J’vous présente Shigure ! Une vraie légende ! C’est lui qui a volé le diamant du Duc Satokimi il y a trois ans. Alors c’est pas un Loup, mais faites comme ! »

Un cri enjoué, et des bières qui se lèvent vers le ciel. Mon dieu, il était au paradis.
Shigure sortit son téléphone, la vibration venait de l’alerter. Merde. Kai le menaçait de le dénoncer pour désertion, ça craignait ça. Il risquait gros si les autorités le croyaient. Il devait faire quelque chose. Soudainement, une idée lui traversa l’esprit et il tapa rapidement une réponse, non sans s’esclaffer de son espièglerie.

« Tu veux une bière ? »

Shigure releva la tête, puis avec un grand sourire il rétorqua :

« Une ? T’es devenu radin ! Allonge-les toutes, on verra qui se couche en premier ! »

« Gyahahaha ça c’est parlé ! Allez les gars ! C’est l’heure de l’épreuve sacrée ! Tout le monde à ses bières ! Gyahaha ! »

Et le message ?

Citation :

A l'aide chef ! Je me suis fait enlever par des pirates ! Je suis enfermé dans une pièce sombre, y'a du bois et c'est humide.

Oui, certes, il y avait quelques différences avec la réalité. Mais bon, il n’allait quand même pas risquer de se faire accuser de désertion. Au pire, il aurait juste à reparaître avec une ou deux fringues abîmées, et avec son chakra diminué. Il ferait croire qu’il s’était échappé et les autres le féliciteraient, ou le plaindraient. Tout se passerait bien. De toute façon, avec son visage d’ange, comment pouvait-on réellement être fâché contre lui ?
La première bière fut posée devant Shigure, qui oublia instantanément toutes ses réflexions du moment. Vaincre Katsuo n’allait pas être une mince affaire : depuis la fondation des Loups Noirs, il n’avait jamais été étalé par qui que ce soit lors de l’épreuve sacrée. Mais c’était pour le bien de la mission : une victoire signifiait qu’il pouvait demander n’importe quoi aux Loups Noirs. Ils avaient sans doute des informations vitales, alors e n’était pas le moment de fuir !

Je repousse les mains de Kai, au début me demandant ce qu'il cherche a faire avant de me rappeler qu'il est médecin et de ce qu'il vient de dire. Faut dire qu'avec tous les coups que je me suis pris ma tête n'est pas optimale. Par contre je suis bien certain d'un point.

Je t'en ai donné un, j'ai donné l'auberge avec un notion de temps. Il y aurait eu moyen de me retrouver. je me redresse non sans laisser échapper une grimace ne comprenant pas encore totalement où je suis, j'ai du tourner de l'oeil C'est bien gentil pour les soins mais ça va pouvoir attendre. Ne t'en fait pas tout était prévu. je prend une profonde inspiration pour me mettre debout, ce n'est pas simple, ça tire un peu partout au niveau des plaies Si je t'avais prévenu de ce que je comptais faire, jamais tu aurais eu la tête que tu as maintenant. Tu es très mauvais comédien ou en tout cas c'est l'impression que tu me donnes. cette douleur me rend ronchon, je baisse le ton afin de voir si on nous écoute Si tu me soignes, on va perdre tout l'effet sympathie que je dégage dans cet état. Ou alors on va perdre le fait que l'on pourrait attirer l'attention des gens que l'on recherche. Je ne suis pas mauvais comédien moi, mais rien ne vaut d'incarner son rôle, rien ne peut faire plus vrai.

Je cherche du regard mes affaires avant de me rappeler que je les ai confiée à mon clone, merde, j'aurais bien aimé au moins avoir mon bâton pour un appuis. Toujours à voix basse je reprend.

Je ne vais pas te raconter tout de suite ce qu'il s'est passé mais il n'y a aucune inquiétude à avoir. encore plus bas Ça fait partie de mon plan.

Doucement je fais quelques pas vers la porte, les premiers sont les plus douloureux. Les plaies ayant légèrement commencée à voir le sang un peu se sécher, briser ce début de cycle de guérison n'est pas du tout agréable.

Je te propose que l'on aille en bas, histoire de prendre un bon repas et quelque chose à boire. C'est maintenant qu'il faut que l'on joue au plus fin, jouons sur mon état pour avoir des informations.

Je fais un rapide tour de la chambre, apparemment ce n'est pas une chambre qui est mise à louer. Après tout, ici et là sont stockés des instruments et des produits de nettoyages. J'attrape un balais et dévisse la tête pour l'utiliser comme un bâton de marche.
Tac … Poc. Tac … Poc. Tac … Poc. Je rigole doucement, j'aimerais pouvoir profiter de ce d'on je viens de me rendre compte mais ce n'est pas possible, on arrive déjà tout doucement dans la grande salle. Qu'est-ce qui me fait rire comme ça ? Bha c'est tout simple, on cherche après des pirates et avec le manche en bois je fais un bruit de pirate avec une jambe en bois. C'est tout con mais ça m'amuse.
À peine le bout de mon nez dans le lieu le plus important de l'auberge que des nez se pointent vers nous. Je suis loin d'être réellement sur pied mais j'arrive déjà à me mouvoir, rien d'étrange pour un shinobi, c'est même le contraire. Peu se seraient retrouver dans un tel état. Mais ça, ils ne le savent pas.

Moru :On peut dire que tu es résistant mon petit !

Ça fait un peu mal mais ça va encore ! Merci pour les soins, dis-je en me penchant légèrement vers Nimiko, je reporte mon attention vers le père et merci à vous pour les avoir fait fuir.

Moru :Hohoho ! C'est bien aimable petit, mais tu sais je n'ai pas fait grand-chose.

Peut-être pour vous, mais à mes yeux si vous ne vous étiez pas pointé je doute que je m'en sois si bien sorti. Au fait, je vous présente mon garde du corps. je pointe du doigt le nabot Il se nomme Kai, j'aurais pas du lui proposer de faire un tour de la ville pour voir s'il y a des magasins dans le coin.

J'ai hésité durant un instant pour larbin, mais non le connaissant il monterait sur ses grands chevaux tout de suite et ça foutrait tout en l'air. Je m'installe non sans difficulté à une table. Je me penche vers Kai, toujours des regards tournés vers nous et lui chuchote quelques mots.

Je commande à manger et je te rembourse un peu plus tard. Quand j'aurais récupéré mes affaires. je me tourne vers l'aubergiste Il serait possible d'avoir deux repas s'il vous plaît ? Je prendrais un thé. laissant ma phrase en suspend pour que Kai puisse répondre

Mes yeux font rapidement le tour de la pièce en faisant semblant de saluer tout le monde. J'inspecte chacun des visages en une seconde maximum pour chacun, de prime à bord aucun ne semble être autre chose que ce qu'il ne veut laisser croire. Je cherche à capter un peu de chakra mais pas grand chose n'arrive à mes sens. Apparemment il n'y a ceux que l'on cherche ici … Quoi que, rien ne dit leurs forces.

Ne tire pas cette tête Kai ! je lui donne une tape dans le dos, parlant un peu fort C'est de ma faute si des gens me sont tombés dessus, tu n'as pas à te sentir coupable. C'est moi qui ai insisté auprès de toi et Shigure pour que vous fassiez un tour. j'aurais aimé pouvoir mentir sur les prénoms mais je ne sais pas ce qu'il a pu dire en arrivant, autant pas prendre de risque. Faussement je parais surpris voir un peu gêné et me lève non ce que ça m'arrache une grimace En tout cas merci encore Nimiko si je ne me trompe pas et ...

Moru :Moru gamin, c'est comme ça que tout le monde m'appelle ici.

Nimiko :C'est normal ! Nous n'allions pas te laisser comme ça.

Si on peut faire quoi que ce soit pour vous remercier, il ne faut pas hésiter à nous le dire. Après tout je suis ici avec un brave gaillard ! Vous pouvez me croire. Si vous avez quelques corvées à faire. Rentrer du bois ou je ne sais pas quoi on est à votre écoute ! une nouvelle fois faussement gêné J'ai même pas pensé à me présenter ! Je suis Hikaru Jimpachi.

Ce nom n'a pas été choisi au hasard, au que nom. Après tout, ce n'est que le nom de famille de la famille la plus riche de l'Empire et si non plus, en cas de question je me présenterais comme un cousin un peu lointain qui connais bien Kensei. Si des oreilles indiscrètes sont dans le coin, ça ne fait aucun doute qu'une telle information ne tardera pas à faire le tour. Contrairement aux prénoms j'ai pris le risque, je doute que le rouquin ait cité mon nom de famille. Nimiko s'approche de nous pour nous apporter nos boissons, je lui souri à pleine dents, reprenant ma place assise.

Merci Nimiko. Dis j'ai une question, dis-je un peu plus bas est-ce qu'il faut se méfier du coin ? Je demande parce que je me souviens avoir entendu ton père sous entendre que ce n'est pas la première fois que quelque chose du genre arrive.

Je fronce les sourcils quand Hikaru refuse mes soins. On a beau être à priori en sécurité, ça me dérange de poursuivre avec un coéquipier blessé. Enfin, ce n’est pas comme si j’avais vraiment moyen de le forcer à accepter, et de toute manière, il a l’air d’avoir un plan. Je n’ai donc pas vraiment de meilleur choix que de le suivre et de faire confiance à son plan. De toute façon je n’en ai pas vraiment, dans ce genre de situation.

« Je te suis en bas, mais fais gaffe à toi, et évite de t’attirer des ennuis. » Je fouille dans mes affaires avant de lui tendre une potion à base de plantes. « Si jamais ça chauffe, bois ça, ça te remettra un peu d’aplomb, et planque toi. Vu ton état, c’est peut-être plus prudent de me laisser gérer, si jamais on est obligés de se battre. »

Je suis Hikaru vers la salle principale de l’auberge. Je dois avouer qu’il fait pas trop mal illusion, avec son balai en guise de canne. Il a même l’air de délirer un peu, et je dois prendre sur moi pour ne pas l’arrêter tout de suite et lui administrer ne serait-ce que les premiers secours.

Je finis par m’installer avec lui, en surveillant les gens présents dans la pièce. Il n’y a vraiment pas grand monde, et quelques secondes après notre passage, les regards retournent où ils étaient avant notre arrivée.

Comme si suivre aveuglément le plan de Hikaru sans le connaître ne suffisait pas, on dirait bien que je vais devoir lui offrir le repas, et même jouer les gardes du corps. Il ne manque pas de culot, et je ne suis pas en mesure de l’engueuler, à moins de vouloir faire complètement rater son plan. Il faut bien me rendre à l’évidence : je vais être obligé d’endurer son manège une bonne partie de la soirée.

« De l’eau avec mon repas, merci. » Je limite au maximum mes paroles. Après tout il a raison sur un point, je suis plutôt mauvais comédien. Autant éviter de briser notre couverture à cause de ça. S’il y a bien une chose qui me mettrait hors de moi, ça aurait été de subir tout ça pour rien.

Je lui mets quand même un coup de coude quand il parle de m’envoyer couper du bois, bien là où il a déjà un gros bleu. Je parle à voix basse, m’assurant que personne ne nous entende.

« Abuse pas non plus. Et c’est quoi ce nom ? Je suis pas sûr que ce soit très sage de se faire autant remarquer. »

Je le laisse quand même poursuivre, c’est son plan après tout.

Citation :

Nimiko a l’air intimidée quand Hikaru se présente, et répond timidement :
« Vous savez monsieur, on est un petit village, et on ne vit que de la pêche. Il y a quelques voyageurs qui nous ont racontés que les villages alentour ont été attaqués par des pirates, mais ils sont assez loin, on a été épargnés pour l’instant. De toute façon, ils n’ont pas grand-chose à piller ici. »

Je sens mon téléphone vibrer en même temps que Nimiko répond. Un message de Shigure.
Quel con, déjà qu’il s’était enfui en douce, voilà qu’il a réussi à se faire capturer ! Et moi qui suis bloqué ici avec Hikaru. Je me penche vers lui, parlant encore une fois le plus bas possible.

« Shigure s’est fait capturer, aucune idée d’où, en tout cas il s’était fait la malle en arrivant devant le village, et ça a l’air d’avoir mal tourné. Je t’abandonne cinq minutes, je vais envoyer Shiro le chercher. Si tu peux contacter tes kitsune pour leur demander de faire pareil, fais le. »

Sur ce, je me lève et je sors de l’auberge, la contournant pour me retrouver à l’abri des regards.


*Salut Shiro. J’ai pas trop de temps pour tout t’expliquer, mais je suis en mission avec Hikaru et Shigure, je crois que tu l’as déjà vu, au club fuinjutsu. J’aurais besoin que tu le cherches dans ce village, apparemment il a été enlevé. Tu risques de croiser les kitsune de Hikaru, si jamais tu as des infos, ça serait bien que tu les partages. Moi, je retourne à l’intérieur, pour m’assurer que tout se passe bien du côté de Hikaru.*

La chouette n’a clairement pas l’air enchantée, mais elle accepte tout de même et part à la recherche de Shigure. J’attends quelques secondes qu’elle se soit éloignée avant de retourner à l’intérieur et je me réinstalle à côté de Hikaru.

« C’est bon de ton côté ? »

Je m’écroulais sur le dos, sourire aux lèvres. Ce duel, je l’avais perdu. J’avais été vaincu à plate couture. Des diablotins dansants avaient remplacés les lampions accrochés au plafond. En essayant de bouger mon bras, histoire d’attraper un bout de table pour me lever, je me rendis compte que mon corps ne me répondait pas en temps réel. Je pense au mouvement, un ou deux temps se passent, et il répond à retardement. Tout en me retenant péniblement de vomir mes boyaux, je me hissais à plat ventre sur une chaise. De là, je me contorsionnais pour reprendre une position à peu près assise. Jamais un duel ne m’avait autant éprouvé ! Katsuo, lui, riait à gorge déployée, beuglant et continuant sa descente infernale de bière. C’était fou. J’avais couché un par un tous les membres des Loups Noirs, mais pas moyen de mettre le chef KO … C’était donc ça, être chef ? Le poids des responsabilités le rendait terriblement fort ! Ou alors c’était sa force qui avait fait de lui le chef. Les deux se valaient. Et les deux devaient être totalement vraies.
Un chef … Kai aussi tenait l’alcool comme ça ? Sûrement pas. Il était trop jeune pour boire, le pauvre. Tandis qu’une remontée de bière sortait de ma bouche pour aller s’éclater sur le plancher, je me promis de lui enseigner cette autre forme de duel. Qui sait, ça lui serait peut-être pour ses futures missions d’infiltration.
Bon, on verrait ça plus tard. Là, j’étais pas en position de me projeter ou de faire le fier. Mais je commençais quand même à redresser la tête. Maintenant que la moitié des bières que j’avais vu pourrissaient sur le sol, ça allait beaucoup mieux.

« Bordel, Katsuo … T’es vraiment invincible … »

« Gyahaha ! T’as pas encore les tripes pour me battre, c’est tout ! »

Je me marre. Je ne sais pas ce qu’il y a de drôle à se faire rétamer, mais je crois que mes nerfs sont en train de lâcher, tout simplement. Je secoue un peu la tête. Et j’attrape une cruche d’eau que je me vide sur le visage. Bon sang,  ce que ça fait du bien. C’est froid. Mais y’a rien de mieux pour amorcer un décuvage en douceur.

« T’as quand même battu tous mes gars, t’es toujours un bon ! »

« Ils manquent encore d’expérience … »

« Gyahaha ! Je ne te le fais pas dire ! Bon, si tu me disais pour quoi t’es venu vieille fripouille ? J’imagine bien que tu traines pas dans le coin pour rien … »

« Ah ouais. J’avais presque oublié. Je cherche des pirates qui font des misères aux pêcheurs ces derniers temps, tout près de la côte. Tu sais quelque chose ? Geuh … »

Je ne savais pas trop bien si c’était l’alcool ou si c’était vrai, mais je vis son visage se durcir soudainement. Il avait l’air déçu. Ou quelque chose comme ça. L’alcool ne m’aidait pas : je fus tout simplement trop long à comprendre ce qui se passait vraiment. Je continuais, insouciant, complètement désinhibé, à répondre honnêtement à ses questions. Quelle idée à la con aussi, je pouvais avoir eu, à le défier en concours de boisson. Ca allait me perdre un jour d’être aussi casse-cou. Et un peu con sur les bords, aussi.

« Tu les cherches pour quoi, ces types ? C’est pas des rigolos, tu sais. De vraies terreurs. Ils ont épargnés le village parce qu’on a négocié. Donc, ouais, je sais où les trouver. Mais … Gya. Je sais pas si tu devrais te mêler de leurs affaires, c’est dangereux. »

« Héhé, t’en fais pas Katsuo. Moi aussi je peux être dangereux. Et pour répondre à ta question, je suis venu les arrêter. Les capturer pour les mettre au trou, couler leurs bateaux, ce genre de choses. Moi aussi je veux protéger les villageois. »

« Alors c’est vrai ce qui se dit. T’es devenu ninja. »

« Geuh … ? »

Je n’avais pas remarqué, mais des membres des loups plus costauds que ceux qui gisaient par terre s’étaient faufilés dans la pièce, et se rapprochaient dangereusement de moi et Katsuo. Je me relevais, manquant de tomber à cause de mes vertiges. J’étais dans une belle merde.

« Katsuo … Ca veut dire quoi ? On est potes, non ? »

« T’es un ninja. Vous n’allez rien résoudre en vous en mêlant. Même si vous arrêtez ceux-là, d’autres viendront et feront pire pour les venger. Les ninjas apportent la paix au cœur de l’Empire, ça je veux bien. Mais dans le coin … Gya. Ils apportent que des problèmes, quoi. Désolé gamin. »

« Attends ! »

Je me retournais vivement, prêt à en découdre avec les brigands qui faisaient mine de se jeter sur moi. J’avais beau être chancelant, je pouvais encore balancer un ninjutsu et brûler leur taverne. Ca les occuperait le temps que je … Minute. Ils stoppaient leur attaque ? Encore un fois, je fus trop long à comprendre. Le coup à l’arrière de ma tête, envoyé par Katsuo, me heurta violemment. Et m’assomma direct. Normalement, j’aurais déjà eu peu de chance d’encaisser un coup pareil sans m’évanouir. Mais là, en étant ivre, pas moyen de résister. Je m’écroulais, à moitié inconscient.

« Tu … Déconnes … »

A partir de là, je ne sentis que très vaguement ce qui se passait autour de moi. Des bras robustes me soulevaient, et m’encagoulaient. On bloqua mes mains, surtout mes doigts. Pour m’empêcher de faire des mudras, à tous les coups. Pas vraiment la peine dans mon état, mais bon. On me traina sur une très longue distance, puis on me balança dans une barque. Je sentais l’odeur de l’océan, et les remous sur l’eau. Tellement forts que je me laissais bercer quelques instants. Une voix, qui me semblait très lointaine et que je reconnue comme étant celle de KAtsuo, me parvint. Il était à quai, peut-être ?

« Ramenez-le vous savez où, les gars. Ca devrait nous les mettre dans la poche et protéger notre territoire un moment. Un ninja, ça leur fera plaisir. »

Quelle ironie, quand même. La blague que j’avais faite à Kai était en passe de devenir la réalité. Je voulais briller par mes capacités d’infiltration en milieu criminel, mais là mes deux équipiers allaient me prendre pour un branquignole …

La tournure des choses ne me plaît pas du tout. Dans un premier temps ce coup dans le vent, oui mon plan était bon cependant il a certaine chose que je n'ai pas pris en compte. Je viens même à me demander si cette idée était capable de donner quelque chose même dans un lieu qui fourmillerait d'information … Oui, je me fais encore avoir par mon manque d'expérience en terrain. Je me suis juste engouffré dans cette idée sans prévoir. Il aurait fallut envoyer quelqu'un pour tâter un peu le terrain. Un coup dans l'eau qui m'a coûter un bon passage à tabac.Je tapote des doigts la potion que le nabot m'a donné tout en souriant à la serveuse pour toute réponse. Il faut voir le bon côté des choses, je vais voir Kai faire quelques corvées. Il faut bien trouver un peu de réconfort dans cette situation.
En parlant de lui, son visage change. Inquiet je dirais. Et vu ce qu'il m'annonce je comprend pourquoi. L'un des nôtres s'est fait mettre la main dessus et pas pour du faux cette fois-ci. Bordel, et dire que je n'avais jusqu'ici pas remarqué le fait que Shigure n'était pas là. Trop pris dans mon plan et dans mon personnage. Je me mord la lèvre, faisant aller à toute vitesse ma cervelle. Le rouquin, lui quitte la table et la salle. Il est hors de question de perdre du temps alors que le blondinet est en danger.

Moru, je suis navré mais le repas sera pour une autre fois, nous avons une affaire urgente à gérer. je me lève non sans difficulté et sort quelques pièces de ma poche que je pose sur la table Le repas est-il sur le feu ?
Moru :Pas encore gamin, mais tu ferais mieux de te reposer au lieu d'aller en vadrouille.

Vous avez bien raison. Mais un de mes gardes du corps s'est aussi retrouvé dans une situation délicate. Je ne peux pas laisser un ami dans de sales draps.

Mon corps répond tellement mal que Kai a le temps de revenir. D'un simple signe de la tête je lui indique la sortie. Il ne sert à rien de traîner dans les parages dans l'espoir de grappiller une ou deux informations alors que Shigure est dans une mauvaise posture. Je meurs d'envie de prendre la potion maintenant, mais je me convainc d'attendre d'être dehors. Si je peux ne pas briser le personnage que j'ai construit autant le faire, on ne sait jamais, il pourrait peut-être être utile dans le futur. À peine la porte refermée je débouche la fiole et bois l’entièreté de celle-ci. Ce n'est pas très bon mais au moins les effets son immédiat.

Tu as eu des nouvelles ?

Tout en parlant j'attrape une des plaquettes en bois au hasard. Celle d'Ochi. J'y insuffle un peu de chakra.

Citation :

Shigure capturé. Retrouve tout monde. Clone parage. RDV port.

Court et bref mais suffisamment claire pour que celui-ci cherche à nous retrouver. Ils ne seront pas là dans l'immédiat mais au moins on va se retrouver dans pas longtemps tous ensemble. Mon corps, tout comme ma cervelle, répond bien mieux maintenant.

Merci pour la potion au fait. Il va falloir que l'on retrouve Shigure. J'ai donné au Kitsunes rendez-vous au port mais ils ne vont pas arriver tout de suite.

Dommage que l'on a pas de quoi le pister par son odeur, avec un objet à lui il aurait peut-être été possible de retrouver sa trace avec le Charme de Kuzunoha. Cependant garder la parole est tout aussi important. Demander au nabot s'il sait où Shigure s'est rendu serait une perte de temps, comme il a dit il s'est fait la malle. Le hic c'est que je ne le connais pas suffisamment pour essayer de prévoir ce qu'il aurait pu avoir en tête.
Je me mets en marche vers le port mais sans vraiment savoir si c'est la bonne direction à prendre. Comme je l'ai dit ce n'est pas dans l'immédiat que ma génération et le clone vont nous retrouver. Est-ce que l'on ne ferait pas mieux de se séparer pour chercher notre coéquipier ? Non, on est déjà suffisamment dans la mouise comme ça.
On croise bien quelques personnes sur la route, leurs demander s'ils avaient vu notre camarade pourrait être une bonne idée mais je ne sais pas pourquoi quelque chose m'en empêche.
Retrouver quelqu'un sans avoir aucune idée d'où commencer c'est vraiment bien plus compliqué que je le pensais. C'est pas le genre de chose d'on je suis habitué. Chercher par les airs ne servirait à rien, Shiro s'en occupe déjà apparemment.

Je me demande s'il y a une veine tellurique dans les alentours. Ça pourrait nous être utiles … Mais j'ai comme un doute. On va devoir se repérer à autre chose. Tu as une idée d'où il aurait pu aller ?

On arrive tout doucement au port, vide lui aussi comme le reste de la ville. D'ailleurs est-ce que l'on peut vraiment nommer cet endroit un port ? Ça ressemble plus à un ensemble de jetées qu'autre chose. Quelques barques attachées se mouvant au grès des eaux.

Les Kitsunes ne devraient plus trop tarder, avec un peu de chance ils auront quelques informations.

Je suis Hikaru quand il m’indique la sortie. Si Shigure a vraiment été enlevé on n’a plus le temps de jouer les touristes à l’auberge. S’il faisait le con, il va m’entendre dès qu’on l’aura retrouvé. J’adresse à peine un signe de tête à l’aubergiste en sortant, et je me retrouve avec Hikaru dehors.

« Rien de la part de Shigure, Shiro vient de partir le chercher. »

Hikaru a déjà contacté ses kitsune, probablement avec la tablette qu’il vient de ranger. Son idée se tient pour l’instant, on va le suivre au moins jusqu’à être réuni avec les kyuchiose.

« Ça me va, Shiro nous verra depuis les airs. »

On part directement vers le port, en ignorant les quelques passants qu’on croise sur le chemin, jusqu’à se retrouver sur place. On va pouvoir faire un peu plus ce qu’on veut, il n’y a personne pour nous voir ici. A vrai dire ce n’est pas vraiment un port, plutôt un lieu où les villageois traînent leurs barques en rentrant de la pêche, le genre de coin où il n’y a pas besoin de garder une personne en permanence pour surveiller.

« Maintenant qu’on est tranquille, je vais m’assurer que t’a bien récupéré. C’est pas une proposition. »

Je commence à appliquer les baumes adaptés à ce qui reste des plus grosses blessures d’Hikaru, en espérant que Shiro et les kitsune reviendront vite, et avec des informations.

« Aller lui-même, probablement nulle part, à moins qu’il se soit enfui, mais si c’était le cas il m’aurait renvoyé un message. » Je prends quelques secondes pour réfléchir. « Logiquement si on a affaire à des pirates, ils l’auront emmené vers la mer, seulement je vois pas de trace de bateau traîné sur le sable ici. » Je jette un coup d’œil alentour. « C’est pas impossible qu’ils soient partis d’ailleurs. Ça serait plus logique pour eux, qu’ils cherchent à garder leur présence secrète. Surtout qu’à l’auberge ils semblaient penser qu’ils étaient tranquilles niveau pirates. »

Je guette le retour des kyuchiose en terminant les bandages de Hikaru. Shiro finit par revenir à toute vitesse.

« Tu as vu quelque chose ? »

La chouette se pose devant nous.

« Dans le village rien, par contre j’ai vu un groupe de personnes s’en écarter pour rejoindre une barque un peu plus loin, ils avaient une personne ligotée…
Je peux vous y mener, mais il reste trois personnes là bas, des hommes qui ont l’air plutôt costauds. Ils ont l’air de monter la garde. »

Je me tourne vers Hikaru dès que la chouette a terminé.

« Bon, on sait où on va au moins. On décolle dès que les kitsune sont revenus. A moins qu’ils aient une contre information. »

J’ai mal au crâne. Je crois que je me suis évanoui. Depuis combien de temps ? Je suis où ? Je me souviens de flashs de couleurs. Des lumières violacées, un peu comme les éclairs qui sévissent dans les plaines foudroyés. Oui, c’est ça, j’ai entendu le bruit du tonnerre.
Je commence à recouvrer des sensations. Mes mains râpent contre du sable. Humide Je suis tout près de l’eau. D’ailleurs, j’entends le large. Les bruits de l’eau et des remous. J’ai quelque chose dans la main droite. Une bouteille en verre. Je l’amène à ma bouche. Du liquide coule. C’est vraiment trop bon ! Du rhum ben sucré, juste comme il faut.
Des gémissements à ma droite. Je me décide enfin à ouvrir les yeux. Il y a des types à l’air louche à côté de moi. Deux types. Ils sont salement carbonisés, ils sont en sale état. Je lève la bouteille vers eux.

« Bwah alar, zenvou lé ? »

Oula, c’est pas exactement les bons sons qui sont sortis de ma bouche. J’ai peut-être un peu trop bu. Du coup, pour faire bonne mesure, je prends une autre gorgée.

Je réalisais qu’il y a des planches de bois noircies un peu partout autour de nous. Ca devait une barque à une époque … Mais qu’est-ce que j’ai encore foutu ? Je me souviens vaguement avoir parlé avec le chef des Loups … Et ils m’ont assommé pour me livrer aux pirates. Depuis, plus rien. Bizarre, comment j’avais atterris ici ?
Il y a un morceau de coque encore à peu près debout. Parfait. Je me cale le dos contre, histoire de me tenir assis. Royal. J’ai encore une demi-bouteille à m’envoyer, ça tombe plutôt bien. De toute façon, les deux sales types ne peuvent plus bouger du tout. J’ai bien le temps de finir ma beuverie, non ? Je regarde mon portable, et j’essaie d’envoyer un message au chef. Ca donne à peu près quelque chose comme ça :

Citation :

Jess suiui AUPORLO touvabi1 ma iya dés tipbiz AR. Zenvou lé ?

Je me relis. Ca m’a l’air particulièrement clair. Enfin, vu que je vois double c’est bien possible que ce soit un peu nébuleux. Mais bon, le chef est intelligent, il comprendra sûrement où je veux en venir. Dans le doute, je lui envoie quand même un deuxième :

Citation :

DES DAUPHINS CHEF DES DAUPHINS

Celui-là, je l’ai soigné. Aux petits oignons. Cette fois, je suis sûr qu’il l’a compris.

Une minute. Ils sont où les dauphins ?

J’ai mal aux dents. Très mal. Faut que je reprenne une lampée pour m’anesthésier.

Tiens, je sens plus ma jambe.

Bons ils en mettent du temps. Je leur ai pourtant dit exactement où j’étais. En plus, j’ai réussi à dégotter des types à interroger.

J’ai chaud. Je suis persuadé, là, tout de suite, qu’il faut déchirer ma chemise. Du coup, je le fais et je la lance dans la figure d’un des sales types qui ont tenté de m’emmener sur la mer pour me faire des choses pas nettes. En même temps, je les comprends : comment résister à une plastique pareil ? Tiens, j’ai une petite clé dans ma poche, je me demande ce qu’elle ouvre.
D’ailleurs, l’un des deux loubards est chauve. Son crâne, c’est un peu la lune. Je lève les yeux. Pas de lune. Il l’a volé, ce con, et il l’a mise à la place de sa tête. Le con. C’est pas interdit par la loi de voler la lune, comme ça ?
J’ai l’impression d’avoir un virus qui se balade dans mon corps. Je le désintègre avec une nouvelle gorgée de rhum. Prends ça dans ta gueule, virus de merde.

La situation géopolitique de l’Empire … bah, je m’en fous je préfère boire.

Yachiru. Je bois trois gorgées.

Mes fantasmes … Ben non, j’y ai plus le droit maintenant. Encore une gorgée.

Je tourne un peu. Et y’a des silhouettes qui arrivent au loin. Ils ont l’air rigolo. L’un d’eux a des oreilles bizarres.

Je me laisse faire par Kai, comprenant que ça ne sert à rien de refuser. J'ai bien tenter mais a juste répondu d'une poigne plus ferme et d'un petit coup. Rien de bien méchant, mais comme un chien il prévient en montrant les dents. Il a raison, en regardant autour de nous on ne voit aucune trace de bateau qui aurait été retiré. Mais rien ne dit que ce sont vraiment des pirates qui lui ont mis la main dessus, ça serait d'ailleurs étonnant vu que personne dans le coin ne les à croisés dans le village. Je profite des soins pour regarder avec un peu plus autour, pas avec mes yeux mais avec d'autres sens. Le Senjutsu, malheureusement il ne semble pas y avoir de veine tellurique dans le coin, dommage ça aurait été bien plus simple avec. Tant pis, de toute façon l'Emplumée arrive avec des informations, vu ses dires il ne fait aucun doute que Shigure se trouve là bas. Par contre je ne suis pas trop d'accord, attendre serait prendre des risques.

On ferait mieux d'y aller tout de suite, on ne sait pas ce qu'ils réservent à Shigure. Je vais les prévenir tout de suite d'un nouveau point de rendez-vous. Il est hors de question que l'on arrive en retard. je remet mon t-shirt en place Merci pour les soins.

Je replonge ma main dans ma poche, ressortant une plaquette que je remet immédiatement dedans, elle a déjà été utilisée celle-ci. Une nouvelle, au nom d'Oni. Je suppose que maintenant ils se sont très certainement déjà retrouvé.

Elle est où cette plage ?

Suivant les directives, je donne les nouvelles.

Citation :

Nouveau point RDV. Plage nord village. Attention 3 gardes. Controunez.

Par contre, là on ne peut pas s'amuser à y aller en tâtonnant. Comme je l'ai dit je n'ai pas vraiment d'expérience dans le domaine de l'affrontement. Si on pouvait d'ailleurs éviter ça serait le top. Ils ne font que monter les gardes, on pourrait très bien voir pour contourner le danger. On n'a pas vraiment besoin de les affrontés. Oui, ce sont peut-être pas les personnes les plus droites mais on a très certainement mieux à faire.

Je joue de mes capacités d'orateurs. Comme je l'ai dit, oui en temps normal ces personnes devraient être arrêtées mais est-ce que l'on a vraiment le temps pour ceci ? On peut très bien revenir par la suite ou alors l'indiquer dans notre contre-rendu de mission pour que des autres shinobis s'occupent du cas de ces gens. Ce ne sont apparemment que des petites frappes et rien de plus.
Alors que l'on est en marche du coin de l'oeil je peux voir un groupe s'approcher, toute la clique est là. Le clone s'approche de moi, les bras chargés de toutes mes affaires.

Comme promis voilà ma part du marcher. J'espère que tu vas tenir la tienne aussi. j'enfile mon armure

Bien sûr, tu as quartier libre, évite juste de trop t'éloigner au cas où on a besoin de toi.

Ce n'était pas dans le contrat. Mais je verrais ce que je peux faire.

Oni : Tu as meilleure mine que ce qu'il nous a expliqué. elle pointe du museau le clone s'en allant

C'est Kai qui m'a soigné.

Ochitsuita : Merci jeune humain. Comme quoi tu n'as pas que des mauvais côté

Tout quatre montes sur mes épaules, se serrant un peu pour avoir de la place. Kai m'a donné raison sur le fait que le mieux à faire était de contourner et non de prendre de face. Ça m'arrange, ça évitera que l'on frappe. Je ne m'étais pas attendu à ce qu'il accepte aussi vite.
On fait bel et bien un détour par les quelques arbres longeant la plage, ce n'est pas le plus facile, ils sont parsemé, ça rend l'avancée en discrétion pas pratique du tout. Est-ce que c'était vraiment la meilleure de mes idées, oui et non, on ajoute pas mal de temps à notre traversée. Sans parler qu'apparemment ce n'est pas pour grand-chose. Shiro avait prévenue que nous arrivons plus ou moins au niveau des gardes, nous avancions de façon encore plus discrète … Il y a quelque chose d'étrange, ça fait déjà quelques minutes que l'Emplumée nous a indiquer arriver sur la bonne plage et pourtant personne en vue qui monterait la garde. Se serait-elle trompée ? Ça ne serait pas étonnant !

Et pourtant non, je comprend rapidement que quelque chose d'étrange s'est passé ici. Il y a des silhouettes au sol, fumante et bien trop sombre pour être tout simplement des personnes endormies. Un drôle de goût me prend en bouche quand je comprend que ce sont des cadavres, c'est les premiers que je vois. C'est très étrange comme vision, se dire que peu de temps avant ils étaient debout. Ça explique pourquoi il n'y avait pas de garde. Est-ce que Shigure fait partie de ceux-ci ? Non, c'est la silhouette un peu plus loin, adossée à un bout de bois. Pourtant il ne semble pas être en bon état. Empoisonné vu les messages envoyé un rien plus tôt ? Je dégluti, tentant de faire partir ce goût dégueulasse.

Gumai : Ça va Hikaru ?

Heu … Oui.

Elle ne ramène à la réalité. Je ne pense pas à regarder un peu plus profondément la plage alors que je m'avance, je doute que ce soit vraiment utile vu l'était. Mais un peu de prudence aurait été très certainement plus intelligent.

Shigure tu vas bien ?

J'élève la voix, espérant qu'il puisse répondre. Je jette un coup d'oeil vers Kai.

Tu as plus de connaissance pour pouvoir l'aider. Je vais voir ce que je peux trouver d'autre.

C'est le pas hésitant que je me dirige vers ce que je suppose être l'un des corps. L'odeur est vraiment désagréable, aucun doute ils ont comme cuit sur place. Qu'est-ce qui a pu faire ça ? Je ne cherche même pas à savoir s'ils sont encore vivant, aucun doute vu l'état. J'hésite durant un instant de fouiller les corps … Est-ce que ce serait vraiment utile vu l'état ? Dans le doute je préfère pas même tenté, retenant un retour d'estomac avec suffisamment de difficulté comme ceci. Je vais donc vers mes camarades.

Son état est grave ? je tique en voyant la bouteille qu'il a en main Ho … Je vois. On dirait bien que l'on va devoir attendre que son corps évacue tout ça … Ou tu as peut-être quelque chose qui peut l'aider ? j'évite de regarder autour de nous, laissant ma génération plus à l'aise avec la mort garder un œil sur les parages Tu crois qu'il s'est passé quoi ici ? En tout cas il a de la chance de ne pas avoir fini comme ceux là. ma logique me dit que la foudre a du les frapper mais elle me dit aussi qu'aucun orage n'a pointé le bout de son nez

L’enfer, c’est l’eau. Et je m’y noie, à moitié conscient. J’ai beau me débattre, je n’ai ni la force ni la présence d’esprit pour m’en sortir. Pourtant, j’ai l’impression qu’une grande partie de mon corps est au sec. Etrange. Je m’arrête même un instant de me noyer pour mieux réaliser. En fait, seule ma tête est dans l’eau et … Mais oui, de la terre ferme ! De l’air ! Je sors soudainement le visage du ruisseau, trempé et enfin libre. Une grande inspiration s’ensuit, pour remplacer l’eau dans mes poumons par de l’air. Le mélange détonne, et me fait cracher du liquide pendant deux bonnes minutes. Est-ce que j’ai les idées claires ? Pas tout à fait, mais tout commence à me revenir. Et j’aligne les idées les unes à côté des autres pour reconstituer l’histoire.

Kai et Hikaru sont là, et me regardent. Il y a aussi toute la ménagerie. Jusqu’à Shiro qui s’est invitée à la fête apparemment. Les deux ne semblent plus s’engueuler. Ca doit être ça, faire front face à un ennemi commun !
Les brigands sont ligotés. Enfin, ce qu’il en reste. Certains sont carbonisés, pas d’espoir pour eux. Je les fixe pendant quelques minutes, l’air interdit. Est-ce que c’est moi qui ai fait ça ? Pourtant, je voulais juste lancer un petit éclair pour me libérer … Griller la corde avec le courant électrique dans mon corps m’avait paru être une bonne idée. En fait non, avec ma mauvaise maitrise de mon Raiton ces derniers temps, ça avait un peu dérapé.
Je lève les yeux vers le ciel. Pas d’orage. Ca avait dû déraper à cause de l’alcool, peut-être ? En tous cas, je me souviens à peu près.
Les paroles de Kai me rappellent que nous sommes en mission. Même si ça ne m’enchante pas trop, il faudra réfléchir à tout ça plus tard, à tête reposée. Là, ce n’est pas trop le moment.

« Hmmm … Oh j’ai mal à la tête … »

Ce n’est sans doute pas ce qu’ils attendent de moi. Pour temporiser, je désigne les brigands Pour attirer leur attention sur autre chose que mon haleine alcoolisée. Et pour gagner un peu de temps pour me remettre de mes émotions.

« J’ai encore quelques contacts dans des milieux pas très recommandables. Ces types font partie d’une petite organisation, les Loups Noirs. C’est pas des types vraiment méchants Juste des hors-la-loi qui flirtent avec les limites, en quelque sorte. Ils s’occupent de la région à leur manière. J’ai travaillé une fois pour eux, à ma grande époque. Bref, je me suis éclipsé toute à l’heure pour aller les voir. Si vous étiez venus, j’aurais pas pu entrer … J’espérais qu’ils aient des informations sur les pirates. »

Je soupire, en prenant un air un peu misérable pour me faire plaindre.

« Manque de bol, ils savent que je suis devenu ninja. Du coup après m’avoir fait boire en croyant que je les bernais, l’un d’eux m’a assommé. Ils avaient prévu de me livrer aux pirates pour qu’ils épargnent le village, ou quelque chose comme ça. »

En vérité, ça m’embêtait réellement. J’avais de bons souvenirs de ma période hors-la-loi, et je ne m’étais jamais senti pleinement ninja. Que ma vie forcée rattrape mon ancienne vie et la chasse à grand coup de savate, ça me faisait beaucoup suer.
Enfin. La vie est faite de hauts et de bas. C’était toujours mieux que ces histoires d’élu du tonnerre, au final. Eux aussi commençaient doucement à me courir sur le haricot. Je n’avais qu’une envie : retourner à ma liberté et à ma vie de cambrioleur. Malheureusement, ça semblait être devenu totalement impossible. Sinon, c’était la prison. Ou alors l’exil. Et aucun ne me tentait spécialement.

« Je suppose que les pirates sont bien plus installés dans la région que nous l’avions prévu, s’ils ont réussi à influencer et négocier avec les groupes de criminels locaux. Et s’ils m’amenaient là-bas, ceux-là doivent savoir où il y a un navire pas loin. C’est tout ce que j’ai pu rassembler comme informations pour le moment. »

On était quelque part entre l’efficacité et le ridicule. J’espérais que la première partie joue un peu en ma faveur quand même …

Je suis mitigé face à ce que Kai met en place pour remettre les idées en place à Shigure, c'est violent mais mérité. Bien qu'apparemment il n'a pas ingurgité une telle quantité pour le plaisir mais pour la mission et d'ailleurs c'est le seul à sortir avec un début de piste. Je n'aime pas non plus la façon d'on il traître ces vauriens. Même avec les premiers secours il voit bien qu'ils sont dans un mauvais état, pour moi l'un d'eux était même mort … Si ça se trouve c'est le cas. Je n'ose même pas imaginer la douleur qu'il doit endurer avec le frottement de la corde sur sa peau encore brûlée … Le mot est même faible pour la décrire. Je n'en reviens pas que l'on puisse penser à faire ça. J'hésite durant un instant à défaire les liens, on ne risque pas grand-chose vu leurs états mais je vois déjà d'ici le scandale. Shigure est déjà dans un état encore un peu second bien qu'il semble rapidement reprendre du poil de la bête, ça ne sert à rien d'ajouter une couche. On échange des regards, entre Kitsunes, cette mission prend vraiment une tournure qui ne me plaît pas du tout. Nous avons pas du tout le cœur à les interroger, je préfère laisse ça aux deux autres.

Je m'approche du bord de l'eau, réfléchissant à la façon d'on on pourrait rejoindre ce fameux bateau. Comme Shigure l'a indiqué ces deux hommes doivent bien savoir où il se trouve. Par contre nous avons plus de quoi pouvoir se déplacer sur l'eau, la barque est en ruine et de toute façon elle serait bien trop visible pour se rendre jusque là. On serait très rapidement repéré même s'il fait nuit et nous n'avons pas de quoi pouvoir nous camoufler. Deux options s'offrent à nous, ils savent peut-être que deux hommes doivent se rendre là bas … On aurait pu utiliser une métamorphose mais l'idée tombe vite à l'eau, on ne connaît rien deux et encore moins ce à quoi ils sont vraiment censés ressembler … On pourrait compter sur la nuit pour le visuel mais la voix tromperait rapidement. S'y rendre par la surface est donc un mauvais plans.
Je pourrais peut-être modifier l'un de mes ninjutsus pour qu'il nous permette de respirer sous l'eau … Encore une fois ce plan est bidon, ça m'obligerait à en dépenser une grosse quantité surtout si le navire est loin. D'ailleurs, ils sont sur un bateau eux-même ? C'est possible mais ce serait vraiment frapper dans le cliché d'habiter sur un tel monument pour un pirate … Quoi qu'il en soit ça se passera par la mer.
Le meilleur des choix semble rester la métamorphose supérieur afin de pouvoir se mouvoir sans soucis sous l'eau, il faudra juste bien faire attention à l'animal choisi, qu'il fasse partie de la faune locale au moins.
Les Kitsunes restent silencieux, se rendant compte que je suis en pleine pensée profonde. Il faut vraiment peser le pour et le contre de chacun de nos choix pour se rendre là-bas. On pourrait aussi choisir de s'y rendre par les airs, ça nous permettrait d'avoir une meilleure vision globale et surtout ça ne bloquerait pas l'Emplumée. Je ne l'aime pas mais il faut reconnaître que sa capacité à surplomber dans le ciel permet d'avoir des informations plutôt rapidement. Comme ici pour Shigure, on aurait pu tourner pendant bien longtemps si jamais elle ne les avait pas repéré. Être cloué au sol permet de mieux capter les détails mais n'offre pas la même vision que la hauteur, frappant plus dans le large voir général. Et encore, tout dois dépendre de l'animal. Je ne m'en fais pas pour les Kitsunes, ils seront totalement capables de me suivre.

Il reste aussi le soucis des deux hommes, on ne peut pas les laisser comme ça. Ils vont rapidement attirer l'attention ou pire, mourir de leurs blessures. Mais les emmener chez un médecin c'est prendre le risque qu'ils parlent. Personnellement le choix est déjà fait, mais connaissant le nabot je doute que ce soit si simple.

Je me pose en tailleur sur le sable de la plage, les Kitsunes surveillent chaque direction, afin de me prévenir au moindre danger qui pourrait subvenir. Je doute pouvoir capter grand-chose, ma vision sera rapidement stoppée mais au moins on pourra savoir ce qui nous entoure. Avec un peu de chance on trouvera quelque chose d'intéressant. Mais avant, je remplis un peu plus le sceau de l'Ermite.

Spoiler:

Citation :

Hikaru :
Tu n’es pas sur une veine tellurique, donc tu ne perçois naturellement ni humain, ni Kuchiyose sur la centaine de mètres que tu couvres.
Tu perçois tout de même des empruntes de pas, de deux humains et quatre quadrupèdes qui viennent de la plage, mais aussi d’un autre groupe qui semble venir directement du village.
Du côté de l’océan, les poissons sont agités, comme si quelque chose les avait effrayés, en dehors de ça, l’eau en elle-même est calme, sans perturbation particulière.
Sur l’étendue que tu perçois, rien de particulièrement notable non plus : le terrain est à peu près plat aux alentours, et une lapine semble avoir mis bas récemment environ 50 mètres au sud.

Shigure met un moment à dégriser, il faut dire qu’il était dans un sale état. J’hésite entre le plaindre et le remonter les bretelles, mais sa migraine est tellement visible sur son visage que je préfère tout simplement attendre de voir ce qu’il a à dire. Et il semblerait que je l’aie condamné un peu vite, à vrai dire, son idée de base était bonne, très bonne même. Jouer de son passé de hors-la-loi et faire jouer ses contacts de l’époque, ça peut nous mener loin pour ce qui est de la prise d’information.

« Ça ira, au final tu nous ramènes deux gars à interroger, au moins on a quelque chose. » Je glisse un regard en coin à Hikaru. « Par contre, même si c’était une bonne idée d’aller voir tes contacts, tu aurais au moins dû nous prévenir. Ça aurait pu mal finir. »

Hikaru, de son côté, s’est écarté sans rien dire et semble concentré, assis sur le sable. Je ne sais pas ce qu’il fait, et de toute façon, ce que Shigure a à me dire requiert toute mon attention. Une forte présence des pirates, malgré ce que disait l’aubergiste, en effet c’est inquiétant, s’ils ont réussi à nouer des liens même avec les hors-la-loi du coin. Heureusement que Shigure en a épargné deux, je m’avance vers eux, ils semblent toujours inconscients, mais stabilisés.

« Bon, on a ces deux là à interroger, mais il vaut mieux éviter de les amener au village. Je propose qu’on s’en éloigne encore un peu, et de la mer aussi, avant de commencer à les interroger. Shiro, tu peux patrouiller au-dessus de nous et nous prévenir si tu vois quelque chose arriver ? »

Je commence à attraper un des deux loubards étalés au sol, qui gémit faiblement en étant déplacé. Il fait son poids, je ne vais pas pouvoir déplacer les deux seul. Je me tourne vers les deux genin.

« Aidez-moi à amener les deux là ailleurs. Une fois qu’on sera en place, on pourra commencer à faire quelque chose. »

Une fois plus loin dans les terres, je regroupe les deux bandits dans un cordage commun, puis je sors mon matériel de fuinjutsu.

« Bon, plus qu’à savoir comment on s’y prend. Je peux commencer par tracer un sceau qui les empêchera de nous mentir, mais ça prendra deux bonnes heures. Je sais pas si vous avez quelque chose à faire en attendant, peut-être que vous voulez les réveiller avant ? »